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Les 84e Oscars ont lieu ce dimanche 26 février. Comme d’habitude, des stars de cinéma vont révéler le nom des vainqueurs en retirant une petite carte d’une enveloppe. Qu’y a-t-il d'écrit exactement sur ces cartes? Tout ce que le remettant a à dire.
Sur une carte de remise de prix est inscrit, entièrement en majuscules et en police Sans Serif, «AND THE OSCAR GOES TO…» («ET L'OSCAR EST ATTRIBUÉ A…»), suivi, sur la ligne en dessous, du nom du vainqueur. Pour des catégories comme le meilleur acteur ou la meilleur actrice apparaît, en dessous du nom, celui du film dans lequel il ou elle joue.
Pour le meilleur film, le nom du film apparaît en premier entre guillemets, suivi des noms des producteurs, d’une virgule, puis du mots «producers» («producteurs»). En gros, si le remettant ouvre l’enveloppe et lit tout le texte de haut en bas, il aura fait son boulot.
Dorée avec un liseré rouge
Jusqu’à l’an dernier, l’enveloppe et la carte étaient d’une banale couleur crème. C’est alors que l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences a embauché un designer pour dissiper un peu le côté «fournitures de bureau». L’enveloppe est maintenant dorée avec une doublure rouge parsemée de petits Oscars.
Elle est scellée avec un autocollant portant les initiales de PricewaterhouseCoopers, le cabinet d’audit qui compile les votes depuis 78 ans (de la colle scellerait l’enveloppe de manière plus sécurisée mais causerait aussi un moment de gêne quand le remettant lutterait pour l’ouvrir). La carte en elle-même est toujours pour l’essentiel d’un blanc cassé, mais les mots «AND THE OSCAR GOES TO…» sont maintenant en relief doré plutôt qu’imprimés simplement en noir.
Pour des Américains, les noms de certains des nommés de cette année sont difficiles à prononcer (au point que Slate a publié un guide de prononciation très pratique) et la carte n’inclut pas de guide phonétique de prononciation.
Lors du filage du samedi, les remettants ont l’occasion de roder leur prononciation. La plupart du temps, ils s’enregistrent en train de lire la liste des nommés et cet enregistrement est lu, pour certaines catégories, sur les images des films durant la cérémonie. Ils ouvrent aussi une enveloppe pour s’entraîner et lire une carte qui mentionne un vainqueur «seulement pour cette répétition».
Deux valises et deux voitures
Le vote aux Oscars n’est pas encore entré dans l’ère numérique. Les jurés votent sur un bulletin papier en cochant une croix à côté des noms des nommés, puis l’envoient à PricewaterhouseCoopers.
Même si l’élection présidentielle de 2000 a montré les dangers des bulletins de vote papier, il n’y a jamais eu de problème majeur pour déterminer l’intention des électeurs. Ceux qui gribouillent au-dessus de leur vote originel ou font une erreur écrivent généralement une explication pour clarifier leur vote (certains ajoutent parfois «Salut PwC» ou un autre petit mot gentil dans la marge). L’Académie songe à lancer un vote en ligne l’an prochain.
Deux associés du cabinet supervisent le dépouillement. Ils divisent les bulletins entre quatre assistants, afin qu’aucun d’entre eux n’en ait suffisamment pour être sûr à lui tout seul des vainqueurs. Les deux rassemblent les totaux des assistants pour déterminer les lauréats.
Ils préparent ensuite deux jeux complets d’enveloppes contenant les cartes avec les résultats et les placent dans deux valises identiques (l’imprimeur a préparé des cartes pour chaque nommé, de même que les deux finalistes d’une compétition sportive ont touts prêts des casquettes et des tee-shirts célébrant leur victoire avant un match. Les cartes au nom des perdants sont détruites).
Les valises restent dans un coffre jusqu’au jour de la cérémonie, quand les deux auditeurs en emmènent une chacun jusqu’au Kodak Theater dans des véhicules séparés. La dernière chose que les remettants font avant de s’avancer sous les projecteurs est de recevoir l’enveloppe d’un des auditeurs qui attend juste à côté de la scène.
Les noms appris par coeur
Les auditeurs apprennent également par cœur les noms des vainqueurs. Cette précaution supplémentaire s’est révélée utile en 1996, quand Sharon Stone et Quincy Jones ont dévoilé plusieurs récompenses à la suite. Le vainqueur du premier Oscar a quitté la scène par erreur en emportant l’enveloppe contenant le nom du second vainqueur. Stone a meublé pendant que Jones se précipitait derrière pour apprendre le nom du vainqueur de l’envoyé de PwC.
Un tel niveau de sécurité pourrait paraître plus approprié pour des codes nucléaires que pour des récompenses de cinéma, mais s’explique par les soupçons de bourrage des urnes par les studios qui pesaient sur les Oscars durant leurs premières années. L’Académie a alors recruté une grande firme d’audit pour résoudre ce problème en 1935.
Brian Palmer
Traduit par Jean-Marie Pottier
L'explication remercie Steve Pond, chroniqueur pour TheWrap, et Rick Rosas de PricewaterhouseCoopers.
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