L'une des justifications affichées de l'opération militaire israélienne à Gaza est la menace des tunnels construits par le Hamas depuis son arrivée au pouvoir en 2006 pour permettre à ses combattants de pénétrer furtivement en Israël, de «surprendre l'ennemi et lui porter un coup fatal qui ne lui laisse pas l'occasion de survivre ou d'échapper, ni la possibilité de faire face ou de se défendre», selon les termes d'un document d'une milice palestinienne.
Comme le souligne le site économique Quartz, les premiers tunnels ont été découverts par Israël dans les années 1980 et ont joué un rôle dans tous les conflits depuis. Gaza, une bande de territoire d'à peine 360 kilomètres carrés et large de seulement 6 à 12 kilomètres où s'entassent 1,7 million de personnes, est presque totalement isolée depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en 2007, entraînant un blocus imposé par ses deux seuls pays frontaliers, Israël et l'Egypte.
Les Palestiniens se sont mis à utiliser massivement un réseau de tunnels reliant la bande de Gaza à l'Egypte autour de la ville frontalière de Rafah. Longtemps tolérés par les dirigeants égyptiens, ceux-ci ont permis aux habitants d'accéder à de l'eau, de la nourriture, du carburant et même du bétail, et de contourner ainsi le blocus qui leur était imposé.
A l'entrée d'un tunnel entre Gaza et l'Egypte, le 24 octobre 2008. REUTERS/Mohammed Salem.
Mais ces tunnels ont aussi été utilisés par le Hamas pour importer des armes et notamment un arsenal de missiles iraniens. Certains tunnels sont si élaborés qu'il serait possible d'y conduire des voitures, explique Quartz:
«Des efforts de cette ampleur nécessitent d'importants renforcements en béton. C'est pourquoi le béton et le ciment font partie des biens dont l'importation à Gaza est limitée.»
L'entrée d'un tunnel reliant l'Egypte à Gaza à Rafah, le 14 avril 2010. REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa.
Depuis la chute du régime éphémère de Mohamed Morsi, l'Egypte a à nouveau fermé complètement la frontière de Rafah et à son tour tenté de mettre les tunnels hors service. En février 2013, le pays a ainsi inondé les tunnels le raccordant à Gaza, estimant que le trafic d'armes dans les deux sens participait à la déstabilisation de la péninsule du Sinaï.
Un Palestinien travaille dans un tunnel inondé par les forces égyptiennes sous la frontière Gaza-Egypte à Rafah, le 19 février 2013. REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa.
Les tunnels aujourd'hui visés par Israël sont d'une autre nature, et sont qualifiés d'«offensifs». Comme le rapportait Jacques Benillouche ici-même, Israël a arrêté sa décision de s'en prendre à ceux-ci après que treize commandos palestiniens se sont introduits près du kibboutz Sufa, en plein territoire israélien.
Israël craint particulièrement cette méthode qui avait été utilisée pour l'enlèvement en 2006 du soldat Gilad Shalit. Comme l'écrit Le Monde, Tel-Aviv anticipait «une multiplication des tentatives d'infiltration par les mouvements palestiniens, après leur échec à infliger de lourdes pertes israéliennes par les tirs de roquettes».
Voici l'entrée, côté israélien, d'un tunnel passant sous la frontière entre Gaza et Israël, découvert par l'Armée de défense d'Israël le 21 mars 2014.
REUTERS/Amir Cohen.
Israël affirme avoir découvert 46 entrées de 14 tunnels différents depuis le début de son incursion. Un tunnel reliant Gaza à Israël découvert par l'armée israélienne le 13 octobre 2013. REUTERS/Amir Cohen.