Monde

Dans la tête des Israéliens

Temps de lecture : 2 min

Des Israéliens contemplent la bande de Gaza depuis Sderot, le 10 juillet 2014. REUTERS/Ronen Zvulun.
Des Israéliens contemplent la bande de Gaza depuis Sderot, le 10 juillet 2014. REUTERS/Ronen Zvulun.

L’incompréhension est devenue presque totale entre la plupart des médias européens et l’opinion publique israélienne. Comment peut-on soutenir aussi massivement une guerre qui fait tant de victimes parmi les enfants et les femmes à Gaza? Les réponses apportées montrent la plupart du temps une grande méconnaissance de la société et de la démocratie israélienne: les médias ne sont pas assez critiques, le racisme, la culture de la violence... En fait la réponse se trouve dans un petit article qu’a publié le site américain The Atlantic. Il fait référence notamment à une interview réalisée par la chaîne de télévision publique allemande Deutsche Welle de l’écrivain engagé israélien Amos Oz, l’un des fondateurs du mouvement La Paix Maintenant.

-Amoz Oz: «Je souhaiterais commencer cette interview d’une façon très inhabituelle : en posant une à deux questions à vos lecteurs et à vos auditeurs. Puis-je le faire?»

-Deutsche Welle : «Allez-y!»

-Amos Oz : «Première Question. Que feriez-vous si votre voisin de l’autre côté de la rue s’asseyait sur son balcon, mettait son petit garçon sur ces genoux, et commençait à tirer à la mitrailleuse sur votre garderie?»

Deuxième Question. Que feriez-vous si votre voisin de l’autre côté de la rue creusait un tunnel depuis sa garderie vers votre garderie afin de faire sauter votre maison ou de kidnapper votre famille?

Après ces deux questions, l’interview est à vous

Ce que souligne The Atlantic, c’est que ce que dit Amos Oz, un des plus féroces critiques de la politique israélienne envers les Palestiniens, n'est pas différent sur la nature de la menace du Hamas que ce que disent les ministres les plus à droite du gouvernement de Benjamin Netanyahou. Le consensus existe en Israël, non pas sur la nécessité de contenir et de gérer la menace du Hamas, mais sur la nécessité, même si le prix en est élevé, d’éliminer le plus possible les menaces de roquettes et de missiles et celles venant des tunnels creusés sous la frontière.

«Pour les Israéliens qui ne sont pas sensibles aux critiques du reste du monde - ce qui n’est pas le cas de Amos Oz qui y est sensible - l’incapacité ou l’absence d’envie d’une grande partie du monde à comprendre la menace du Hamas comme Amos Oz ou comme la quasi-totalité des Israéliens, montre qu’Israël ne peut rien faire, sauf se suicider, pour faire cesser les condamnations de son pays.»

Et pour The Atlantic, cela est très dangereux. Car si les Israéliens sont condamnés quoi qu’ils fassent, cela fait qu’à un moment donné ils pourront en venir à considérer qu’il n’y a plus de raison de mettre des limites à leurs actions. Et si 1.700 morts c’est considérable et intolérable, ce n’est rien par rapport aux centaines de milliers de morts en Syrie et en Irak au cours des dernières années.

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