Salut! Je suis un quokka (prononcez «kwoka»). Je sais: j’ai l’air presque trop mignon pour être vrai. Pourtant, j’existe bel et bien et je suis 100% naturel. Je suis un macropode (une sorte de marsupial), gros comme un chat domestique, et je vis en Australie occidentale. Peut-être connaissez-vous déjà mes cousins kangourous et wallabys (eux aussi macropodes)?
Si c’est le cas, vous savez sans doute que la plupart d’entre eux sont incapables de grimper aux arbres. Moi, je peux. Aucun d’entre nous ne peut donner naissance à plus d’un bébé à la fois. Et après la naissance, nous devons le porter dans notre poche durant six mois environ. Pas cool.
L’avantage, en revanche, c’est que la gestation ne dure qu’un mois! Vous nous trouverez principalement sur les îles situées au large de la côte sud-ouest de l’Australie. Autrefois, j’avais aussi de la famille sur le continent, mais c’était avant le défrichage, l’apparition des cochons sauvages et le développement agricole. Lorsqu’ils parviennent à garder leur sérieux et à parler de moi sans gagatiser, les scientifiques me décrivent généralement comme un animal trapu, au pelage épais, brun-gris, avec des oreilles rondes, une tête large, un arrière-train court et une queue sans poils, de petite taille. Cette dernière m’aide à me faufiler rapidement dans les tunnels que je crée moi-même dans les broussailles (sinon, on dit aussi de moi que je suis: dodu, touffu, souriant, chou, rigolo et surtout trooop mignon.)
Que dire de plus? Je me nourris de plantes locales et de feuilles de mimosa. Je fouille dans le sol. Je suis un animal nocturne. Je vis dans des groupes de 25 à 150 adultes, organisés autour de mâles dominants (je sais que vous avez du mal à imaginer un quokka agressif, mais croyez-moi, certains peuvent se montrer particulièrement belliqueux lorsque, en été, un autre essaie de leur piquer leur abri. C’est qu’il fait plutôt chaud dehors.) Bien que je préfère vivre dans les espaces boisés, les arbustes denses et à la périphérie des marais, je peux aussi survivre dans des habitats qui ne possèdent quasiment pas d’eau douce, puisque c’est mon régime végétarien qui m’apporte la majeure partie de l’eau dont j’ai besoin (Car toutes mes rondeurs sont uniquement dues à l’eau. Oui, parfaitement.)
Délice culinaire
Un détail amusant: je ne mâche pas ma nourriture; je l’avale d’abord et je la régurgite ensuite pour la ruminer. Un délice. Parfois, aussi, je souffre de dystrophie musculaire et il arrive que les scientifiques m’utilisent pour la recherche médicale (Je vous en prie, ne me remerciez pas!)
En dehors de ça, il paraît que je suis délicieux à manger. Et malheureusement, je ne suis pas très doué pour me défendre contre les prédateurs (dingos, chiens, chats, chats sauvages, grands oiseaux, renards…)
Mes congénères et moi-même occupons un espace de plus en plus restreint. Cela est dû en partie au fait que nous nous laissons facilement dévorer. Notre nature ouverte et sociable fait de nous une cible de choix pour les carnivores affamés. Ce n’est pas de notre faute: nous avons évolué sans prédateur naturel!
Les populations de quokkas ont commencé à diminuer sur le continent australien dans les années 1930, après que les colons européens y ont introduit le renard roux. Toutefois, c’est la dégradation de notre habitat (par débroussaillage, etc.) qui nous a porté le coup le plus dur. De nos jours, nous sortons peu, restant principalement sur Rottnest Island et l’île voisine, Bald Island (Vous voulez savoir l’origine du nom de Rottnest Island? C’est l’explorateur néerlandais Willem de Vlamingh qui, en 1696, a inventé le nom Rotte Nest (nid de rats) après avoir rencontré l’un de mes ancêtres, qu’il a décrit, ce crétin, comme «une sorte de rat, gros comme un chat». Tout le monde ne sait pas apprécier ce qui est mignon.)
Un petit conseil: attention à ne pas me confondre pas avec mon cousin, plus méchant, le dasyure, qui vit principalement en Tasmanie et en Nouvelle-Guinée, mais aussi en Australie:
Le dasyure est carnivore, principalement solitaire et, franchement, un peu féroce: je vous épargne les détails sur la façon qu’il a d’immobiliser et de lacérer ses proies avant de les dévorer, ce n’est pas joli joli.
Au secouuuuurs!
Bref! Vous vous demandez sans doute pourquoi un quokka écrit un article pour Slate. Laissez-moi vous expliquer: tout d’abord, je suis, comme vous avez pu le constater, extrêmement photogénique. En me voyant, la plupart des rédacteurs ont craqué et ont déclaré que 2013 serait l’année officielle du quokka, avec toutes sortes de portraits élogieux et d’articles de fond à mon sujet.
Par ailleurs, et surtout, au mois de février débute sur Slate une série d’articles consacrés à l’avenir de la faune dans le monde après le changement climatique. Je ne fais pas partie des espèces en danger critique d’extinction, mais l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) me classe dans la catégorie «vulnérable» de sa liste rouge. En raison de mon territoire restreint, je suis exactement le genre d’animal qui pâtit des dangers qui s’abattent sur mon minuscule habitat.
Alors potassez le sujet, continuez à utiliser les sacs écolos pour vos courses, sortez votre vélo du garage et n’hésitez pas à laisser votre avis (sur les quokkas, les changements climatiques ou sur le monde animal en général) dans les commentaires.
Adorablement vôtre,
Un quokka (et Katy Waldman)
Traduit par Yann Champion