Accusée d'avoir «donné la mort» avec «préméditation» à trois de ses nouveaux-nés en 1999, 2002 et 2003, Véronique Courjault, 41 ans, a été condamnée, jeudi 18 juin, à une peine d'emprisonnement d'une durée de huit ans par la cour d'assises d'Indre-et-Loire. L'avocat géneral avait réclamé une peine de dix ans. La défense, coordonnée par Me Henri Leclerc avait demandé aux jurés non pas «l'impossible» mais «l'impensable». Faire en sorte que Véronique Courjault soit, ce jeudi soir, chez elle dès lors qu'elle aura accepté le principe de l'injonction thérapeutique. En d'autres termes, libre mais à une seule condition: accepter de sortir de ses brouillards et de reconnaître la monstruosité de des gestes. Accepter, si elle le peut et s'il existe, de franchir le miroir.
Au terme de la plaidoirie de Me Leclerc, le président Domergue avait demandé à l'accusée si elle souhaitait ajouter quelque chose pour se défendre. Véronique Courjault s'était alors levée. «Oui... J'ai essayé de m'expliquer... Je n'ai sans doute pas toujours eu les mots... à la hauteur. J'ai conscience d'avoir tué nos enfants... Cela me restera tout le temps».
L'accusée avait reconnu les faits, on ne peut plus graves, qui lui étaient reprochés - tests ADN à l'appui - de 2002 et 2003. Et c'est elle qui avait révélé aux enquêteurs policiers qu'elle avait pratiqué un autre infanticide, «entre mai et août 1999» à Villeneune-la-Comtesse.
Curieusement les jurés de la cour d'assises d'Indre-et-Loire n'ont pas retenu la «préméditation» pour le fait d'avoir la mort en 1999. Pourquoi? Le saura-t-on jamais?
Jean-Yves Nau
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Image de une: Henri Leclerc, un des avocats de Véronique Courjault. Stephane Mahe / Reuters