D’un point de vue français (et la France est singulièrement obamaniaque parmi les nations, puisqu’un sondage de la BBC indique que nous sommes 72% à lui vouer un culte contre 65% des Anglais et 45% des Espagnols), Barack «Yes we can» Obama ne devrait faire qu’une bouchée de Mitt «No we can’t» Romney la semaine prochaine.
Il est grand, il est beau, il est noir, il est ce que l’Amérique peut produire de plus familier en matière de social-démocratie à la mode de chez nous…. Bon bien sûr, il n’a pas fermé Guantanamo comme promis dans un moment d’égarement, il n’a pas réellement retiré ses troupes d’Afghanistan et d’Irak, il n’a pas non plus éliminé le chômage, stoppé la crise, réduit le nombre d’expulsions d’étrangers illégaux ou même entamé le redressement d’un système scolaire en déliquescence mais il a mis en place un système d’assurance maladie (presque) universel et ça, vu de Paris, c’est un peu comme se réclamer directement de la Révolution de 1789.
Le souci, c’est que les Américains ont surtout tendance à considérer le verre à moitié vide ces jours-ci. Et que le coefficient de compatibilité de leur leader avec le programme politique du Conseil National de la Résistance de l’après-guerre gaulois, ils s’en tamponnent gentiment le coquillard. Comme la France sous Sarkozy il y a quelques mois, les Etats-Unis sous Obama sont en pays en plein marasme économique, dont tous les comptes publics sont dans le rouge, où les chômeurs de longue durée se découragent et qui s’interroge sur sa place dans le monde.
Comme les Français il y a quelques mois, les Américains pourraient donc ―injustement? Légitimement? Qui peut vraiment le dire?―, renvoyer le beau, grand, noir président à ses activités de travailleur social de Chicago et le remplacer par un milliardaire mormon du Massachussetts. Auront-ils le sentiment, au réveil, de n’avoir pas vraiment gagné au change? C’est possible et même probable. Comme ces obamaniaques de Français, on vous dit.
Hugues Serraf