Ce n'est pas parce qu'il ne fait pas chaud en France que ce n'est pas le cas ailleurs. La semaine dernière, une vague de chaleur s'est abattue sur le nord-ouest des Etats-Unis, entraînant les températures aux alentours de 40°C.
Ces fronts suant à grosses gouttes de Washington à Boston ont inspiré à un lecteur de l’Explication la question suivante: faut-il essuyer la sueur, ou cela l’empêche-t-il de nous rafraîchir?
Ne pas s’essuyer à moins d’être trempé. La sueur évacue la chaleur par l’action rafraîchissante de l’évaporation. En passant de l’état liquide à l’état gazeux, chaque gramme de sueur absorbe 2.427 joules d’énergie émise par notre corps, et dissipe la chaleur correspondante dans l’environnement.
Or, si l’on éponge sa transpiration avant qu’elle ne s’évapore, le processus est interrompu et l’on devra suer un peu plus pour obtenir le même degré de rafraîchissement. D’un autre côté, les gouttes de sueur qui tombent par terre avant de s’évaporer n’ont aucun effet bénéfique. Donc, si l’on est en nage, autant s’éponger.
Un problème de (tour de) taille
Chez les obèses, ou quiconque est passé par un accroissement important de sa masse corporelle, les gouttes de sueur peuvent poser un problème. Lorsqu’on acquiert du poids et du muscle, on ne gagne pas plus de glandes sudoripares. Du coup, quand on est corpulent, on présente une densité moins grande de glandes sudoripares à la surface de la peau, qui sont donc plus espacées.
En conséquence, la transpiration couvre moins régulièrement le corps et pour compenser, on doit émettre plus de transpiration. D’autre part, plus on est gros, plus on transpire, car il faut plus d’énergie pour se déplacer. Lorsqu’on transpire trop, l’humidité peut s’agglutiner en filets et s’écouler, entraînant déshydratation et surchauffe (il n’existe aucune preuve de l’assertion selon laquelle les gros transpirent plus car ils seraient dotés d'une couche isolante).
Un problème de production de chaleur
Peut-être avez-vous appris que les gens en forme transpirent plus que leurs congénères raplapla, leurs corps régulant leur température de façon plus active, ou plus efficace. Des recherches ont toutefois montré que sportifs et sédentaires transpirent à un rythme équivalent lorsqu’ils pédalent à la même vitesse sur un vélo d’intérieur. En fait, le rythme individuel de transpiration semble plutôt dépendre de la production de chaleur, de la masse corporelle et de la surface corporelle que du degré de forme physique.
La vague de chaleur de cette semaine fut incontestablement difficile, mais se réfugier dans la fraîcheur de son appartement climatisé est une stratégie perdante sur le long terme. Plus on passe de temps dans un environnement chaud, plus le corps apprend à gérer la chaleur.
Le rythme maximum de transpiration s’élève, le volume du plasma sanguin —le fluide à l’origine de la transpiration— s’accroît, et l’on perd moins d’électrolytes dans la transpiration.
Toutefois, si vous désirez exploiter au maximum le potentiel de vos glandes sudoripares, buvez des boissons chaudes. Un verre d’eau glacé abaisse brièvement votre température centrale et procure une sensation agréable quand il fait chaud, mais c’est un remède très transitoire. Boire une tasse de thé bien chaude va vous échauffer de l’intérieur, vous faisant transpirer, et le surcroît de transpiration obtenu fait plus que compenser la température du thé.
Brian Palmer
Traduit par David Korn
L’explication remercie Ollie Jay de l’université d’Ottawa. Merci également à notre lecteur Gabriel Mann pour nous avoir soumis cette question.
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