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Ce qu'il faut savoir du virus mexicain

Temps de lecture : 4 min

Urgence sanitaire.

Les autorités sanitaires du monde entier sont depuis quelques jours confrontées - en urgence et en permanence - à une nouvelle problématique majeure: l'émergence, au Mexique, d'une épidémie de grippe. Celle-ci est due à un virus jusqu'alors inconnu (de type A et de sous-type H1N1).

Plusieurs éléments laissent craindre qu'il pourrait rapidement diffuser à l'échelon planétaire. Ce phénomène a d'ores et déjà des conséquences pratiques dans de nombreux secteurs économiques. C'est notamment le cas dans lemonde des transports aériens ou du tourisme international. L'affaire concerne aussi les entreprises spécialisées dans le rapatriement sanitaire ( on consultera par exemple avec le plus grand intérêt la réactivité exemplaire d'International SOS). C'est tout aussi vrai des multiples entreprises et circuits commerciaux directement concernés par l'élevage des porcs et la commercialisation des produits alimentaires élaborés à partir des viandes de ces animaux.

On sait que les «mêmes causes» produisent - toujours, souvent ou presque- les «mêmes effets». La chose est tout particulièrement vraie dans les situations de crise alimentée par une menace sanitaire contagieuse par simple voie aérienne celle-ci génère un nombre considérable de rumeurs. Mais si une série de questions scientifiques demeurent encore pendantes on peut, sur le thème du nouveau virus et de l'épidémie émergente de « grippe porcine », fournir une série d'éléments d'information parfaitement documentés. Nous en donnons ici une première liste.

Les porcs mexicains (et leurs éleveurs) sont-ils les responsables de la nouvelle maladie humaine observée depuis quelques jours outre-Atlantique?

Pas véritablement. En tout cas certainement pasde manière directe; et ce en dépit de la malheureuse expression qui veut que l'on ne parle depuis quelques jours que de « grippe porcine ». Le virus à l'origine de l'épidémie émergente identifiée outre-Atlantique n'est qu'un cousin, plus ou moins lointain, des virus grippaux responsables de cette fameuse « grippe porcine »; virus connus dans le monde anglophone comme étant des « swine influenza virus » ou SIV). Lorsqu'ils sont infectés par ces virus (dits « à ARN segmenté ») les porcs peuvent présenter une série de symptômes très évocateurs : fièvre, toux, éternuements, léthargie, difficultés respiratoires, anorexie. Cette maladie hautement contagieuse peut aussi avoir un impact économique nullement négligeable.

L'homme peut-il être contaminé par ces virus grippaux des porcs?

Oui mais très rarement. En pratique la contagion des SIV se fait par contact entre animaux à partir de sécrétions contenant du virus comme celles contenues dans les les aérosols générés par la toux et le «jetage nasal». « Des infections humaines à SIV peuvent toutefois se produire à partir de contacts avec des porcs infectés. Quelques cas de décès ont déjà éte publiés dans la littérature scientifique spécialisée.

Si le porc n'est pas responsable, comment comprendre ?

« Sur ce thème il il faut savoir que les porcs infectés peuvent, très fréquemment, ne pas présenter de symptômes cliniques, a déclaré à Slate.fr Bernard Vallat, vétérinaire et directeur de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Ils peuvent alors jouer le rôle, dénommé dans notre jargon de « récipients de mélange ». En d'autres termes, hébergeant sans dommage ces virus grippaux ils facilitent grandement l'apparition de nouveaux virus de la grippe. Ces derniers résultent de toute une série de réassortiments moléculaires et de recombinaisons génétiques. Ces échanges se font à partir de différentes souches de virus grippaux hébergés, outre par les porcs, par les humains et les oiseaux.» Au vu des derniers résultats des meilleurs laborafoires mondiaux de virologie moléculaire c'est précisément ce qui s'est passé au Mexique.

Est-ce la première fois que l'on observe l'émergence d'une nouvelle souche d'un virus grippal?

Nullement. De tels réassortiments entre virus « portés » par des porcs, des oiseaux (sauvages ou domestiques) et des hommes sont très fréquents. Ce sont eux qui, le plus souvent depuis la Chine où existe de ce point de vue une très grande promiscuité. Et c'est précisément ce phénomène -l'affaire est parfaitement démontrée aujourd'hui- qui est à l'origine des principales pandémies grippales hautement meurtrières qui sont survenues durant le XXème siècle.

Certains virus grippaux de type A ont ainsi, à trois repriques été à l'origine d'une série d'hacatombe. Entre 1918 et 1919, la « grippe espagnole » (qu'il serait historiquement et virologiquement plus juste de qualifier de « grippe américaine ») a fait quarante millions de morts sinon plus à travers le monde. La pandémie de « grippe asiatique » dans les années 1957 et 1958 a provoqué la mort de quelques quatre millions de personnes. Quant à la grippe de Hong-Kong (1968-1969) elle a causé deux millions de morts. Plus récemment -en 2003- une épidémie respiratoire atypique également d'origine virale (Sras) apparue en Chine a touché 8.000 personnes et fait plus de 800 morts dans le monde, dont près de 350 en Chine. Quant à la souche grippale virale H5N1 du virus de la grippe aviaire elle est officiellement tenue pour responsable de la mort de plus de 250 personnes.

Consommer du porc expose-t-il au risque de contamination?

En aucune façon. De même que consommer du poulet n'a jamais exposé au risque de contamination par le virus A/H5N1 de la grippe aviaire ; à la différence de la récente et dramatique affaire de la vache folle due non pas à un virus mais à un mystérieux prion pathologique, agent pa&thogène classé dans la catégorie des « agents transmissibles non conventionnels. » « Cette grippe d'origine porcine au Mexique ne s'attrape pas en mangeant de la viande, mais par voie aérienne, d'homme à homme » vient fortoppotunément de rappeler le ministère français de l'agriculture. Ajoutons qu'une température de cuisson habituelle (71°C ; à coeur) est de nature à détruire toutes formes de virus et de bactéries pathogènes pour l'espèce humaine. De ce point de vue la Fédération nationale française des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA) est dans le juste quand, par la voix de Christiane Lambert, sa vice-péridente, elle explique dimache 26 avril que sur ce sujet sanitaire la question est aujourd'hui « plus humaine qu'animale ».

Dans un tel contexte était-il indispensable que le même ministère français de l'agriculture mobilise le même jour la puissance de ses moyens de communication ? Et ce pour faire impérativement savoir que la France n'importait ni porcs vivants, ni de viande porcine du Mexique?

Jean-Yves Nau

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