On connaissait déjà les études fantômes, les études à la con, voilà les études sur les études. En effet, trois chercheurs américains Grant Steen, Arturo Casadevall et Feric C. Fang ont publié lundi 8 juillet une enquête, sur PlosOne, sur le nombre croissant d'études scientifiques rétractées. C'est-à-dire qu'elles ont, après publication, été indiquées comme inutilisables pour de futures recherches et qu'elles n'auraient pas dû être publiées.
«Le nombre de publications scientifiques rétractées a fortement augmenté, mais la question est de savoir si cela reflète une hausse de publication d'articles défectueux, erronés, ou une augmentation de la vitesse à laquelle les articles problématiques sont retirés.»
En 2011, le scientifique néerlandais Diederik Stapel avait offert un bel exemple. Certaines de ses publications, comme «Manger de la viande rend plus égoïste» ou «Evoluer dans un environnement désordonné nous rend plus racistes» présentaient des données falsifiées.
Les chercheurs Murat Cokol, Fatih Ozbay & Raul Rodriguez-Esteban ont également montré en 2012 dans Nature que le nombre de publications retirées car défectueuses était en constante augmentation depuis les années 1970. Certes, le nombre de publications lui-même, tout comme le nombre de revues scientifiques de qualité, a augmenté. Mais sur le graphique produit par les scientifiques, c'est bien la proportion de publications retirées par rapport au nombre d'études publiées qui est lui aussi en hausse constante.
Selon une étude parue en 2011 sur le Journal of Medical Ethics, la fraude est à l'origine de 26.6% des recherches mal conduites ou menant à de fausses conclusions. Les chercheurs ne sont pas pour autant de plus en plus malhonnêtes. Pour leur enquête récente, Steen, Casadevall et Fang ont étudié plus de 2.000 articles rétractés pour observer notamment le temps de rétractation, ils ont également cherché à comprendre l'impact des auteurs ayant publié plusieurs études défectueuses. Ils expliquent finalement en conclusion que le véritable changement se fait du côté des moyens de contrôle des articles publiés.
«Depuis 2000, il y a un déclin progressif du temps mis pour rétracter un article, notamment lorsqu'on analyse par année de publication, renforcant l'hypothèse que les manuscrits nécessitant une rétractation sont détéctés plus rapidement. Cette évolution a affecté la fraude et la simple erreur au même degré, suggérant qu'il y a désormais moins de barrières à la rétractation.»
Les auteurs ayant publié plusieurs articles rétractés attirent énormément l'attention, mais ils ne sont pas majoritaires. Selon les chercheurs, 17,8% des articles rétractés entre 1993 et 2012 sont l'oeuvre de scientifiques ayant publié plus 5 articles rétractés ou plus dans la période observée (1967-2012). La majorité de ces articles sont donc l'oeuvre de scientifiques n'ayant publié qu'une seule recherche rétractée au cours de la période observée.