Culture

Les meilleurs articles de Christopher Hitchens pour Slate

Temps de lecture : 2 min

Christopher Hitchens, chroniqueur éclectique et inspiré de Slate, vient de mourir.

Christopher Hitchens en juin 2010. REUTERS/Shannon Stapleton
Christopher Hitchens en juin 2010. REUTERS/Shannon Stapleton

Éditer Christopher Hitchens, disparu ce jeudi à l'âge de 62 ans, était la tâche journalistique la plus aisée qui soit. Il ne rendait jamais ses articles en retard —en fait, il était même généralement en avance, même quand il était clairement très mal en point— et il arrivait à faire passer son travail pour une franche partie de rigolade. Ses mails hebdomadaires utilisaient toujours la même formule enjouée:

«Ci-joint. En espérant être utile. Indéfectiblement vôtre, Christopher

Cette sensation que son travail était tout sauf une sinistre corvée est confirmée dans une scène coupée au montage de l’émission 60 Minutes consacrée à Hitch au printemps dernier, dans laquelle Christopher Buckley témoigne l’avoir vu torcher un article pour Slate en 30 minutes à la fin d’un week-end fatiguant. Aucun chroniqueur —excepté peut-être Michael Kinsley— n’est plus souvent imité et avec aussi peu de succès. Mais ses imitateurs ne peuvent jamais dissimuler les heures de dur labeur que cela leur a coûté.

Le style de Hitchens défiait toute intervention éditoriale. Par conséquent, il réduisait les correcteurs à la fonction de simples vérificateurs d’informations. Sa mémoire était prodigieuse, mais il n’avait pas seulement la tête farcie de strophes de poèmes et autres listes de faits obscurs: apparemment, il était aussi capable de se rappeler des passages entiers du New York Times plus ou moins précisément.

Peu de temps après la diffusion de la nouvelle que le sénateur Larry Craig avait été arrêté dans les toilettes d’un aéroport, Hitchens avait écrit le papier qui, à mes yeux, illustre le mieux l’ampleur de ses champs d’intérêt et l’exhaustivité de sa mémoire —il y incluait des citations issues d’une obscure œuvre universitaire, le souvenir de graffitis de toilettes d’un sacrilège comique, se souvenait de conversations avec des politiciens britanniques et de vers satiriques publiés des décennies auparavant.

Son excellente mémoire était d’ailleurs la clé de son talent. L’actualité change tous les jours, mais Hitchens n’oubliait jamais un fait, un ami, ou, ce qui était bien plus jubilatoire, un ennemi.

Faire une sélection parmi ses meilleurs articles est une tâche impossible, mais il y a certains thèmes qu’il aimait à revisiter régulièrement:

Ses ennemis

Henry Kissinger (en français ici), Mel Gibson (en français ici), Benoît XVI, la hiérarchie de l'église catholique, (oh, et l'église mormone aussi, en français ici), Bill et Hillary Clinton, Jimmy Carter, Saddam Hussein, Michael Moore, Mère Teresa, Noël, Hanoukka.

Ses amis

Ahmed Chalabi, le Kurdistan, Ayaan Hirsi Ali.

Ses nécrologies

Elles étaient particulièrement rafraîchissantes, car il refusait de modérer son opinion du défunt pour la seule raison qu’il avait trépassé.

Voyez par exemple ses adieux à Jerry Falwell, Jesse Helms, Augusto Pinochet, Slobodan Milosevic et Yasser Arafat.

Il écrivit également de magnifiques hommages tout en nuances à des gens qu’il admirait: Susan Sontag, Alexandre Soljenitsyne et Hunter S. Thompson.

Incapable de supporter l’idée d’interdire des mots ou des idées, il défendit avec force les mots fuck et nigger, le droit à la liberté d'expression des caricaturistes danois et le terme Islamofascisme, et se battit contre la tentation d’escamoter les horreurs du génocide arménien.

Et puis, évidemment, il donnait des conseils. Comment, sans lui, les Américains sauraient-ils comment préparer une vraie tasse de thé (pour les Français, c'est ici)?

June Thomas

Traduit par Bérengère Viennot

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