Mercredi 14 novembre, la superstar du PSG Zlatan Ibrahimovic a marqué quatre buts pour la Suède en match amical contre l’Angleterre (4-2), exploit rarissime en football international, surtout contre une grande nation. Mais c’est la manière dont il a marqué le dernier de ces buts qui restera dans les mémoires: un superbe ciseau acrobatique retourné de 25 mètres qui lobe le gardien Joe Hart et le défenseur anglais venu lui prêter main forte.
Très vite, une question était partout, d’abord sur Twitter puis dans les médias: Zlatan a-t-il marqué le plus beau but de l’histoire? Disons le tout de suite, la notion même de plus beau but de l’histoire est discutable. Si on peut débattre de la valeur esthétique de ce but par rapport à d'autres buts célèbres, l'enjeu ou la rivalité symbolique entre les deux nations sont loins d'être les mêmes que pour le célèbre slalom de Maradona, par exemple.
Cette subjectivité n’empêche pas les classements de fleurir un peu partout sur Internet. Et tout le monde y va du sien, des médias aux fans qui réalisent leurs propres compilations sur YouTube. Même la Fifa élit depuis 2009 le plus beau but de l’année à travers le prix Puskas, du nom de l’illustre joueur hongrois des années 50 (l'organisation a d’ores et déjà annoncé que le but de Zlatan ne serait pas en compétition en 2012, le vote ayant commencé).
Pour les puristes, le vrai temple du beau but sur Internet s’appelle TVGolo, un site portugais qui propose des résumés de tous les matchs de première (et parfois même deuxième et troisième) division dans près de 60 pays, et qui sort chaque semaine une sélection en vidéo des dix plus beau buts du monde sur la période avec vote des internautes.
La répétition des images de filets qui tremblent est telle qu’il est en fait possible d’identifier les six grands types de buts susceptibles de se faire une place dans ces classements.
Et si les accros à ce genre de compilations ont été moins impressionnés par la merveille de Zlatan, tout habitués qu’ils sont aux buts spectaculaires marqués chaque weekend sur les rectangles verts de la planète avec des commentaires en langages exotiques, ils savent qu’Ibrahimovic est un récidiviste. Il est peut-être même le joueur le plus emblématique de cette ère du but YouTube, parce qu’il a déjà marqué plusieurs fois tous les types de buts dont se régalent les faiseurs de classement, et que l’on peut faire un Top 10 très honorable de ses meilleurs buts chaque année. Récapitulatif typologique.
La frappe surpuissante de plus de trente mètres
Le modèle. L’exemple qui revient le plus souvent est le coup-franc du brésilien Roberto Carlos en match amical à Gerland contre la France en 1997 (une mention également ici au néerlandais Clarence Seedorf, un habitué).
La Zlatan. Ibrahimovic a montré à de nombreuses reprises qu’il savait faire rentrer un ballon dans un but en tirant très fort dedans à plus de trente mètres.
Le slalom dans la défense
Le modèle. Ici, le grand maître s’appelle Diego Maradona et son fameux but face à l’Angleterre à la Coupe du monde 1986 (copié depuis avec une ressemblance troublante par Lionel Messi).
La Zlatan. A ce petit jeu là, le Suédois peut prétendre, avec raison, à une place sur le podium, avec ce qui était sans doute jusqu'à mercredi soir son but le plus célèbre, sous le maillot de l'Ajax Amsterdam.
La volée classique, bicyclette ou retourné acrobatique
Le modèle. En ce qui concerne la volée classique, les buts de Van Basten en finale de l'Euro 88 avec les Pays-Bas ou de Zidane en finale de la Ligue de Champions 2002 avec le Real Madrid sont au-dessus du lot. Côté acrobatique, le célèbre but de Rivaldo revient souvent dans les Top 10 (en France, la référence s’appelle Jean-Pierre Papin, et ailleurs on n’oubliera pas Rooney, pour ne citer que lui).
La Zlatan. Encore une fois, Zlatan est un des meilleurs spécialistes mondiaux. Il l’a prouvé mercredi soir contre l’Angleterre, mais l’avait déjà montré contre la France lors de l’Euro 2012 ou encore avec le Milan AC.
Le lob
Le modèle. Quand on parle lob, on pense à David Beckham, Eric Cantona, Nayim ou encore à l’espagnol Xabi Alonso.
La Zlatan. Pour changer, il n’y a que l’embarras du choix du côté de Zlatan. Retenons celui-ci.
Le geste sorti de nulle part
Le modèle. Le joueur est dans la surface de réparation adverse, le ballon lui arrive à une hauteur ou à une vitesse qui ne lui permet pas de faire une reprise ou une tête classique, il décide alors d’instinct de tenter un geste fou avec une partie du corps improbable (souvent le talon), le ballon finit au fond des filets.
Le geste incroyable du néerlandais Dennis Bergkamp est resté dans les mémoires et revient inlassablement dans les tops 10 (ceux du parisien Charles-Edouard Coridon ou de Madjer en finale de Coupe d'Europe en 1987 ne sont pas mal non plus).
La Zlatan. Cette catégorie pourrait justement être renommée «la Zlatan». Ibrahimovic a marqué une bonne demi-douzaine de buts extraordinaires dans des positions complètement inattendues, avec la Juventus, la Suède ou plus récemment avec le PSG contre l’OM. Mais sa plus belle «zlatanade» est sans doute celle qu’il a réussie avec l’Inter face à Bologne en Série A.
Le but collectif
Le modèle. Le seul qui compte vraiment aux yeux des amoureux du beau jeu à la nantaise, du Barça ou de la sélection espagnole.
La (non-)Zlatan. C’est aussi la seule catégorie de laquelle Ibra est absent. Et même s’il sait aussi distribuer les passes décisives, cela veut tout dire sur ce joueur hors du commun.
Grégoire Fleurot