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Coupe du monde 2014: cinq raisons de soutenir les Bleus en barrage contre l'Ukraine

Temps de lecture : 4 min

Contrairement à un mythe répandu, cette équipe de France mal-aimée, qui devra franchir l'obstacle de l'Ukraine en novembre, n'aurait rien à gagner à regarder le Mondial brésilien à la télévision.

L'équipe de France célèbre sa qualification pour la Coupe du monde 2010 après sa victoire en barrages contre l'Irlande, le 18 novembre 2009. REUTERS/Charles Platiau
L'équipe de France célèbre sa qualification pour la Coupe du monde 2010 après sa victoire en barrages contre l'Irlande, le 18 novembre 2009. REUTERS/Charles Platiau

L'adversaire est connu, le compte à rebours enclenché. Les 15 et 19 novembre, la France affrontera l'Ukraine en barrages, deux match qui détermineront si elle ira ou non à la prochaine Coupe du monde organisée au Brésil à partir du 12 juin prochain.

Quatre ans après le psychodramatique France-Irlande, autre barrage qui avait expédié les hommes de Raymond Domenech en Afrique du Sud —et vers le fiasco que l’on sait—, la tension promet d’être à nouveau très forte. Pendant un mois, il va donc s’agir de soupeser les chances des Bleus, de tenter de deviner la stratégie de Didier Deschamps, d’anticiper les conséquences d’une éventuelle non-qualification et, à l’occasion, de repasser à la tondeuse ce groupe grossièrement vilipendé par les sondages.

Dans ce contexte anxiogène, ils seront quelques-uns, et peut-être même nombreux, à souhaiter que cette équipe de France supposément mal-aimée ne traverse pas l’océan Atlantique à la fin du printemps. La rengaine n’est pas difficile à deviner: elle ne mérite pas d’y aller, comme si le verbe «mériter» avait jamais eu le moindre sens dans le sport.

Trop de matches émollients à payer. Trop de péchés qui ne seraient pas pardonnables. Trop de têtes à claques à punir par une non-qualification qui les enverrait en vacances plus tôt que prévu et marquerait à jamais un trou béant dans leur palmarès dont ils se repentiraient jusqu’à la fin de leur vie. Trop de morgue de Patrice Evra à éponger, enfin, après toute la bave accumulée dans Téléfoot.

Laissons ces méchantes pensées à ceux qui les ont et ne manqueront pas de les répandre les jours venus, sachant que la France, qui a la culture sportive qui est la sienne, c’est-à-dire plutôt moyenne, est l’un des très rares pays à pouvoir vouloir parfois du «mal» à ses joueurs de football. Car il est évidemment souhaitable, voire essentiel, que cette équipe de France se qualifie pour le Mondial. En cinq points, voici pourquoi.

1. On ne gagne rien à manquer une grande compétition

C’est un mythe issu de la victoire de 1998: être absent de la Coupe du monde de 1994 aux Etats-Unis aurait fait du bien au football français (en oubliant au passage qu’il était passé aussi à côté du Mondial en Italie en 1990, qu’il avait regardé devant son poste de télévision). Une cure d’abstinence au plus haut niveau serait en quelque sorte bénéfique et salutaire pour appuyer sur la touche reset, remettre les compteurs à zéro, abattre pour de bon les brebis galeuses et se tourner vers un futur plus riant.

C’est une théorie qui ne tient pas debout puisque la France, dans l’époque moderne, est le seul pays à avoir gagné une Coupe du monde en ayant manqué la précédente. Cette exception nationale n’est donc en rien la preuve que ce régime sec aurait une quelconque vertu.

De plus, pour les plus jeunes joueurs, qui constitueront l’ossature du groupe de demain, ce serait se priver d’une expérience au sommet forcément formatrice. Punir les «vieux», qui ont fauté et continuent de la ramener, ce serait aussi punir les jeunes.

2. Ne pas y aller replongerait le football français dans la crise

Et une crise dont on ne connaît pas l’issue. Cela ferait plaisir à quelques-uns, mais ne servirait pas la cause d’un sport qui reste, et de très loin, la discipline n°1 dans ce pays et qui continue de créer, qu’on le veuille ou non, du lien social à travers cette équipe de France.

Dans le sillage de l’élimination surprise contre la Bulgarie il y a exactement vingt ans, Jean Fournet-Fayard, président de la Fédération française de football, avait démissionné dans une ambiance détestable de règlements de compte. Il fallait tout remettre à plat alors dans la mesure où la France allait organiser la Coupe du monde suivante.

Avant l’Euro 2016, en cas d’échec en novembre, le football français serait probablement contraint à une nouvelle et immense remise en cause alors qu’il panse à peine les plaies du désastre sud-africain, qui avait entraîné le départ d’un autre président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, dépassé par les événements.

3. On s'ennuierait jusqu'en 2016

Sans Coupe du monde au programme en 2014, la France partirait pour une longue et ennuyeuse séquence de deux ans et demi de matches amicaux. En effet, en tant que pays organisateur de l’Euro 2016, elle sera dispensée des matches de qualifications et une absence au Brésil prolongerait donc cette petite agonie de sept mois supplémentaires.

Commencer l’Euro en juin 2016 sans avoir de vrai point de repère depuis novembre 2013 ne constituerait pas une situation idéale. Et aborder une compétition aussi importante avec, comme dernier souvenir marquant, une autre débâcle en guise de cicatrice ne serait guère facile non plus sur le plan mental, devant un public qui l’attendrait au tournant.

4. C'est une Coupe du monde à ne pas manquer

S’il y a une Coupe du monde à ne pas rater, c’est bien celle-là, au Brésil, le pays du football par excellence, cinq fois vainqueur de la compétition. Une occasion unique pour ceux qui y participeront sur le terrain, et pour nous téléspectateurs qui avons envie de voir cela. La chance d’une vie, en quelque sorte.

Avec les Bleus, ce serait évidemment mieux, sachant qu’il existe un lien fort, presque charnel, entre les deux pays. A part le Portugal, aucun autre pays européen n’est plus proche affectivement du Brésil que la France. Seize ans après le France-Brésil du Stade de France, pourquoi pas un Brésil-France, une rencontre de groupe suffisant cette fois amplement à notre bonheur de fan?

5. La France n'a pas besoin d'une crise de nerfs supplémentaire

Dans l’actuel et déprimant état psychologique du pays, une non-qualification de l’équipe de France déboucherait sur un nouveau psychodrame à ajouter à notre flamboyant palmarès 2013. Franchement, personne ne le souhaite, comme personne n’a envie d’entendre les donneurs de leçon ou les intellectuels à l’œuvre le 19 novembre au soir, cherchant à faire le lien entre une équipe de France en morceaux et une France qui ne s’aimerait plus. Pitié pour nos yeux et nos oreilles!

Yannick Cochennec

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