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Comme Mark Chapman, d'autres tueurs américains célèbres échouent à obtenir leur liberté sur parole

Temps de lecture : 3 min

L'assassin de John Lennon a vu repoussée sa septième demande en ce sens. D'autres prisonniers de renom, de Sirhan Sirhan à Charles Manson en passant par «Son of Sam», essuient eux aussi régulièrement le veto de la justice.

Deux photos de Mark Chapman prises par la police de New York en décembre 1980. REUTERS/Stringer.
Deux photos de Mark Chapman prises par la police de New York en décembre 1980. REUTERS/Stringer.

Mark David Chapman devra au moins attendre août 2014 pour éventuellement recouvrer la liberté. Condamné à la prison à perpétuité avec vingt ans de période de sûreté en 1981 pour avoir assassiné, le 8 décembre 1980, John Lennon devant son domicile new-yorkais, il a vu sa septième demande de libération sur parole rejetée par la justice de l'Etat de New York, jeudi 23 août.

«En dépit de vos efforts positifs durant votre incarcération, votre libération porterait grandement atteinte au respect de la loi et tendrait à banaliser la mort tragique que vous avez causée par votre crime haineux, délibéré, violent, et froidement calculé», a expliqué la commission de trois membres chargée d'étudier sa demande, selon l’AFP, tout en notant néanmoins la bonne conduite du détenu. Yoko Ono, la veuve du Beatle disparu, s’était opposée à la libération sur parole de son meurtrier.

Aux Etats-Unis, une condamnation à la prison à vie peut être prononcée avec possibilité de demander une libération sur parole ou sans —dans ce dernier cas, où le prisonnier ne peut espérer qu’une mesure de grâce du pouvoir politique, on trouve, par exemple, Theodore Kaczynski alias Unabomber, le responsable de l’attentat de 1993 contre le World Trade Center Ramzi Yousef, le célèbre ex-condamné à mort Mumia Abu-Jamal, le Français Zacarias Moussaoui, condamné pour son implication dans les attentats du 11-Septembre, ou le responsable de la fusillade de Tucson Jared Lee Loughner, qui vient de plaider coupable pour éviter un procès.

«Je ne suis pas le prisonnier moyen»

A l’inverse, d’autres prisonniers condamnés à la prison à vie pour tentative de meurtre dans des affaires célèbres ont réussi ces dernières années à obtenir leur libération sur parole. C’est le cas par exemple de Lynette Fromme et Sara Jane Moore (toutes les deux condamnées pour avoir tenté d’assassiner le président Gerald Ford) ou de Arthur Bremer (qui tenta en 1972 d’assassiner le candidat démocrate à la Maison Blanche George Wallace, qui resta paralysé).

Mark David Chapman a donc lui échoué dans sa tentative, sort qu'il partage avec d'autres criminels célèbres des années 60-70.

Sirhan Sirhan. Condamné pour l’assassinat de Robert Kennedy en juin 1968 à Los Angeles, cet activiste pro-palestinien a vu rejetée en 2011 sa treizième demande de libération sur parole, la justice estimant qu’il n’avait pas suffisamment endossé la responsabilité du meurtre du frère de JFK, l'ancien Président américain. Son avocat affirme lui qu'il est innocent du crime dont on l'accuse car il a subi un lavage de cerveau à l'époque dans le cadre d'une conspiration. Aujourd’hui âgé de 66 ans, il devra attendre 2016 pour présenter une nouvelle demande.

Charles Manson, Bobby Beausoleil, Patricia Krenwinkel, Leslie Van Houten et Charles «Tex» Watson. Les cinq derniers membres incarcérés de la «Manson Family» sont derrière les barreaux depuis leur série de meurtres de l’été 1969, notamment celui de l’actrice Sharon Tate, épouse de Roman Polanski. Tous se sont depuis vus refuser à de nombreuses reprises leur libération sur parole.

Pour Manson, la dernière demande en date a été rejetée en avril dernier, à l’issue d’une audience où il ne s’est pas présenté et où a été lu un rapport d’expertise psychologique selon lequel il aurait déclaré:

«Je suis spécial. Je ne suis pas le prisonnier moyen. J’ai envoyé cinq personnes au cimetière. J’ai été en prison la majeure partie de ma vie. Je suis un homme très dangereux.»

Quand «Son of Sam» dénonce les armes

David Berkowitz. Le grand public connaît davantage sous le surnom «Son of Sam» celui qui a commis six meurtres à New York en 1976-1977, épisode qui a inspiré à Spike Lee son film Summer of Sam. Devenu born again christian en prison, il s’est vu refuser cinq fois sa libération conditionnelle —le plus récemment en 2010— et affirme désormais ne plus vouloir la demander.

Dans la foulée des récents massacres d’Aurora et du temple sikh de Oak Creek, il a donné une interview au New York Daily News en appelant la société américaine à cesser de «se glorifier des armes».

D’autres tueurs en série célèbres des années 70, comme Kenneth Bianchi («l’étrangleur des collines» de Los Angeles) ou Ronald DeFeo Jr. (le «tueur d'Amityville», qui a inspiré la série de films éponyme) ont également échoué récemment à obtenir leur libération sur parole.

Le cas particulier de John Hinckley Jr. Contrairement aux autres, l’homme qui a tenté d’assassiner Ronald Reagan en 1981 n’a pas été condamné à la prison à vie, mais reconnu irresponsable de ses actes et interné. Il a depuis obtenu des permissions de sortie, notamment pour visiter sa mère.

L’an dernier, l’hôpital St Elizabeths de Washington, où il réside, a proposé d’allonger ses permissions de sortie pendant quelques mois puis, après cet essai, d’examiner s’il était possible de le libérer de manière permanente avec suivi médical.

Alors que ses avocats estiment qu’il ne présente plus de danger, les autorités ne sont pas de cet avis, affirmant notamment qu’il a menti sur ses activités au cours de permissions de sortie. La décision de la justice sur son cas est pour l’instant en suspens.

Jean-Marie Pottier

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