Développé par Slate.fr, le guéantomètre est un baromètre pour mesurer l’ambiance au sein de la classe politique du pays et le niveau de violence politique pendant la campagne présidentielle à travers un système de points attribués par nos soins en fonction de la violence des sorties, du nombre de réactions politiques et de reprises dans les médias (pour plus d’explications, c’est ici). Cliquer sur le (+) pour le détail des points.
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Après une première semaine de 2012 dominée par les attaques du PS contre Nicolas Sarkozy et son bilan, c’est le scénario inverse qui s’est joué du lundi 9 au dimanche 15 janvier: l’UMP a concentré ses attaques sur François Hollande. Pour sa deuxième semaine d’existence, le guéantomètre enregistre pour la période un climat politique assez agressif, avec un score total pour la semaine de 1.837 points qui fait tout juste basculer le compteur dans le rouge (à partir de 1.800 points hebdomadaires).
Fillon homme de la semaine
C’est le Premier ministre François Fillon qui remporte le titre honorifique d’«homme de la semaine» grâce à ses vœux pour la nouvelle année, qui ont pris la forme d’une attaque en règle contre le candidat socialiste François Hollande, accusé de se livrer à une «diabolisation infantile» du bilan de Nicolas Sarkozy, ou encore atteint de «scorpionite» selon le docteur Fillon. Le Premier ministre obtient 567,5 point d’un coup grâce au grand nombre de reprises dans la presse, un bonus de 30 points pour violence verbale et +20 points pour avoir fait réagir la gauche.
Martine Aubry, elle, ne récolte logiquement que 65 points avec des vœux bien trop polis pour espérer une quelconque percée au guéantomètre, dénonçant simplement le «quinquennat Fouquet’s» de Sarkozy. Mais grappille quelques points pour avoir déclenché en réponse une bourde d’Estrosi sur cette «brasserie populaire». Le maire de Nice en profite pour empocher 40 points; mais il est resté cantonné à Twitter. Pas suffisant pour entrer dans le top.
Philippe Poutou, candidat du NPA, ne joue pas non plus dans la cour des grands. Il n’a pas réussi à faire réagir ses adversaires avec ses vœux malgré une belle tentative de lancement de clash avec les snipers de l’UMP, qu’il a cités nommément: «Un de mes vœux, c'est qu'en 2012, Sarkozy et sa bande dégagent! […] Par sa bande, j'entends Morano, Hortefeux et Guéant qui sont tous aussi insupportables les uns que les autres». Silence radio des intéressés.
Le classement de la semaine:
1. François Fillon: 567,5 points
2. Nadine Morano: 466 points
3. Eva Joly: 290 points
4. Bernard Accoyer: 211,5 points
5. Claude Guéant: 191 points
Nadine Morano enregistre un doublé cette semaine sans se fouler: après avoir engrangé un maximum de points en estimant que François Hollande est «dangereux» sur le quotient familial en début de semaine, elle utilise la même formule à propos de Marine Le Pen dimanche soir, avec un peu moins d’effet.
La «guerre» d’Accoyer
Bernard Accoyer est l’auteur de la phrase de la semaine:
«Si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre».
Ou comment énerver toute la gauche en deux secondes. D’un point de vue comptable, il décroche le bonus «indignation» +20 (réaction de Benoît Hamon), +50 points avec le bonus «insulte» venu de la réaction de Laurent Fabius (propos «stupides») et un rappel à l’ordre de son propre parti (+50) à travers Nicolas Sarkozy lui-même. Mais la sortie du président de l’Assemblée nationale a aussi donné lieu à un échange pacifiste entre Sarkozy et Aubry, qui se sont promis de calmer leurs camps respectifs sur les petites phrases: -100 pour Accoyer qui a involontairement mis en danger l’existence même du guéantomètre.
Eva Joly et Claude Guéant viennent compléter le top 5 de la semaine, avec respectivement une proposition de jour férié pour les musulmans et les juifs qui a récolté des réponses parfois violentes et fait l’unanimité contre elle, et une démonstration de satisfaction face au record d’expulsions d’immigrés clandestins qui a fait bondir les associations. Chacun dans son rôle...
Cécile Dehesdin et Grégoire Fleurot
Widget de Fred Hasselot et Vincent Ollivier