Jo-Wilfried Tsonga, qui a facilement éliminé Roger Federer en quart de finale de Roland-Garros (7-5, 6-3, 6-3), mardi 4 juin, affrontera vendredi l'Espagnol David Ferrer pour une place en finale. Il est le premier Français à atteindre le dernier carré du tournoi depuis Gaël Monfils en 2008, et ce trente ans pile après la victoire de Yannick Noah dans le tournoi en 1983 et un quart de siècle après le dernier finaliste tricolore chez les hommes, Henri Leconte, démoli par le Suédois Mats Wilander en 1988.
L'occasion de comparer les performances sur la terre battue de la porte d'Auteuil, depuis ce tournoi historique de 1983, des tennismen français avec ceux des quatre nations les plus titrées dans le tournoi messieurs depuis le début de l'ère Open: l'Espagne, la Suède, les Etats-Unis et l'ex-Tchécoslovaquie.
[Cliquez sur l'image pour accéder à l'infographie. Chaque année est symbolisée par un carré, dont la couleur est plus foncée quand le nombre de qualifiés est plus élevé.]
Source : passiondataviz.fr
On constate que de ces cinq pays, la France semble le plus «stable» dans ses performances depuis 1983, malgré un creux entre 1993 et 2000, où elle n'a jamais placé plus d'un joueur en huitièmes de finale. Sa meilleure performance est relativement récente, puisqu'en 2008, cinq des seize huitièmes de finalistes étaient français.
A l'inverse, les Etats-Unis et l'Espagne montrent une évolution assez tranchée entre le début et la fin de la période. Après un gros creux dans les années 80, l'Espagne est progressivement montée en puissance et représente désormais la majorité du temps un quart des huitièmes de finaliste. Après une décennie plutôt faste entre 1989 et 1999 (quatre titres, et même une finale 100% américaine en 1991), les Etats-Unis sont eux rentrés dans le rang.
L'ex-Tchécoslovaquie et la Suède réussissent elles des performances inférieures à la France depuis dix ans, mais la première avait atteint, avant ce mercredi, les demi-finales autant de fois que la France (Tomas Berdych en 2010), et la seconde deux fois la finale (Robin Söderling en 2009 et 2010). Ce qui nous amène au point qui fâche: les Français craquent-ils au moment décisif?
[Chaque pays est représenté par un rectangle proportionnel au nombre de matchs joués dans la deuxième semaine. Cliquez sur l'un d'eux pour avoir le détail, et sur le titre en vert pour revenir à la vue générale.]
Si l'on regarde attentivement les statistiques, on constate qu'ils ont gagné moins de 40% de leurs huitièmes de finale depuis trente ans, moins de la moitié de leurs quarts de finale et un quart de leurs demi-finales, là où les quatre autres pays dépassent les 50% de réussite à chacun des tours de la compétition. Avec un nombre de huitièmes de finalistes légèrement inférieur (52 contre 54), les Etats-Unis ont ainsi placé douze joueurs de plus en quarts, huit en demi et sept en finale. Il ne reste plus qu'à compter sur Jo-Wilfried Tsonga pour améliorer légèrement la tendance...
Pierre Breteau et Jean-Marie Pottier