Sports

Les Bleus au pays des bisounours sur Twitter, ou la revanche sur les journalistes sportifs

Temps de lecture : 3 min

Les joueurs de l'équipe de France profitent des réseaux sociaux pour véhiculer une image très positive d'eux et de leur groupe, court-circuitant au passage ceux qui les traitaient il y a peu encore de «racailles».

C'est l'une des premières questions posées par les médias lors du rassemblement des Bleus à Clairefontaine, le 19 mai: quelles consignes Didier Deschamps comptait-il donner à ses joueurs en matière d'utilisation des réseaux sociaux?

Il faut dire qu'en 2014, pour la première fois, la Coupe du monde va être jouée par une majorité de joueurs actifs sur des sites comme Twitter et Instagram. Même l'équipe d'Iran, pays qui a un long historique de censure des réseaux sociaux, comptera dans ses rangs plusieurs twittos «vérifiés» et actifs.

Parmi les 23 joueurs sélectionnés en équipe de France, au moins 16 sont actifs sur le site de microblogging, et beaucoup alimentent aussi leur compte Instagram.

Comme pour le sexe pendant la compétition, le sélectionneur français s'est montré ouvert d'esprit et a fait appel au «bon sens» de ses joueurs:

«Dire bonjour, au revoir, il fait beau, pas de souci. Mais il y a d’autres contenus qui peuvent être repris, il ne faut pas tout écrire… Ce qui est important pour moi, c’est de préserver le groupe et l’intérêt collectif

Et le message est passé. Les comptes Twitter des joueurs de l'équipe de France ressemblent ces derniers jours à un album de colonie de vacances entre amis avec une constante: des sourires jusqu'aux oreilles.

Une nouvelle ère
des relations avec
la presse: le temps des règlements
de compte

Stéphane Beaud

Pour le moment, les craintes du sélectionneur semblent infondées. Les innombrables selfies de groupe publiés par les Bleus sont bien plus efficaces que toutes les campagnes de publicité classiques pour donner une image positive de ces joueurs qualifiés il n'y a pas si longtemps de «racailles» par une partie des médias et de «caïds immatures» par la ministre des Sports d'alors. Il semble bien loin le temps de la communication verrouillée du Mondial sud-africain, quand le peu d'images de la vie du groupe qu'avaient à se mettre sous la dent le grand public et les journalistes avait sans doute contribué aux fantasmes autour des «bandes» qui sévissaient au sein de l'équipe.

Bien sûr, il est plus facile d'avoir un groupe de joueurs soudés et souriants quand les résultats sont là, et les matchs de préparation de l'équipe de France se sont bien passés (deux victoires, un match nul, 13 buts marqués, un seul encaissé).

Didier Deschamps a mis toutes les chances de son côté en termes de cohésion de groupe en écartent les éléments «perturbateurs» de la génération 1987 comme Hatem Ben Arfa, Jérémy Ménez et surtout Samir Nasri. Il a clairement indiqué que ce dernier n'était à ses yeux pas prêt à se mettre au service du groupe en acceptant une probable place de remplaçant.

Il n'empêche, les Bleus semblent pour le moment tirer parti de l'extraordinaire outil de communication que sont les réseaux sociaux, le tout pour un budget de... 0 euros.

Mieux, ces images idylliques sont une manière pour l'équipe de France de court-circuiter en partie les journalistes sportifs, une profession avec laquelle les rapports se sont considérablement tendus dès l'Euro 2008. Comme l'explique bien le sociologue Stéphane Beaud dans son excellent livre Affreux, riches et méchants? Un autre regard sur les Bleus, la une de L'Equipe du 19 juin 2010 qui a déclenché la tristement célèbre grève des joueurs a inauguré «une nouvelle ère dans la relation entre les footballeurs pros et la presse sportive: une ère qu'on peut appeler le temps des règlements de compte».

Si seuls quatre joueurs de l'équipe actuelle étaient du voyage en Afrique du Sud (Hugo Lloris, Bacary Sagna, Patrice Evra et Mathieu Valbuena), ce sont «toutes les relations professionnelles presse/footballeurs» qui sont depuis Knysna «empreintes de méfiance, comportant désormais une dimension, inédite, d'agressivité et de violence».

C'est sans doute pour certains joueurs une revanche savoureuse que de pouvoir véhiculer une image positive d'eux-mêmes sans passer par le prisme des journalistes sportifs qui ont tant stigmatisé leur comportement de «jeunes de banlieue» lors des trois dernières grandes compétitions internationales. Le sourire de Patrice Evra en dit plus que tous les discours:

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