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Les sept problèmes du rugby à XV

Temps de lecture : 14 min

La fin de saison rugbystique (H Cup samedi dernier, demi-finales du Top 14 ce week-end, préparation de la tournée du XV de France dans l'hémisphère sud) est aussi riche qu'elle montre les signes d'un sport en surchauffe.

Le joueur de Clermont Sitiveni Sivivatu à la lutte avec des joueurs toulonais, lors de la finale de la H Cup, le 18 avril 2013 à Dublin. REUTERS/Stringe
Le joueur de Clermont Sitiveni Sivivatu à la lutte avec des joueurs toulonais, lors de la finale de la H Cup, le 18 avril 2013 à Dublin. REUTERS/Stringe

Alors que les Toulonnais jubilent depuis samedi et leur succès en finale de la Coupe d’Europe, les Clermontois rêvent encore de ramener le bouclier de Brennus du champion de France (les demi-finales auront lieu vendredi soir (Toulouse-Toulon) et samedi après-midi (Clermont-Castres) à Nantes.

Paradoxalement, cette finale franco-française de H Cup, la quatrième en quinze ans, est plutôt l’arbre qui cache la forêt. Celle d’un rugby français colosse aux pieds d’argile. Car cette bonne santé vantée par tous les médias depuis un mois est fragile. Décryptage en sept points.

1. La suprématie des clubs sur l'équipe de France

La santé réelle d’une discipline dans un pays se mesure principalement aux résultats de son équipe nationale. Alors que les médias tiraient à boulets rouges sur Marc Lièvremont, le bilan de son successeur Philippe Saint-André n’est guère plus brillant. En deux Tournois des 6 nations, il compte trois victoires, deux matchs nuls et cinq défaites. Mince lorsqu’on compte être champion du monde. Depuis plusieurs années, la vitrine du rugby français, ce sont les clubs et leur Top 14, autoproclamé «meilleur championnat du monde».

Tous les sélectionneurs de l’ère professionnelle n’ont eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme: l'équipe de France manque de temps de préparation. Philippe Saint-André n’a ainsi disposé de ses joueurs que cinq jours avant le début du Tournoi 2013. Contre deux semaines pour ses rivaux. «J’aimerais que mes joueurs puissent préparer le Tournoi comme les cinq autres nations», avait-il lâché, morose, après avoir évité de peu la cuillère de bois.

Il souhaite disposer ponctuellement de ses joueurs pour des stages courts mais permettant de travailler combinaisons et replacements. Comme le font les nations celtes, les Anglais et les trois géants sudistes qui ménagent en plein championnat des parenthèses de trois à quatre jours permettant au groupe de se retrouver et de ne pas faire dans l’urgence. Serait-ce une garantie de succès? Evidemment non, quand on voit les difficultés de l’Angleterre à gagner des titres depuis dix ans. L’expérience des Coupes du monde prouve néanmoins qu’avec une véritable préparation collective et du temps de travail en commun, l’équipe de France est largement au niveau des meilleurs.

La Ligue (qui gère les championnats professionnels) et la Fédération (qui gère les amateurs et les sélections nationales) finalisent en ce moment leur quatrième convention de partenariat qui fixe la mise à disposition des joueurs sélectionnés par les clubs, et les contreparties financières en découlant.

La guerre à propos du calendrier est révélatrice. Les clubs ne comptent pas se sacrifier pour les Bleus. Clermont, Toulon, Toulouse, les gros bras du Top 14, travaillent chacun de leur côté. Ils créent une dynamique sans se soucier du XV de France. «La fédération a les moyens, grommelait fin février Mourad Boudjellal, solide défenseur des intérêts de son club [RC Toulon] face au reste du monde. On dit que l'on n'a pas d'argent. Mais regardez les réceptions d'après match, c'est smoking et champagne. On est très bling-bling à la Fédération et ça ne gêne personne.» Selon les échos des premières réunions, chacun aurait fait un petit pas vers l’autre, mais on est loin d’un système qui assurerait aux Bleus d'être (enfin) la priorité.

Prochain point d’étape avec une tournée corsée en Nouvelle-Zélande et trois matchs prévus chez les champions du monde, où —pour le coup— l’intérêt de la sélection prime sur toute autre considération.

2. Le calendrier surchargé

Cette tournée sera aussi l’occasion d’apprécier le degré de fraîcheur des tricolores en fin de saison. Surtout pour ceux qui auront cumulé phases finales du Top 14, de la Coupe d’Europe et matchs internationaux.

Alors que le temps de jeu effectif (durant lequel le ballon est en jeu) augmente continuellement, ainsi que l’intensité, on demande aux meilleurs joueurs d’enchaîner les rencontres. Le rugby étant un sport de combat et de contact avant tout, les dégâts sont parfois lourds. Il n'y a qu’à se souvenir de Frédéric Michalak errant comme une âme en peine lors du dernier Tournoi, conséquence de l’enchaînement d'une saison dans l’hémisphère sud (finaliste du Super 15 avec les Sharks de Durban) et d'une autre en Europe. Etincelant en novembre, Michalak n’avait plus de jus en février, après une quarantaine de matchs enchaînés sans vacances.

«On est du bétail [...] Aujourd’hui un international, il n’y que la blessure qui l’arrête», prévenait Sébastien Chabal après le Tournoi. Et c’est exactement ce qui est arrivé à Michalak, sorti du dernier France-Ecosse pour ne reparaître qu’un mois et demi plus tard. C’est donc non seulement de la performance mais surtout de la santé des joueurs dont il est question.

Pourtant, la course à l’échalote continue. Les clubs sont divisés entre volonté de réduire la voilure et nécessité d’augmenter les rentrées. Clermont et Toulouse militent pour un Top 12. Perpignan, le Racing ou Toulon, plutôt pour un Top 16, estimant que leurs joueurs non mobilisés par l’équipe de France ne jouent pas assez par rapport à leur salaire.

3. Le modèle économique incertain

L’an dernier, les clubs professionnels ont terminé la saison en déficit global de 27 millions d’euros. Ce qui n’est pas très glorieux pour le championnat «le plus puissant du monde», et en tout cas le plus riche. Cette saison, selon l’hebdomadaire Midi olympique, cinq clubs de Top 14 prévoient de finir en déficit: Stade Français (6 millions d'euros de perte), Perpignan et Biarritz (2 millions), Toulouse (1 million) et Agen (400.000 €).

A chaque fois, ce sont donc aux actionnaires de remettre au pot, pour boucher les trous et passer dare-dare devant la DNACG, l’organisme de contrôle des budgets. Heureusement pour eux, la plupart des clubs comptent sur des mécènes qui investissent massivement. Mourad Boudjellal, qui a fait une grande carrière dans l’édition de bandes dessinées, a ainsi investi plus de 6 millions de sa poche à Toulon. Jacky Lorenzetti (ex PDG-fondateur de Foncia) a lourdement soutenu le Racing-Metro et le fera encore l’an prochain, quand le club accueillera une nouvelle cohorte de stars étrangères. Alain Afflelou, devenu président de Bayonne a lui dépensé 5 millions cette saison dans le club, et en ajoutera quatre par an pendant les quatre saisons à venir. Leur objectif? Construire une marque avec des résultats obtenus grâce à leur mise de départ, et qui deviendra un aimant à partenaires, comme a pu l’être le Stade français sous Max Guazzini, et comme est en train de le devenir le RCT façon Boudjellal.

Les autres clubs, eux, s’appuient sur des partenaires «historiques», des géants qui sponsorisent à coups de millions d’euros: Airbus, EADS à Toulouse, Capgemini à Biarritz, les laboratoires Pierre Fabre à Castres, ou encore Michelin à Clermont (même si la participation du géant du pneu au club qu’il a fondé est désormais inférieure à 10% du budget annuel). Avec pour conséquence, des difficultés quand le contexte économique général se dégrade, et que les résultats ne suivent plus, comme à Perpignan ou à Biarritz.

Les budgets du Top 14 ont gonflé à cause de l’hyperinflation salariale qui ne s’est modérée que depuis l’an dernier. Ce poids des salaires réduit considérablement les capacités d’investissement dans des ressources autonomes (stades, commerces). Pour tenter de limiter la casse, la Ligue a mis en place un «salary cap», à l’américaine, un plafond. Il passera la saison prochaine à 10 millions d’euros (contre 5,25 millions en Angleterre). Un montant qui n’inclut pas les rémunérations des joueurs sous contrat espoir, mais englobera pour la première fois une partie des rémunérations annexes (droit à l’image). Ce qui pourrait tempérer certaines accusations de mauvaise gestion et de primes occultes qui circulent dans les coursives.

A cela s’ajoute la faiblesse des droits télés. Malgré sa popularité médiatique et de très bons scores d’audience, la LNR ne touche en effet «que» 32 millions par saison de la part de Canal. Décevant à tel point que le président de la Ligue, Paul Goze, a menacé d’activer une clause de sortie de contrat à la fin de la saison prochaine. Avec le soutien de tous les présidents qui estiment vendre un «produit soldé» à la chaîne cryptée, qui rétorque qu’au contraire du foot et du cinéma, le rugby n’est pas un produit d’appel pour les abonnés.

4. Les 40% de joueurs étrangers en Top 14

Quatre joueurs étrangers s’envoleront avec l’encadrement du XV de France pour la prochaine tournée d’été. Les Sud-africains Claassen (international depuis le dernier tournoi), Kotze et Le Roux, et le Fidjien Nakaïtaci.

Si le recours à des joueurs étrangers n’est pas une nouveauté (Claasen est le 12e) et que certains comme Tony Marsh, Pieter de Villiers ou Abdel Benazzi ont compté dans l’histoire des Bleus, c’est la simultanéité qui interroge. D’autant que les sélectionnés, s’ils sont de bons joueurs, n’ont pas véritablement crevé l’écran.

Le Top 14 compte environ 200 joueurs étrangers, soit 40% des effectifs environ. Dans certains clubs comme Agen ou Bègles-Bordeaux, la proportion dépasse même les 50% du vestiaire. Lors du dernier match entre les deux clubs, le 2 mars dernier, 25 des 46 joueurs présents sur la feuille de match étaient étrangers.

L’explication est simple: un joueur étranger moyen coûte moins cher que son équivalent français. Le club peut donc s’offrir un joueur confirmé pour le prix d’un jeune français au niveau encore incertain, et dont il a fallu payer la formation sans avoir la certitude de retombées sportives.

On est très loin du recrutement ciblé de joueurs d’impact ou de stars apportant une véritable plus-value sportive et économique. Pour un Wilkinson, un Sivivatu, un Botha, un McAllister, combien de Sud-Africains moyens? Plusieurs dizaines gambadent en France chaque week-end sur les terrains professionnels ou dans les divisions fédérales.

Autre avantage: les représentants de plusieurs nations ne sont pas considérés comme des joueurs extra-communautaires (dont le nombre est limité à 2 par équipe en coupe d’Europe) en vertu des accords de Cotonou, qui contiennent une clause de non-discrimination dans le travail pour les pays signataires de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique. En clair, les Fidjiens, Samoans, Tongiens et Sud-africains jouissent des mêmes droits que les Irlandais et les Italiens.

Les clubs peuvent donc empiler les joueurs des îles, sans compter la capacité légendaire des Argentins à se trouver une grand-mère et donc un passeport italien. En Top 14, depuis la mise en place des JIFF (voir plus bas), il n'y a plus de limites.

Selon les agents, les joueurs les plus demandés et donc les mieux payés sont les piliers droit (numéro 3, qui cale la mêlée, le poste le plus usant), le numéro 8 (joueur perforant mais aussi complet, capable d’orienter le jeu) et l’ouvreur (stratège et souvent buteur). Le demi d’ouverture irlandais Jonathan Sexton sera l'an prochain le joueur le mieux payé du Top 14, avec environ 600.000 euros annuel au Racing-Metro, devant Jonny Wilkinson, prolongé à la baisse par Toulon.

Or, les clubs se tournent fréquemment vers des joueurs étrangers expérimentés à ces postes stratégiques. Cette saison, onze des quatorze piliers droit titulaires étaient étrangers, dix sur quatorze pour les numéros 8, et huit sur quatorze pour les ouvreurs. Pas étonnant que le réservoir du quinze de France soit à sec à ces postes, comme en atteste le cas Michalak, demi de mêlée en club, ouvreur en sélection. Lors de son sacre européen, le XV de départ de Toulon comptait quatre Français.

Pour freiner cette évolution, les instances ont choisi voici deux ans de mettre en place la règle des JIFF, «joueurs issus de la formation française», une sorte de label visant à promouvoir les jeunes formés en France. Elle oblige les clubs à compter 50% de JIFF parmi les joueurs pros (55% l’an prochain). Le JIFF est un joueur ayant passé trois ans dans un centre de formation français, ou ayant eu une licence pendant au moins cinq saisons avant d’avoir 21 ans.

Cette règle a rapidement eu deux effets pervers.

  • 1- Créer une bulle spéculative autour des joueurs estampillés JIFF. «Certains agents, avant de nous dire si le joueur est bon ou pas bon, ils nous disent: “Il est Jiff”!, grognait l’an dernier Mourad Boudjellal, le président de Toulon. Dire ça, pour eux, c'est presque équivalent à donner le nombre de sélections.» Un joueur moyen mais éligible JIFF gagne en valeur car il aide un club à atteindre le quota et remplit une case.
  • 2- Amener les clubs à recruter des étrangers encore plus jeunes qui obtiendront le tampon «formation française». C’est ainsi le cas des deux futurs Bleus Bernard Le Roux, arrivé d’Afrique du sud à 20 ans, et Noa Nakaïtaci, débarqué des Fidji encore plus jeune. Clermont, référence française en termes de formation, a même poussé la logique jusqu'à parrainer une académie aux Fidji pour y dégoter les Nalaga du futur, les rapatrier en Auvergne dans les catégories de jeunes, histoire d'avoir demain leurs «fidjiffs».

5. Stéréotypage et formation incomplète

Conséquence logique des enjeux économiques et sportifs d’un championnat hyper compétitif et resserré, les amoureux du rugby «à l’ancienne» s’inquiètent du stéréotypage du jeu. D’autant plus en France où le rugby offensif est considéré comme l’ADN de l’équipe nationale. Force est de constater que le minimalisme est devenu la norme.

Mettre en place un plan de jeu demande du temps, et donc de la sérénité, ce que n’ont pas les techniciens soumis au besoin de résultats. Le physique devient alors l’arme principale. On limite le nombre de passes pour limiter les risques de pertes de balles, de contres. Les joueurs sont invités à courir de plus en plus vite et longtemps, à pousser de plus en plus fort, et à faire de moins en moins d’erreurs. On en arrive donc à un formatage physique et technique général. Ce qui est une bonne chose pour le niveau moyen, mais une véritable bride pour ceux qui sortent du lot. A l’exemple de François Trinh-Duc, souvent inspiré avec Montpellier, mais souvent fade avec les Bleus. La France n’a ainsi marqué que six essais en cinq matchs lors du dernier Tournoi.

Les jeunes joueurs sont mis dans un environnement de plus en plus professionnalisant, de plus en plus jeunes. Dans les grands clubs, des gamins de 14-15 ans peuvent s’entraîner trois fois par semaine, sont encouragés à goûter au renforcement musculaire, ont droit à des tests physiques réguliers, à un suivi médical mensuel et parfois à une ébauche de suivi statistique. Sont-ils capables de négocier un trois contre deux ou de lire un angle de course pour une croisé? La question est posée, et le rugby français semble confondre élitisme et championnite.

Car à l’image de leurs aînés, les ratés des équipes de France de jeunes interrogent. Les moins de 20 ans ont ainsi laborieusement battu l’Italie et l’Ecosse cette année dans le tournoi des 6 nations, et ont subi les foudres des trois autres équipes. Là encore, le constat du manager Fabien Pelous ressemble à celui de Philippe Saint-André:

«Les jeunes Gallois –seuls invaincus– sont réunis tous les quinze jours et en les affrontant, j'ai eu le sentiment de voir une vraie équipe, avec un système de jeu, alors que nous ne sommes qu'une sélection et qu'on doit tout revoir en quelques jours. On n'est pas moins bons. Ce sont les autres qui sont devenus meilleurs. Eux se sont structurés pour avoir une élite et la faire bosser plus et mieux. Toutes les autres nations se sont organisées autour de leurs équipes nationales.»

En cause, le manque de temps de jeu des jeunes joueurs dans le monde pro, et le niveau de jeu trop faible et hétérogène du championnat Espoirs (- 23 ans). Ainsi, à l’exception de deux ou trois éléments, aucun des sélectionnés pour la Coupe du monde des -20 ans (qui aura lieu en France en juin) n’a eu véritablement sa chance en championnat cette saison. «Certains sont 23e ou 24e homme dans les groupes, servent à faire l'opposition avec les boucliers. Ils stagnent, perdent le fil et la motivation», déplorait l’ancien capitaine des Bleus, toujours dans Sud-Ouest.

«Ce qui me rend fou, c'est que la France est la deuxième nation du monde en termes de licenciés. Et qu'on se présente à ces rendez-vous en outsiders. Quand on est en demi-finale, c'est un très bon résultat. Est-ce que le rugby français ne doit pas avoir des ambitions plus élevées ?»

6. Le grand stade à un milliard

Pour résoudre tous ses problèmes, la Fédération s’est tournée vers le remède miracle du sport moderne: construire un grand stade de 80.000 places, doté d'un toit, modulable et accolé à une zone commerciale profitable qui permettrait d’engranger des revenus annexes importants. Avec cela, la FFR pourrait mieux compenser l’absence des internationaux dans leurs clubs, mieux encadrer les jeunes joueurs.

Chouette idée rendue d’autant plus brillante par l’onéreuse location du Stade de France, et par l’exemple anglais, qui voit la fédération vivre grassement grâce à son antre de Twickenham.

L’objectif est d’inaugurer cette enceinte en 2017-2018. Un architecte a déjà été choisi, ainsi que le lieu: l’ancien hippodrome d’Evry. A savoir un actuel no man’s land, bien loin du cœur de Paris et de toute structure économique et commerciale fonctionnelle, sans même parler de la question des transports en commun, qui se résument pour l’heure à une lointaine station de RER D.

La Fédération va donc devoir créer de toute pièce un véritable parc autour du stade, commercial, sportif et évènementiel. Une gageure quand on parle des budgets. L’enceinte seule coûtera en effet près de 600 millions d'euros, dont 400 millions restent à trouver. La FFR espère ainsi 200 millions via un grand emprunt public, et empruntera le reste. Elle compte aussi arracher à l’Etat et aux collectivités un effort de 400 à 500 millions sur les infrastructures et la valorisation du terrain. Ce qui fait tousser la ministre des sports Valérie Fourneyron, alors que le dossier d’Evry est poussé en sous-main par Manuel Valls, l’ex-édile.

7. Copinage, conservatisme, autosatisfaction et dopage

La popularité et la médiatisation du rugby grandissent continuellement, tout comme le nombre de licenciés et partenaires. Alors pourquoi dans ce cas-là se plaindre du fonctionnement des institutions, puisque le gâteau est de plus en plus gros et les tranches de plus en plus épaisses?

La gouvernance du rugby français est pourtant loin d’être irréprochable. Entre petits privilèges, voyages gratis, et buffets à l’œil et à la louche, le professionnalisme est très loin d’être entré dans les instances de la fédération. Gouvernée depuis une vingtaine d’années par le même groupe d’hommes, dans le sillage de l’ancien président de la fédération Bernard Lapasset. Derrière l’actuelle tête de la FFR, le Basque Pierre Camou, 67 ans, l’ombre de Serge Blanco.

L’ancien arrière du XV de France, passé de la présidence de la Ligue à numéro 1 bis de la Fédé après un intermède raté à la tête de son club de toujours, Biarritz, est le vrai boss, proche des médias, des grands patrons et des politiques. Et garant de l’entre soi des barons régionaux du sud-ouest dirigeants à vie du rugby français. «Là-bas, ils sont tous cimentés sur place!», rigole ainsi Mourad Boudjellal, prompt à ruer dans les brancards d’un sport «franchouillard, conservateur et raciste».

Autre controverse du moment: la question du dopage. Après le cri lancé par l’ancien international Laurent Bénezech dans Le Monde, mal reçu par de nombreux joueurs et anciens joueurs, et a révélation d’un grand nombre de procédures suspectes dans le rugby, joueurs, entraîneurs et dirigeants ont juré leurs grands dieux qu’il n’existait pas de dopage de masse dans le rugby.

Reste que la plupart des six points précédents (et surtout l’augmentation de l’intensité des matchs, du temps de jeu, le calendrier démentiel et les enjeux économiques) poussent à sérieusement s’interroger sur la pharmacopée utilisée dans les clubs. Et à s’inquiéter pour l'intégrité morale du rugby et la permanence de ses fameuses «valeurs», brandies en étendard par les vieux briscards, pour justifier à la fois le succès de la discipline et leur main mise sur le système.

François Mazet

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