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Arrêtez de vous mentir: vous préférez le léger à l'actu importante

Temps de lecture : 2 min

Les bureaux du New York Times à New York en 2010. REUTERS/Lucas Jackson
Les bureaux du New York Times à New York en 2010. REUTERS/Lucas Jackson

Les médias étudient vos comportements et analysent la façon dont vous consommez les infos, sur leurs sites, et en général. Et vous savez quoi? Vous mentez. A nous. Et probablement à vous-même.

C'est ce qu'explique le magazine américain The Atlantic sur son site. Il développe:

«Cette année, le Reuters Institute for the Study of Journalism a interrogé des milliers de personnes du monde entier, leur demandant quelles sortes d'informations étaient les plus importantes pour eux. Le graphique ci-dessous montre les réponses des Américains. La politique internationale écrase les infos people et "marrantes". Les informations économiques et politiques arrivent encore plus haut.»

Le graphique en question est le suivant:

The Atlantic

Mais qu'en est-il de la réalité? Le journaliste explique qu'elle est bien différente. Ainsi, dans les premiers jours de la dislocation de l'Irak dont différentes villes tombaient dans le giron de l'EIIL et alors que des articles sur le sujet étaient en première place sur les sites duWashington Post, du Wall Street Journal, ou du New York Times, les articles les plus lus ne concernaient pas franchement le sujet: plutôt la Coupe du monde, des jeux YouTube, le gluten, la dépression post-partum...

«Aucun des articles les plus lus ou les plus envoyés par e-mail, sur ces sites, ne contenait les mots Irak, Sunnite, ou Al-Maliki [le nom du Premier ministre irakien] quand j'ai regardé ce matin [du 17 juin]».

Les sites web permettent de mesurer bien plus précisément les envies et les lectures des consommateurs. La presse papier a longtemps fait des études, parfois très poussées, sur les habitudes et envies de lecture, mais elles étaient souvent complètement faussées par les mensonges, comme cette étude de 1990 rapportée par l'AJR en 1999, dans laquelle les lecteurs assuraient que si les articles tenaient sur une page (plutôt que de commencer en une par exemple, et de continuer en page 4) ils les liraient davantage. Des journaux avaient écouté: ils s'étaient rendus compte que les lecteurs lisaient encore moins. Désormais les lecteurs ne mentent pas moins, mais on voit davantage qu'ils mentent. Et on a les moyens de connaître leur vérité.

L'explication au mensonge fait au Reuters Institute, et au fait qu'en réalité le public n'aime pas les informations «importantes» (le hard news en anglais, ce qui «compte») réside dans notre cerveau. «Plus notre capacité d'attention est faible, plus on recherche des stimuli familiers. Nous aimons manger de la glace quand nous sommes tristes, écouter de vieilles chansons quand on est fatigués», etc. «Les psychologues emploient le terme fluidité. La fluidité n'est pas la façon dont nous pensons, mais ce que l'on ressent pendant que nous pensons. Nous préférons les pensées faciles: les visages symétriques, les couleurs nettes, et les phrases contenant des parallèles. A l'aune de cela, il y a deux problèmes avec le hard news: c'est hard (difficile) et new (nouveau).»

Ne croyez pas que cette différence n'existe qu'aux Etats-Unis. Il suffirait de comparer par exemple ce que les Français auraient aimé avoir comme informations de la part des journalistes —par exemple avec ce traditionnel sondage de La Croix— et ce qu'ils lisent vraiment. Et que les journalistes ne rejettent pas la faute sur leurs lecteurs et se posent une question: comment réussir à vous intéresser et vous faire lire des sujets «hard news»?

Aujourd'hui, par exemple, sur Slate, vous pourriez lire: Les Etats-Unis doivent demander de l’aide à l’Iran...

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