France

Forsane Alizza, ses buts, ses membres

Temps de lecture : 3 min

Dix-neuf personnes soupçonnées de graviter autour du groupement pro-djihadiste, qui se fait appeler Les Cavaliers de la fierté, ont été arrêtées.

Vidéo du leader du groupe Mohammed Achamlane, postée le 6 février 2012.
Vidéo du leader du groupe Mohammed Achamlane, postée le 6 février 2012.

Gros «coup de filet» dans les milieux islamistes ce 30 mars, a priori sans lien avec l'affaire Merah. Au matin, dix-neuf personnes soupçonnées de graviter autour du groupement pro-djihadiste, dissous en janvier 2012, Forsane Alizza, ont été arrêtées notamment «à Toulouse et Le Mans, plus d'une semaine après la mort de Mohamed Merah. Des interpellations ont eu lieu également en région parisienne, autour de Lyon et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cette vaste opération était menée avec, pour certaines cibles, l'appui du Raid et de du GIPN», précise Le Monde. «Parmi les personnes arrêtées figure Mohammed Achamlane, ancien chef de file de Forsane Alizza, interpellé en Loire-Atlantique. Emir national autoproclamé et chef de file des “Cavaliers de la fierté”, [il] se fait aussi appeler Abou Hamza», explique Christophe Cornevin dans Le Figaro.

Nicolas Sarkozy, invité de la matinale d'Europe 1, a commenté l'opération qui «n'est pas liée simplement à Toulouse, c'est sur tout le territoire, c'est en lien avec une forme d'islamisme radical et c'est en plein accord avec la justice».

«Je peux vous dire qu'un certain nombre d'armes, des Kalachnikov, ont été saisies et que dans la République française, quand on habite dans un quartier, on n'a pas à y habiter avec une Kalachnikov.»


Sarkozy : les interpellations "vont continuer" par Europe1fr

Plusieurs armes auraient été saisies lors de l'interpellation de Mohammed Achamlane, notamment «trois Kalachnikov, un pistolet Glock et une grenade», selon Europe 1.

Forsane Alizza? Le nom de ce mouvement avait été évoqué au début de l'affaire Merah, l’imam de la mosquée de Drancy en Seine-Saint-Denis, Hassan Chalghoumi, président de la Conférence des imams de France faisait aussi le lien. Familier de coups d’éclat, Forsane Alizza (les cavaliers de la fierté) ne compterait pas plus de quelques centaines de membres en France.

Encore en activité tôt dans la matinée du 21 mars, le site Internet de ce mouvement affiche désormais le message suivant:

«Mode Maintenance. Salamou alaykoum warahmatoulah wabarakatouh» («Que la paix, la miséricorde et l’abondance soient sur vous», ndlr), l'équipe Forsane Alizza est dissoute, cependant nous subissons toujours de grosses pressions malgré la fin de nos activités, une vidéo sera diffusée et vous aurez bientôt plus de détails incha-ALLAH. Migration de notre site en cours.»


Fondamentaliste, extrêmement marginal, regroupant des musulmans de naissance et des convertis, Forsane Alizza s’est signalé la première fois en juin 2010, l’année de sa fondation, à Limoges, quand une dizaine de ses membres avait appelé à boycotter McDo, enseigne qu'ils accusaient d'être au service d'Israël, rapportait le site France3.fr Limousin. Toujours à Limoges, le groupuscule s'en était pris au code pénal. Son leader Mohammed Achamlane avait aussi été condamné pour avoir appelé à brûler le code pénal dont «pas une ligne ne protège les musulmans». Deux actions qui lui ont valu de la prison avec sursis.

En décembre 2010, une vingtaine de membres de ce groupuscule, des jeunes gens et des jeunes femmes, avait bruyamment manifesté à quelques dizaines de mètres de l’endroit où se tenaient, à Paris, les «Assisses internationales sur l’islamisation», organisées par le Bloc identitaire. Ils s’étaient ensuite repliés vers la station de métro Porte de Charenton où ils avaient continué de crier leur colère, protestant contre le «sort» fait aux musulmans en France.

Certains d’entre eux s’étaient couchés sur le quai de la station de métro, manquant tomber sur les rails. Vêtus de voiles, de djellabas, de survêtements, ils semblaient exaltés et proféraient des slogans religieux. Ils tenaient des banderoles noires sur lesquels figuraient des inscriptions en arabe, et des drapeaux, tout aussi sombres, à l’effigie de leur mouvement, représentant un cavalier, qui donnaient une impression d’apocalypse. Un jeune homme appartenant au groupe, disait:

«La France me rejette, mes parents aussi, je n’ai plus ma place ici.»

«Secte» est sans doute le mot qui qualifie le mieux Forsane Alizza. En septembre 2011, ce mouvement radical avait perturbé la prière musulmane du vendredi, tenue dans une ancienne caserne de Clignancourt, aux portes de Paris, transformée en lieu de culte après la fermeture de deux mosquées situées rue Myrha et Polonceau, dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. C’était à l’époque où le Front national, notamment, ainsi que des groupes comme Riposte laïque, protestaient contre les prières de rue musulmanes. Des centaines de fidèles s’étaient ce jour-là regroupés, dans le calme et la dignité, pour prier.

On ignore encore si des membres de Forsane Alizza se sont entraînés au djihad armé dans des camps à l’étranger, ou en France même. Au début de l’année, Claude Guéant a dissous le groupuscule:

«Il est insupportable que dans notre pays, un groupement forme des personnes à la lutte armée, je dis bien à la lutte armée, pour toute éventualité terroriste contestataire qui pourrait se présenter.»

L'AFP, reprise par Libération avait relevé en janvier un message publié sur le site de groupuscule salafiste, titré «Recrutement Forsane Alizza», et qui disait:

«Notre organisation prend de l'ampleur et nous avons besoin de main d'œuvre fissabililah ("sur le chemin d'Allah", ndlr). Nous recherchons toutes sortes de compétences mais surtout des soldats! Donc si vous appréciez les sports de combat et êtes capables d'intervenir rapidement lorsque l'on vous sollicitera alors votre profil nous correspond, inchaalah (si Dieu le veut, ndlr).»

Cité par l’AFP, Mohammed Achamlane, un porte-parole de ce mouvement, réfutait toute dimension militaire à l'usage du terme «soldat»:

«Le mot soldat est utilisé aussi chez les chanteurs. Cela ne veut pas dire forcément soldat armé en tenue militaire.»

Forsane Alizza, aujourd’hui, n’existe plus formellement.

Antoine Menusier

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