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Plus ils sont menacés par les roquettes du Hamas, plus les Israéliens votent à droite

Temps de lecture : 2 min

Des Israéliens contemplent la bande de Gaza depuis Sderot, le 10 juillet 2014. REUTERS/Ronen Zvulun.
Des Israéliens contemplent la bande de Gaza depuis Sderot, le 10 juillet 2014. REUTERS/Ronen Zvulun.

Les populations israéliennes menacées par les roquettes tirées depuis la bande de Gaza votent plus à droite que la moyenne du pays, selon une étude à paraître dans l’American Political Science Review, signée des chercheurs Anna Getmansky (Interdisciplinary Center Herzliya, Israël) et Thomas Zeitzoff (American University, Washington D.C., États-Unis).

«Comment le fait d'être menacé de devenir une victime du terrorisme affecte-t-il le comportement électoral?», s’interrogent les deux auteurs. Pour le savoir, ils se sont intéressés, pour les élections législatives de 1999, 2003, 2006 et 2009, aux résultats des villes situées à portée de tir du Hamas (à l'époque, une bande de 10 à 40 km au sud du territoire israélien, soit au maximum 14% de la population). Voilà ce qu’ils en concluent, une fois éliminés les effets statistiques dus à d’autre variables (âge, sexe, CSP, niveau de revenus, religion…):

«Le fait, pour une ville, de se situer à portée de tir augmente le vote en faveur des partis de droite de deux à six points. […] Les électeurs qui vivent sous une menace violente élisent des candidats moins disposés à faire des concessions, ce qui, en retour, réduit le potentiel de négociations entre les belligérants et diminue les chances de parvenir à un compromis.»

Au sein des partis de droite, cette hausse profite essentiellement aux partis nationalistes, comme le Likoud de Benjamin Netanyahou, plus qu’aux partis religieux (Shass, Yahadut Hatorah) ou ciblant l'électorat juif originaire de l'ex-URSS (Yisrael Ba'aliyah, Israel Beytenou).

Les chercheurs constatent que le parti centriste Kadima du défunt Ariel Sharon, au pouvoir lors des élections de 2006 et 2009, n'a pas semblé pâtir de son statut de sortant dans cette région, mais n'en a pas non plus bénéficié, ce qui est en revanche le cas du Likoud en 2003. Il n’y a donc pas d’effet de «ralliement autour du drapeau» qui augmenterait automatiquement le vote en faveur des sortants dans les régions menacées: l’essentiel du phénomène constaté s’expliquerait par la plus grande crédibilité dont jouit la droite sur le dossier sécuritaire.

Anna Getmansky et Thomas Zeitzoff insistent bien sur le fait que leur étude porte sur les populations menacées par les tirs de roquettes, pas seulement les populations touchées: quand on enlève de l’échantillon la ville de Sderot, la plus souvent frappée, les résultats ne bougent pas. Ils pointent aussi que, Israël ayant un système électoral très proportionnel, «une hausse de deux à six points de pourcentage des partis de droite équivaudrait à deux à sept sièges de plus [sur 120 à la Knesset, ndlr] si tous les électeurs étaient à portée de tir». Ce qui est de plus en plus le cas puisque les roquettes du Hamas peuvent désormais atteindre Haïfa, à 150 km de la bande de Gaza…

Les auteurs, qui signent un article résumant leurs travaux sur Monkey Cage, le blog de sciences politiques du Washington Post, y rappellent aussi que des travaux menés sur le camp adverse ont conclu que «si l’exposition à des actes de violence israéliens n’a pas d’effet immédiat sur les préférences politiques des Palestiniens, elle les radicalise à long terme», ce qui dessine un paysage plutôt pessimiste pour l’avenir de la région.

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