La Coupe du monde 2014 nous a permis de voir certains des meilleurs sportifs de la planète exécuter de véritables prouesses physiques. Retournés acrobatiques. Buts spectaculaires. Arrêts stupéfiants. Des démonstrations éblouissantes d’endurance, de détermination, de grâce… Et, bien sûr, des quarts de tour vers la gauche avec croisement de bras.
L’exercice semble étonnamment difficile à réussir du premier coup (on imagine que les joueurs n’ont pas eu droit à plusieurs essais). Lors des présentations des équipes qui précèdent les matchs, des centaines et des centaines de millions de téléspectateurs ont pu voir les joueurs des 32 équipes s’essayer tant bien que mal à ce geste pourtant si simple en apparence.
Sa réussite revêt une importance cruciale: c’est ce qui fait la différence entre avoir l’air d’un type ordinaire et sympa (comme le joueur japonais Atsuto Uchida) et ressembler à un gars qui vient de se faire arrêter et qui pose pour sa photo d’identité judiciaire (comme l’Américain Kyle Beckerman).
Quelles leçons tirer de l’observation des efforts réalisés par les joueurs pour croiser les bras tout en regardant vers la gauche de manière naturelle?
Le premier point est de savoir où placer ses mains. Faut-il les mettre du côté externe des biceps, comme le Néerlandais Daryl Janmaat? Ou préférez-vous les placer sous les biceps, pouces levés, à la manière du goal mexicain Guillermo Ochoa?
Vaut-il mieux adopter la pose d’un danseur de hip-hop, comme le Grec Ioannis Maniatis, ou plutôt celle d’un fier danseur cosaque, comme l’Ivoirien Salomon Kalou?
Parfois, la question du placement des mains est si difficile à gérer qu’il en résulte une sorte de panique de dernière minute, comme ce fut le cas pour Óscar Duarte, de l’équipe du Costa Rica.
Une bonne solution peut-être de placer ses mains de manière à augmenter subtilement la taille de ses biceps, comme l’a fait le joueur suisse Valon Behrami (qui, nous l’imaginons, doit adopter la même pose au club).
Quoi qu’il en soit, évitez de vous coincer les mains sous les aisselles, comme les joueurs colombiens Carlos Sánchez, Abel Aguilar et Juan Cuadrado. Ça le fait pas, les gars!
La manière dont ces trois joueurs ont rythmé leur quart de tour soulève un autre point important. Il faut se tourner vers la gauche, d’accord. Mais comment?
A la manière d’un père désapprobateur, comme l’Iranien Javad Nekounam? Comme un lapin terrifié, façon Luka Modrić, de l’équipe de Croatie? Tel un automate, comme l’Equatorien Jefferson Montero? Ou comme quelqu’un cherchant à se réconforter après une longue séance de psychanalyse, façon Kwadwo Asamoah, de l’équipe du Ghana?
Attention à ne pas trop vous tourner, comme le Ghanéen John Boye, mais n’imitez pas non plus l’Américain DaMarcus Beasley, qui ne s’est pas tourné du tout.
Et à quelle vitesse faut-il croiser les bras? Très vite, comme l’Algérien Rais M'bolhi? Très lentement, comme le Nigérian Ogenyi Onazi? Ou trop lentement, comme le Camerounais Aurélien Chedjou?
Si vous le faites bien, le résultat peut être magique. Regardez plutôt l’Anglais Joe Hart, qui pose avec un air ténébreux, telle une star de boys band. Ou encore l’Algérien Carl Medjani, dont le sourcil relevé perce véritablement l’écran.
Je suis particulièrement fan du croisement de bras sans chichis et quasi idéal du Néerlandais Arjen Robben, dont la performance à l’écran nous rendrait presque aussi admiratifs que son jeu sur le terrain. Robben est notre médaille d’argent de la Coupe du monde de croisement de bras.
Toutefois, le meilleur de tous –et de loin– reste le Camerounais Benoît Assou-Ekotto. Elégant, sympa, détendu, le croisement de bras d’Ekotto donne envie d’aller regarder un épisode d’Adventure Time avec lui. Assou-Ekotto est notre grand vainqueur de la Coupe du monde de croisement de bras.