Les vacances d’été touchent à leur fin pour beaucoup d’entre nous : il est temps de faire les premiers bilans, parmi lesquels figure en bonne place, bien évidemment, celui des jeux de plage et de jardin 2012.
Pour Slate, j’ai testé avec abnégation et en conditions réelles, accompagné d’enfants de tous âges, 5 jeux d’été placés en tête de gondole cette année.
Une manière de prolonger l’été, et de permettre aux arrogants septembriers de faire un choix de qualité pour leurs prochains congés.
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3 Le Diabolo Spin (source: emballage)
Description
Qui a fréquenté les parvis de facultés de lettres, les couloirs de leurs départements «arts du spectacle», ou tout simplement les parcs de n’importe quelle grande ville a forcément rencontré un diaboliste - adepte du Diabolo.
Sport de jongle consistant à balader une sorte de poulie constituée de deux cônes, glissant et rebondissant sur un fil tendu entre deux baguettes, le diabolo n’a jamais vraiment été à la mode, ni ne s’est démodé. En-dehors du temps, il est une discipline désuète et animée par une communauté de passionnés, qui tentent d'enchaîner des figures dont la complexité peut parfois dépasser le badaud.
Le diaboliste, souvent pédagogue et passionné par son art, a deux points communs avec l’accordéoniste.
- 1. Nous les regardons avec un respect mêlé d’une grande circonspection sur le bien fondé d’une telle passion.
- 2. Le diaboliste et l’accordéoniste ne savent pas trop quoi faire de leur visage et enchaînent souvent des expressions faciales très inégales, tantôt de concentration, tantôt d’une jovialité excessive.
Surfant sur la non-vague du Diabolo, une entreprise italienne a décidé de créer le Diabolo Spin. Une modernisation du diabolo, en substituant les habituelles baguettes par des sortes de manchons à deux tiges, à la croisée du double godemichet et du Saï, une arme japonaise popularisée par les Tortues Ninja.
La discipline, dénuée ainsi de son agrès de jonglage, devient alors un sport «de raquettes», où l’on doit projeter le diabolo vers son adversaire qui le recueillera à l’aide de sa tige (l’exercice peut être réalisé devant des mineurs).
Revendications de l’emballage
L’emballage brille par sa sobriété –what you see is what you get. Aucune phrase d’explication ni de slogan publicitaire pour appâter le chaland. Seules indications, plusieurs schémas de lancers –un «basique», geste par en dessous, et un «pro», geste par en dessus– bien que le mot pro puisse laisser croire qu’une ligue professionnelle de Diabolo Spin un jour puisse exister, ce que je ne souhaite à aucun pays du G20 au vu de la gravité de notre situation et de la présence d’enjeux bien plus importants que la professionalisation de cette activité.
D’un point de vue du stylisme, les photos présentes sur l’emballage sèment le trouble et apportent un nouveau souffle à l’univers du Diabolo, traditionnellement prisé par de jeunes gens à dreadlocks et en pantalons à toile: ici, nous avons à faire à des jeunes très «street».
On aperçoit notamment un jeune garçon portant un swet-shirt «graff», complètement urbain, et une jeune fille qui malgré des atours vestimentaires plutôt bourgeois, s’encanaille d’une casquette à l’envers. Le dispositif laisse penser que le photographe en charge de l’emballage approche les quatre-vingt ans, et a du puiser dans les moindres recoins de son imagination pour définir ce qu’était un jeune de 2012 au travers des costumes de ce shooting: «blue jeans, survêtement “graffiti” et casquettes».
Les trajectoires rajoutés en infographie, complètement improbables, laissent cependant dégager une impression de mouvement et de petite folie à ce sport qui, brisons le suspense, est particulièrement laborieux.
Bilan
De tous les jeux testés, le Diabolo Spin est sûrement le plus délicat à découvrir. Le lancer nécessite une tenue très particulière de la tige pour que la toupie parte droite -un mouvement de rotation étant quasiment obligatoire. Un geste de travers, et celle-ci partira en un mouvement elliptique désordonné qui rendra impossible la récupération par le partenaire.
C’est le charme de ces jeux de raquettes, qui les distingue d’un sport: le but ici n’est pas d’empêcher l’adversaire de renvoyer la balle ou l’objet, mais au contraire de faire en sorte à ce qu’il y arrive.
Lorsque que c’est le cas, après une très pénible domestication de la toupie et de la tige, le diabolo jaillit de façon très aérienne —à l’instar de son grand cousin— et un bon positionnement de la tige à l’horizontale à l’arrivée de cette trajectoire permet une récupération plutôt facile, et assez impressionnante.
Au bout d’une demi-heure de jeu, on se surprend à envoyer l’engin avec beaucoup plus d’aisance et de hauteur, et les réceptions deviennent plus audacieuses.
Malgré la grande limitation de tricks à réaliser, le diabolo spin aborde un autre rapport au temps et à l’effort qu’un simple jeu de raquette, et provoque une grande complicité entre le lanceur et le receveur, qui doivent surveiller et peaufiner avec attention leur collaboration.
C’est un jeu d’attention et de sang-froid qui nécessite du soin et une certaine coordination, ressources que le joueur, hélas, n’a pas forcément envie de développer sur une plage en pleine digestion d’anchoïade.
DIABOLO SPIN (Androni Giocattoli S.r.l) - 9,00€
EMBALLAGE: 3/5
FACILITE D’EMPLOI: 3/5
DOSE D’AMUSEMENT: 4/5
PRATICITÉ: 3/5
NOTE GLOBALE: 13/20
Henry Michel