Depuis le 1er janvier 2009 et jusqu'au 30 juin, la présidence de l'Union européenne est assurée par la République Tchèque. Elle succède à la France et précède la Suède. A cette occasion, Slate.fr publie les Chroniques Praguoises diffusées sur Arte.fr, sur la vie politique et culturelle en République Tchèque.
***
«Gouvernement technique»
Voici le nouveau mot d'ordre au château de Prague. Malgré l'accord «à l'amiable» entre l'exécutif tchèque récemment déchu et l'opposition, Mirek Topolánek et son équipe ne continueront pas à gouverner jusqu'à la fin de la présidence en juin. Le parti social-démocrate tchèque (ČSSD), principale formation de l'opposition, a posé son veto. Mais quelques heures plus tard, un autre compromis fut trouvé: juste après les fêtes de Pâques, un gouvernement de transition prendra les rênes du pays. Il sera dirigé par un certain Jan Fischer. Vous ne le connaissiez pas ? Nous non plus.
Traduction à la volée: «On est d'accord pour donner notre accord pour ce gouvernement purement technique», s'exclame Jiří Paroubek, secrétaire général du ČSSD. Son opposant politique Mirek Topolánek est pour une fois du même avis: «il fallait bien trouver un compromis, j'ai donc demandé aux anciens membres de la coalition d'apporter leur soutien au nouveau Premier ministre.» D'autres représentants avaient des motifs plus simples: «Je ne connais pas personnellement Monsieur Fischer, mais je le soutiens. Car il me dérangerait que notre président Klaus puisse faire ce qu'il veut...»
Le nouveau gouvernement, mis en place pour «gérer les affaires courantes» (du style la présidence tchèque de l'Union européenne...), possède donc le soutien des masses. Mais qui est le nouveau Premier ministre Jan Fischer? En cherchant un peu sur Internet, on trouve une multitude de résultats à son nom. Puisque s'appeler Jan Fischer en République tchèque revient à être «Monsieur Dupont» en France. Tout en bas de la page dans Google, vous découvrirez que le Jan Fischer en question est un expert de l'économétrie et qu'il préside depuis 2003 l'institut national tchèque des recherches statistiques (INTRS). Politiquement neutre, M. Fischer n'a jamais participé à un scrutin électoral en tant que candidat, ni exprimé sa sympathie pour un des partis actuellement représentés au Parlement tchèque. En effet, depuis qu'il y a entamé ses études en 1974, il est resté au sein de l'INTRS.
Les socialistes du CSSD et les conservateurs de l'ODS ont trouvé leur candidat idéal pour préparer en toute sérénité les élections anticipées des 9 et 10 octobre prochain. S'affirmant volontairement « technocrate », Jan Fischer semble bien incarner le cliché du fonctionnaire nommé pour coordonner un gouvernement provisoire. Mais peut-être qu'il surprendra et induira en erreur tous ceux qui pensent qu'il n'est qu'un gestionnaire provisoire. Puisque, comme nous l'enseigne le proverbe populaire : il y a les erreurs, il y a les grandes erreurs... et puis, il y a les statistiques.
Alexander Knetig