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Pourquoi Neymar et la plupart des joueurs brésiliens sont-ils désignés par leur prénom?

Temps de lecture : 2 min

Neymar lors du match contre le Cameroun. REUTERS/Michael Dalder.
Neymar lors du match contre le Cameroun. REUTERS/Michael Dalder.

Après être sortis premiers du groupe A avec deux victoires (3-1 contre la Croatie et 4-1 contre le Cameroun) et un nul (0-0 contre le Mexique), les Brésiliens affrontent le Chili en huitièmes de finale, samedi 28 juin à Belo Horizonte (18h, heure française) pour poursuivre leur route dans leur Coupe du monde. Avec leur armada composée de Neymar, Paulinho, Oscar, Marcelo ou encore Fred, les Auriverdes sont attendus au tournant pour ce premier match à élimination directe.

Mais au fait, pourquoi tant de joueurs brésiliens n’ont pas de nom?

C’est une convention brésilienne. Les surnoms et les prénoms sont tout le temps utilisés. L’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva était plus connu sous son surnom, Lula. Les hommes du clergé, les médecins sont aussi souvent connus par leur surnom. L’annuaire de la ville de Claudio liste même ses habitants par leur surnom plutôt que par leur nom.

L’affinité du Brésil pour les surnoms vient du taux historiquement élevé d’illettrisme. Par conséquent, des noms raccourcis sont typiquement plus utilisés que les vrais noms de famille, plus longs.

Dans la société brésilienne, l’utilisation d’un prénom ou d’un surnom est aussi une marque d’intimité et un marqueur de classe sociale. Lula, par exemple, est connu pour être issu de la classe ouvrière.

Certains universitaires vont même jusqu’à dire que cette utilisation vient de l’esclavage, qui a été aboli au Brésil à la fin du XIXe siècle. Les esclaves étaient souvent appelés par leur prénom –comme Joao– ou par leur prénom et leur pays d’origine –comme Joao Congo.

Quand les Anglais ont introduit le football au Brésil au XIXe siècle, les Brésiliens s’appelaient par leurs noms de famille, comme les Anglais. Mais ceci prit fin lorsque le sport a commencé à gagner en popularité. Quand la sélection brésilienne a joué son premier match en 1914, il y avait ainsi un Formiga («fourmi» en français) dans l’équipe.

17 des 23 joueurs brésiliens présents à la Coupe du monde n’utilisent qu’un seul nom. Il n’y a pas de règles, mais les conventions pour les noms reflètent l’adoration brésilienne pour les buteurs. Les attaquants les plus célèbres du foot brésilien, Edson Arantes do Nascimento, Ronaldo Luis Nazário de Lima et Manuel Francisco dos Santos sont plus connus sous les noms de Pelé, Ronaldo et Garrincha.

La plupart du temps, en revanche, les défenseurs n’ont pas de surnom –le nom complet de Thiago Silva est Thiago Emiliano da Silva. Pareil pour les gardiens, comme Julio Cesar. En presque un siècle, il n’y a eu qu’un gardien majeur connu sous un surnom: Dida.

Les joueurs avec le même nom en changent pour se différencier. Au cours des dernières décennies, on a ainsi eu droit à plusieurs Ronaldo. L’un d’entre eux est devenu Ronaldao (le gros Ronaldo), un autre Ronaldinho (le petit Ronaldo). Quand un autre Ronaldinho (celui qu’on connaît le mieux) est arrivé à la fin des années 90, on l’a surnommé Ronaldinho Gaucho, pour «petit Ronaldo de Rio Grande do Sul». Quand le premier Ronaldo a quitté la sélection brésilienne, Ronaldinho est devenu Ronaldo et Ronaldinho Gaucho Ronaldinho.

Mais le Brésil n’est pas le seul pays dont les joueurs n’ont qu’un seul nom. Au Portugal, qui l'avait colonisé, six joueurs sont dans le même cas.

Cet article a été publié pour la première fois en 2006 sur Slate.com. Nous le republions dans une version adaptée à l'occasion de la Coupe du monde 2014.

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