Économie

Qui est à blâmer pour la perte du AAA américain?

Temps de lecture : 2 min

Il suffit de lire les précisions de l'agence de notation Standard & Poor's pour le savoir.

Le dôme du Capitole, à Washington. REUTERS/Jonathan Ernst
Le dôme du Capitole, à Washington. REUTERS/Jonathan Ernst

On peut réagir de deux manières à la décision de l'agence de notation Standard & Poor's de dégrader la note de la dette américaine, la faisant passer en dessous de AAA pour la première fois depuis 1941.

On peut s'en tenir à son dada personnel –c'est la faute des Républicains! C'est la faute des Démocrates! Si seulement on avait écouté le Tea Party! Si seulement Obama avait invoqué le 14e amendement pour passer au dessus du Congrès pour augmenter le plafond de la dette! Ou alors on peut lire ce que l'agence de notation a dit:

«La dégradation reflète notre opinion selon laquelle le plan de consolidation fiscale sur lequel se sont récemment accordés le Congrès et le gouvernement est en dessous de ce qui, d'après nous, serait nécessaire pour stabiliser la dynamique à moyen terme de la dette publique.»

OK: l'accord n'était pas assez conséquent sur le court terme. Avantage au Tea Party.

«Plus largement, la dégradation reflète notre avis selon lequel la stabilité, l'efficacité et la prévisibilité des institutions politiques et de la politique américaine se sont affaiblies en cette période de défis économiques et fiscaux, à un degré supérieur à celui que nous envisagions lorsque nous avons assigné une perspective négative à cette note le 18 avril 2011.»

Cette phrase distribue les critiques beaucoup plus largement. C'est la faute de Washington, qui n'arrive pas à de vrais accords. Les Démocrates étaient prêts à se montrer flexibles sur le sort des programmes sociaux lors des négociations du «grand compromis» sur le plafond de la dette; les Républicains refusaient d'être flexibles sur les impôts. Ce dernier point est important, parce que S&P tire à boulets rouges sur les Républicains:

«Par rapport à nos projections passées, notre scénario de base suppose désormais que les réductions d'impôts de 2001 et 2003, censées expirer d'ici la fin 2012, resteront en place. Nous avons changé notre hypothèse à ce propos parce que la majorité des Républicains au Congrès continue de résister à toute mesure qui augmenterait les revenus fiscaux, une position que nous estimons renforcée par le Congrès avec l'adoption du plan de rééquilibrage.»

Cette idée n'est pas folle. C'est bien ceci que les Républicains attendent du «super-comité» parlementaire chargé de dénicher des coupes budgétaires: ils n'accepteront pas de programmes de hausses d'impôts et, alors qu'ils étaient d'accord pour que les baisses d'impôt de l'ère Bush expirent le 1er janvier 2013, ils commencent à clamer haut et fort qu'ils n'accepteront pas le retour de taux d'imposition plus élevés. Dans cette optique, le meilleur scénario possible serait celui de plans de réforme fiscale qui partiraient du «super-comité» pour convaincre un Congrès engagé à faire évoluer la situation.

Nous avons en fait toutes les cartes en main pour récupérer le triple A. La question est de savoir si nos dirigeants vont les jouer ou s'ils vont voir dans la situation une ouverture pour esquisser un récit politicien.

Obama n'aurait pas dû dépenser autant! («dépenses» qui incluaient environ 400 milliards de dollars de ristournes fiscales dans le plan de relance et 500 milliards de dollars dans l'extension des ristournes de l'ère Bush en novembre 2010). Le Tea Party a fait rater le processus! (davantage vrai -je ne vois pas vraiment en quoi le dépôt à la Chambre des représentants du Cut, Cap and Balance Act, qui visait à faire passer d'ici quelques années un amendement imposant l'équilibre budgétaire et à conditionner les futures hausses d'impôt à un vote d'une «super-majorité» au Congrès, nous aidait à sortir de là!).

Aujourd'hui, il est plus facile d'imaginer un match de boxe politicien en un round, ou dix, que, pour la première fois, une évaluation réaliste de ce qui nous arrive.

David Weigel

Traduit par Cécile Dehesdin et Jean-Marie Pottier

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