Au lendemain du malaise de Nicolas Sarkozy survenu lors (ou à la suite) de son footing du dimanche, tout ou presque a été dit sur les causes possibles de l'incident. Plus précisément, qu'en est-il des liens pouvant exister entre la pratique sportive du président de la République et ses possibles conséquences sur sa santé ?
Courir serait-il mauvais pour la santé? Absolument pas; ou presque. La course à pied, au même titre que la marche, est l'activité physique la plus adaptée à l'organisme humain, car la plus naturelle. Le jogging, en tant qu'activité physique modérée, est fortement conseillé pour tous. Il ne s'agit bien évidemment pas de tenter de reproduire les efforts d'un Haile Gebreselassie sur un marathon ou d'un Usain Bolt sur 100 mètres, mais d'une pratique où chacun est maître de son rythme.
Les bienfaits d'une activité modérée et régulière sur la santé sont multiples et prouvés. Le jogging améliore la prévention d'un certain nombre de cancers, notamment celui du sein. Il diminue aussi les risques de diabète et d'hypertension artérielle. Il est également très efficace pour prévenir les maladies cardio-vasculaires, et donc pour réduire de manière significative les risques d'infarctus.
Selon une idée reçue, la course à pied userait prématurément les articulations des membres inférieurs. Il n'en est rien: une activité physique modérée comme le jogging présente des avantages indéniables pour nos articulations. Elle aide à prévenir les effets hautement néfastes de la sédentarité sur le squelette: les pathologies ostéo-articulaires et l'ostéoporose.
Mais voilà, quand on passe à une pratique très intense (c'est à dire à celle d'un marathonien quasi-professionnel), il arrive qu'apparaissent des souffrances articulaires. C'est pourquoi le sport de haut niveau devrait être parfaitement encadré et suivi. Il n'est pas rare que les sportifs de haut niveau fassent des malaises «lipothymiques» ou «vagaux» lors de tests d'efforts.
A l'inverse, le jogging procure aussi des bénéfices d'un autre ordre à ceux qui le pratique, non pas somatiques, mais psychiques. Tous les joggeurs connaissent ces moments légèrement euphoriques qui suivent l'effort: esprit dégagé, corps relaxé. De sérieuses études montrent que la course à pied diminue la fréquence des syndromes dépressifs et un certain nombre de situations pathologiques pouvant être liés à l'absence d'activité physique. En résumé, la confiance en soi et la capacité à réagir positivement aux épreuves de la vie (c'est à dire la résilience) sont étroitement associées à une bonne condition physique.
Au total, le jogging est bon pour tout le monde. Il faut juste respecter les quelques contre-indications essentielles: passé un certain âge (en moyenne, 45 ans chez les hommes; 50 chez les femmes), il est conseillé de faire un bilan. Dans ce cas, allez chez votre médecin traitant.
Bien évidemment, tous les pratiquants sportifs savent qu'ils doivent respecter les règles essentielles liées à la température et aux conditions climatiques. Les critères de pollution atmosphériques doivent également être de plus en plus pris en compte. La preuve commence à nous en être donnée par les observations épidémiologiques faites lors des derniers grands marathons de New York, Paris, Londres ou Berlin.
Grégoire Fleurot
Remerciement à Jean-François Toussaint, directeur de l'IRMES et professeur de physiologie à l'université Paris Descartes.
(Photo: Ed Yourdon, Flickr, CC)