Depuis la Chuck Taylor de Converse en 1917, cela fait presque cent ans que les baskets sont des produits de consommation courante. Pour marquer l’occasion, les infographistes de PopChartLab ont publié une superbe histoire visuelle de la chaussure de sport, des modèles sobres des années 1950 aux spécimens aérodynamiques d’aujourd’hui.
Ce qui saute aux yeux quand on regarde les 134 baskets sur ce poster, c’est que la plupart de celles qui ont été produites entre 1917 et 1975 sont encore portées aujourd’hui. La Converse All Star et la Puma Suede avaient été créées pour faire du basket, la Stan Smith pour le tennis et l’Onitsuka Tiger (maintenant Asics) pour l’athlétisme. Mais rapidement, l’utilisation sportive a été abandonnée, et ces chaussures sont simplement devenues des standards du streetware. Dans les magazines de mode, on dit souvent qu’elles sont «iconiques» ou «culte».
Dans une interview avec le site FastCodesign, l’éditeur de PopChartLab explique cette évolution:
«Au départ, le design des baskets était entièrement lié à la fonction du produit, à son lien avec un sport particulier. Mais ensuite, particulièrement à partir des années 1950, les designers ont commencé à s’intéresser à l’esthétique de la chaussure, à la mode et au choix de basket comme forme d’expression personnelle.»
Dans les années 1980 et 1990, les choses se corsent un peu. C’est l’ère des Reebok montante et Air Jordan colorées qui ont été beaucoup portées par les artistes de hip hop : LLCoolJ en Air Jordan 1 sur la couverture de son album de 1985, les Nike Air Force 1 pour les Beastie Boys et les Nike Dunk pour GrandMasterFlash. Le groupe Run DMC avait même fait une chanson sur l’Adidas Superstar. («My Adidas»). Evidemment, une star du rap ou un athlète portant ces chaussures assurait le succès commercial du produit.
Pour ceux qui préfèrent le punk rock et le skate, il y avait les Vans, notamment le modèle à carreaux de 1976, qui ont le mérite d’être beaucoup moins chères que les Nike haut de gamme.
Les années 1990 ont inauguré des expérimentations techniques un peu farfelues: comme les Reebok Pump, premières baskets avec un mécanisme interne d’inflation, ou encore les Nike Air, avec leur coussinet transparent qui devait vous faire bondir comme un lièvre.
En 1917, les Converse «Chuck Taylor» avaient aussi lancé une tendance durable (et lucrative): le fait de nommer une basket du nom d’un athlète connu. Il y a bien évidemment eu les Air Jordan de Michael Jordan, mais aussi plus récemment les Nike LeBron, la ligne du joueur de basket LeBron James.
Les trois derniers modèles présentés sur l’infographie ne sont pas très prometteurs quant à l’évolution esthétique de nos tennis. Mais heureusement, les modèles rétro sont toujours en vente. Il y avait eu un vent de panique suite à l’annonce de la disparition de la Stan Smith d’Adidas. Mais elles ont été relancées en 2014.
Cette infographie a aussi un côté très nostalgique: elle permet de se replonger dans les années collège et lycée, le moment où le choix de chaussure est une part décisive de l’identité. Tel modèle évoque un certain goût musical, et il est probable que vos amis portaient les mêmes baskets que vous. Les filles en jean large et pumas parlaient rarement aux filles en jean moulant et Nike Air. Chaque modèle de basket – les Air Jordan, les Vans, les Converse – représente un type de personne que l’on connaissait au lycée. De manière un peu surprenante, cette histoire des baskets permet de retracer l’histoire de votre adolescence.