Les vacances d’été touchent à leur fin pour beaucoup d’entre nous : il est temps de faire les premiers bilans, parmi lesquels figure en bonne place, bien évidemment, celui des jeux de plage et de jardin 2012. Pour Slate, j’ai testé avec abnégation et en conditions réelles, accompagné d’enfants de tous âges, 5 jeux d’été placés en tête de gondole cette année. J'ai pris en compte cinq critères pour fixer la note globale: le prix du jeu, la qualité de l'emballage, la dose d'amusement, la facilité d'emploi et sa practicité.
Une manière de prolonger l’été, et de permettre aux arrogants septembriers de faire un choix de qualité pour leurs prochains congés.
2. Le Squap - “Super * Groovy * Simply More”
(source: emballage)
Description
Nous abordons enfin dans ce banc d’essai un objet totalement inédit, ouvrant une nouvelle brèche dans l’univers si exigeant des jeux de raquettes et de plage. Le Squap a été inventé par deux Zurichois, Gregor Altenburger et Urs Robustelli, après des années passées dans leur garage à créer un prototype de raquette pouvant projeter une balle par l’ouverture brusque d’une toile en tissu.
Essayez de visualiser des pompiers au bas d’un immeuble venant de réceptionner une personne dans une bâche, le tissu s’en voit incurvé sous le poids de la personne. Si les pompiers s’amusaient alors à tendre la bâche en tirant celle-ci de toute leur force, la personne serait projetée à plusieurs mètres: ça ne serait pas très drôle de faire ça, mais c’est le principe du squap.
Vos doigts sont attachés sur chacune des deux parties de cette raquette-mâchoire, vous permettant de saisir la balle entre ses deux tamis, puis de la relancer à votre adversaire en l’ouvrant, le déploiement de la toile servant de propulsion.
Revendications de l’emballage
Le Squap mise sur sa facilité et son angle multigénérationnel: on voit sur l’emballage des enfants adopter avec beaucoup d’insolence différentes positions de raquettes.
Si la balle n’est présente sur aucune des photos, force est de reconnaître que le Squap, à l’usage, est un jeu très agréable pour sa facilité. Dès 6 ans, un bambin sans aucune coordination parvient à attraper la balle sous les mâchoires souples de l’engin, et à la relancer - la propulsion de la balle dépendant plus de la tension de la toile que de la puissance donnée au mouvement.
Les choses deviennent plus agaçantes à un autre endroit de l’emballage, avec l’inévitable photo du père enthousiaste, que trois quarts des jouets de loisirs nous imposent sans vraiment doser les conséquences d’une telle propagande.
La
photo de père enthousiaste est une plaie gigantesque de l’industrie du
loisir. La plus grand pourvoyeuse de pères enthousiastes reste
l’enseigne Décathlon, qui à chaque rayon illustre un sport ou un loisir
par la photo d’une famille embarquée dans d’improbables aventures
physiques, dans lesquelles le père est systématiquement hilare, heureux,
détendu. L’image qui me choque le plus depuis plusieurs année est celle
du rayon pêche -un père pèche avec ses deux enfants dans la paix et la
joie la plus totale.
Messieurs: si vous avez pour projet de fonder une famille, de vous lancer dans la fabrication d’un enfant et de devenir pères, sachez que cette publicité est mensongère.
Le seul moyen pour que vous puissiez être serein et détendu à la pêche avec deux enfants âgés de sept ans serait qu’ils soient pris en charges par quatre personnes entièrement dédiées à leurs besoins. Que les cannes soient montées par ses professionnels en votre absence. Qu’une limousine vous amène au lieu de pêche avec un porteur de canne à pêche, lorsque les lignes de vos enfants sont déjà à l’eau, et qu’à la moindre alerte de fil coincé, d’envie pressante asynchrone de la part d’un des enfants, ou d’objet renversé dans l’eau, une équipe de professionnels prennent en charge l’incident à votre place. C’est le SEUL moyen pour être souriant à la pêche en compagnie d’enfants - et plus globalement le seul moyen pour que vous puissiez réussir à pêcher pendant cette session.
En faisant abstraction de cette image d’un père heureux de jouer pied nus dans un jean bien trop serré, le soleil tapant fort sur son crâne chauve, nous pouvons considérer le squap comme éminemment sympathique.
Bilan
Original, solide, et pourvu de trois balles de rechange, le squap est la bonne surprise de ce banc d’essai. Facile à maîtriser au bout de quelques minutes, par enfants et vieillards, il ne nécessite ni force ni une grande précision tant qu’on se limite à rattraper et se renvoyer la balle. Chose rare, les échanges, même en compagnie d’adversaires novices, peuvent dépasser les 8 à 10 allers retours, à de grandes distances séparant les joueurs.
Si de nouvelles déclinaisons pouvaient être faites de l’objet, et afin d’assurer une carrière sportive à ce jeu, il serait souhaitable d’utiliser des matières plus nobles telles que le cuir, l’acier et une balle en feu -s’il est fort sympathique, il faut beaucoup d’abnégation pour jouer entre adultes au Squap sur une plage sans attirer quelques regards un peu désolés.
Un point bonus est accordé au squap pour sa sonorité. La sonorité du jeu d’été est un facteur très important - il contribue à ancrer vos souvenirs, il revêt rapidement un rôle affectif. Je pense au son des raquettes de beach ball en bois sur la plage, en fin de journée, je pense au cliquetis du ping pong, systématiquement associé à l’odeur de la merguez ou de la chipolata grillant sur le barbecue. Je pense au dzoing aérien du badminton, à la sensation du gazon sous les pieds nus.
Le Squap participe à cette construction sensorielle du souvenir d’été, par son bruit assez caractéristique, provoqué par la mâchoire en plastique se refermant et s’ouvrant, un bruit présent mais pas spécialement désagréable à moins que vous n’écriviez une thèse à quelques mètres des joueurs.
En plus de sa facilité et de son aspect ludique, le squap a le son, et il en faut peu pour en faire un classique de nos plages et jardins dans quelques années.
SMOBY SQUAP - 22,00€
EMBALLAGE: 4/5
FACILITE D’EMPLOI: 4/5
DOSE D’AMUSEMENT: 4/5
PRATICITÉ: 4/5
«BONUS SON»: 1pt
NOTE GLOBALE: 17/20
Henry Michel