Économie

Pourquoi les informations sont toujours déprimantes

Temps de lecture : 2 min

Les journalistes se complaisent dans le catastrophisme et donnent ainsi une vision déformée de notre monde.

Ciel de Dubaï, en 2007. REUTERS/Steve Crisp
Ciel de Dubaï, en 2007. REUTERS/Steve Crisp

Etes-vous inquiet pour votre avenir et celui de vos proches? Difficile de ne pas l'être si vous suivez même vaguement les médias et les nouvelles du monde. Il n'est question que de violence, de catastrophes, de menaces et de désastres à venir climatiques, énergétiques, économiques, terroristes, technologiques, médicaux... Les spécialistes des médias américains ont inventé un terme pour décrire cela: «fear porn» (littéralement la pornographie de la peur). Sa définition dans urban dictionnary est plus radicale: «information inspirée des théories du complot utilisée pour exciter sexuellement les beaufs, les extrémistes religieux et les mecs qui vivent dans la cave de leur mère».

C'est aussi et surtout l'un des meilleurs moyens d'avoir de l'audience et d'attirer l'attention. La plupart des gens sont fascinés par les menaces et les dangers, ils se sentent ainsi informés et plus vivants.

Mais les journalistes, ceux de Slate aussi, qui se complaisent parfois dans le catastrophisme et la sensiblerie donnent une vision déformée de notre monde et de la réalité et n'aiment pas trop qu’on le leur rappelle souligne le magazine Reason. Alors bien sur, un avion qui s'écrase, c'est une information. Mais des dizaines de milliers d'avions qui arrivent à destination, cela n’existe pas.

Le journaliste Matt Ridley a eu soudain la révélation qu’il consacrait son temps et son attention à des sujets qui déformaient la réalité et qu'il participait à une désinformation planétaire permanente. Il a donc voulu remettre les choses en perspective et a écrit un livre résolument optimiste qui se veut néanmoins réaliste: The Rational Optimist (Loptimiste rationnel).

Pour lui, son optimiste n’est pas une posture mais une évaluation objective de la trajectoire de l’humanité depuis plusieurs siècles. «Jai découvert que presque tout saméliore... Lexplosion démographique était inarrétable et les famines inévitables. Les pesticides allaient réduire notre espérance de vie. Les pluies acides devaient détruire les forêts. La période glaciaire était de retour Tout cela était faux».

L’humanité a survécu à toutes les catastrophes et les désastres annoncés, non seulement survécu mais prospéré. La population a considérablement augmenté, les famines sont devenues de plus en plus rares. Nous utilisons plus d’énergie et dans le même temps l’environnement devient meilleur, notamment dans les pays développés. L’innovation et le commerce améliorent nos vies qui sont de plus en plus longues et nous donnent accès à des ressources intellectuelles et matérielles inimaginables il y a encore quelques décennies.

Google nous informe aujourd’hui sur à peu près tout en quelques secondes et gratuitement. Même les gens dans les pays pauvres ont aujourd’hui un accès à plus d’informations que les riches il y a encore quelques années. Les email sont gratuits tout comme Facebook, Twitter, Instagram et Skype.

La sécurité aussi augmente. Aux Etats-Unis, au cours des 40 dernières années, les meurtres ont baissé de 40% et les viols de 80%. Les guerres ont tué moins de monde au cours des dix dernières années que pendant toutes les décennies depuis un siècle et demi qu’on tient cette comptabilité macabre.

Mais les médias continuent à vendre de la peur et c’est en grande partie ce qui garantit leur succès. «Les gens sont bien plus intéressés par ce qui va mal», explique Ridley.

Nous sommes fait comme cela. Nos cerveaux ne sont pas construits pour être attirés par les bonnes nouvelles. Non seulement elles se produisent via une évolution lente difficile à mesurer et à percevoir, mais notre instinct de survie nous dicte d’être toujours aux aguets des menaces qui planent. Cela a fait de nous des survivants mais c’est un handicap considérable pour analyser rationnellement notre environnement.

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