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Le sifflet anti-viol de Darwin: le jour d'après

Temps de lecture : 16 min

Une réponse aux critiques de mon article sur une évolution biologique anti-viol des femmes.

L'enlèvement des Sabines, par Nicolas Poussin via Wikimedia Commons
L'enlèvement des Sabines, par Nicolas Poussin via Wikimedia Commons

Mi-janvier, le psychologue évolutionnaire, Jesse Bering, a écrit un article pour Slate.com, où il présentait quatre manières dont les femmes avaient évolué pour se protéger des viols lorsqu’elles ovulaient.

Son article a déclenché de violentes critiques, au sein de Slate et sur des sites scientifiques notamment. Plusieurs journalistes de Double X, le site féminin de Slate, ont écrit une réponse à son article, et Jesse Bering a lui-même écrit une réponse à ces critiques.

Nous publions en même temps le premier article de Bering, une des réponses de Double X, la réponse aux réponses de Bering, ainsi qu’un article de Peggy Sastre sur le problème des féministes avec la psychologie évolutionnaire et enfin un article de Titiou Lecoq qui porte plus généralement sur les études scientifiques et «la femme».

***

Horreur et damnation. Dans mon précédent article, ici pour Slate («Les femmes ont-elles évolué pour s'auto-protéger des viols?»), je décrivais tout un ensemble d'études scientifiques, motivées par ce qui me semblait être une hypothèse très raisonnable: que la cognition sociale et le comportement des femmes avaient été façonnés par l'évolution pour anticiper le viol, et que ces adaptations avaient toutes les chances d'être mises au jour précisément quand la capacité de choix du partenaire sexuel de la femme et ses intérêts génétiques seraient contrariés par l'agression sexuelle. En d'autres termes, les études étaient fondées sur l'idée que les femmes avaient évolué pour éviter d'être violées au moment de leur ovulation. Cet article a pas mal fait sensation.

Y compris par une rafale de posts critiques contestant la validité des données que j'avais rapportées, mon approbation béate de ces dernières, ainsi que la remise en question –même si ces données étaient valides– de leur capacité à débarrasser le monde de cette malédiction qu'est le viol. Jerry Coyne, biologiste et auteur de Why Evolution is True [Pourquoi l'évolution est vraie], a sonné le premier l'hallali; Rob Kurzban, psychologue et auteur de Why Everyone Else is a Hypocrite [Pourquoi tout le monde est hypocrite sauf moi] a ensuite réagi pour défendre sa discipline. Ensuite, P.Z. Myers, éminent blogueur scientifique et boutefeu professionnel, a eu envie de vomir en lisant mon article, et s'est trouvé tout chamboulé par l'évolution des pénis.

Kurzban en a donc remis une couche à destination de Myers. Amanda Marcotte, Emily Yoffe, et Amanda Schaffer, du blog DoubleX de Slate, ont bondi dans l'arène, avec toutes les recherches de psychologues évolutionnaires sur le viol en ligne de mire. Coyne avait encore des choses à dire, et John Rennie, ancien rédacteur en chef du Scientific American, abondait dans le sens des critiques, pour dire ensuite encore combien il était d'accord. Et ce n'est qu'une partie de la tempête qui s'est déclenchée dans le sillage de mon article anti-viol.

Un débat scientifique ou idéologique?

Je dois avouer que toute cette affaire m'a plutôt donné mal au crâne, mais j'ai aussi réalisé combien cette offuscation pouvait être une bonne occasion de débattre. Étrange, n'est-il pas, comment de telles sérieuses préoccupations sur la science de la psychologie évolutionnaire –se demandant en particulier si ses hypothèses sont falsifiables, si des journalistes devraient rapporter avec autant d'enthousiasme ses résultats, et si ses méthodes sont adéquates–, semblent apparaître à certains moments, et pas à d'autres? Où étaient tous ces critiques outragés, je me le demande, quand j'ai écrit sur la psychologie évolutionnaire de l'humour, du rougissement, du sport, de l'odeur corporelle masculine, du suicide, et du cannibalisme?

Pourtant, à chaque fois que le sujet porte sur la sexualité féminine –que ce soit la prévention du viol ou l'évolution de l'orgasme féminin, les opposants les plus virulents de cette discipline se font entendre en masse. Nous devons en effet clarifier certains malentendus sur cette science. Mais j'aimerais savoir de quoi nous parlons, vraiment et honnêtement, ici. Est-ce un débat sur le contrôle qualité d'un champ de recherche précis, ou une bataille politique et idéologique? J'aimerais croire qu'il ne s'agit que d'un débat scientifique. Quand les sceptiques pointent le bout de leur nez, je les suspecte d'être aiguillonnés par des réactifs politisés.

J'écris sur la psychologie évolutionnaire, entre autres thèmes, depuis longtemps maintenant, et je sais que, dès que je parle d'études sur la sexualité féminine, je vais forcément recevoir des commentaires, des mails, des tweets et des articles de blogs me traitant d'«explicateur phallo-centré» [mansplainer], de «raclure de bidet», de «partisan du viol», et pire encore. (Une fois, pour m'être rendu coupable du péché journalistique d'avoir oublié de mentionner le transsexualisme dans un article sur le développement sexuel, un lecteur mécontent avait posté sur Twitter: «Jesse Bering est l'exemple frappant du genre d'enc_lé haineux qui se fait une joie de tuer des femmes trans». C'est très bien.

Bon, je ne suis pas exactement immunisé contre ce genre d'attaques, mais je tiens bon, et je sais bien d'où elles viennent, pour le meilleur et pour le pire. Tout ce que je peux dire pour répondre à ce type de reproches, c'est que j'écris avec un style désinvolte, en signe de solidarité avec la sélection naturelle, qui est complètement insensible à toute idéologie. Mais je dois avouer, tout de même, que j'ai souvent du mal à comprendre cette animosité spécifique, et d'autant plus fervente, à l'encontre de la psychologie évolutionnaire quand elle s'exprime chez de si nombreux biologistes. Prenez P.Z. Myers: ce n'est pas simplement mon petit compte-rendu qui a failli lui provoquer une thrombose vasculaire: c'est toute la discipline. «Les chercheurs de ce domaine débitent de redoutables âneries, parmi les triviales du monde», dit-il avec un air dégoûté.

Le problème des biologistes avec ma discipline

Peut-être, c'est juste une hypothèse, certains biologistes ont-ils sur le monde de la théorie évolutionnaire un sens de la propriété exacerbé –comment ces vulgaires psychologues osent-ils marcher sur nos plates-bandes avec leurs histoires «à dormir debout»?

P.Z. Myers n'est pas, évidemment, l'ambassadeur public incontesté de sa discipline (même si je ne doute pas qu'il se considère ainsi), et ce qui suit ne s'applique en aucune manière à tous les biologistes, ou même à ceux qui critiquent la psychologie évolutionnaire. Mais les opinions contrites de Myers sur la psychologie évolutionnaire représentent au moins celles d'une minorité significative et bruyante. Ces critiques sont tout particulièrement exaspérés de voir que les psychologues évolutionnaires n'analysent pas l'héritage génétique des traits précis qu'ils estiment être adaptatifs, mais se fondent, au contraire, pour évoluer leur théories sur des mesures comportementales et déclaratives.

Ils pensent aussi que les psychologues évolutionnaires prennent trop de libertés narratives dans leurs reconstitutions de notre passé ancestral, vu que nous ne sauront jamais avec certitude ce qu'il en était voici des centaines de millénaires, quand de tels traits ont été, en théorie, favorisés par la sélection naturelle. (C'est un point que soulève aussi Rennie dans sa critique de mon article de Slate). Selon Myers, l'ensemble de cette périlleuse tentative «est une pyramide chancelante de conditionnels et d'hypothèses empilés et croyant très fort avoir une quelconque influence sur l'évolution».

Je vous recommande de lire la réponse très froide de Kurzban à la critique très énervée de Myers, ne serait-ce que parce qu'il arrive parfaitement à calmer le jeu, mieux que je n'aurais pu espérer le faire moi-même. Mais je vais tout de même répondre à certains des arguments de Myers.

Les chercheurs en psychologie limités par l'éthique

Dans son article, Myers part de ma digression sur le pénis humain pour y voir l'exemple criant du manque de rigueur de certains travaux portant sur l'évolution et le comportement humains. Il cloue au pilori la célèbre «étude du godemiché» de Gordon Gallup, qui suggère que la forme particulière du pénis humain, ressemblant à un champignon, pourrait servir à extraire du vagin le sperme d'un concurrent. (J'ai parlé en long et en large de cette étude dans deux anciens articles du Scientific American.) Pour Myers, ces études du pénis sont des «foutaises», parce que Gallup et ses collègues n'ont pas réussi à montrer en quoi les variations de la taille du pénis, au sein d'une population –et les variations en termes de vigueur de la pénétration– avaient une incidence directe sur la fécondation. Au lieu de cela, les chercheurs s'en sont remis à des godemichés de différentes tailles, des sondages détaillant la vie sexuelle d'étudiants, et tout un stock de sperme artificiel.

Maintenant, tout ce que je peux supposer, c'est que cela fait bien longtemps que Myers n'a pas bataillé pour une autorisation de recherche sur des êtres humains auprès d'un comité éthique universitaire. Dans le cas contraire, il aurait réalisé que l'approche empirique qu'il suggère serait unilatéralement interdite par ces cerbères bureaucratiques et conservateurs. Myers ne se rend-il pas compte que ces chercheurs expérimentés auraient préféré conduire l'expérience exhaustive qu'il décrit –si seulement ils ne vivaient pas dans un monde universitaire aussi prude et procédurier?

La réalité, c'est que les chercheurs en psychologie qui étudient la sexualité humaine sont limités, quand ils conçoivent leurs protocoles, par de nécessaires contraintes éthiques. Myers inviterait peut-être avec plaisir des chercheurs dans sa chambre à coucher pour qu'ils examinent avec précision la profondeur et la vigueur avec lesquelles il s'introduit dans le canal vaginal de sa femme, quand ils viennent d'être séparés pendant une semaine, mais la plupart des couples seraient un tantinet plus réticents. L'étude du godemiché de Gallup, et ses travaux sur l'évolution du pénis, offrent un moyen ingénieux –oui ingénieux– de contourner de très pragmatiques et éthiques obstacles. Était-elle parfaite? Non. Encore une fois, l'étude parfaite, conceptuellement parlant, est souvent la moins éthique, du moins du point de vue des comités éthiques de recherche. Mais était-elle fondée sur des hypothèses évolutionnaires claires et testables? Oui. Et elle a présenté des informations utiles, par ailleurs inconnues.

Quant à ses tourments sur l'incapacité des chercheurs à examiner les gènes d'une expulsion spermatique pénienne plus performante, comme je ne connais pas la forme du pénis de Myers, je ne sais pas s'il se fonde sur un ensemble d'hypothèses différentes. Mais l'argument-clé de la théorie de Gallup est que l'héritabilité de la morphologie standard du pénis, à l'échelon actuel de l'évolution humaine, devrait être proche de zéro. Certes, certains traits baroques et superficiels du pénis peuvent être transmis de génération en génération (je vous épargne les détails, mais il suffit de dire que votre pénis ressemble plus à celui de votre père que le mien); mais tous les pénis humains, tout comme les doigts humains, ont la même structure de base. Et nos membres sont très différents de ceux d'autres primates, ce qui, comme Gallup le défend de manière très convaincante, a toutes les chances de refléter la tendance qu'avaient les femmes ancestrales de coucher avec plusieurs hommes (au moins deux) dans un laps de temps relativement court.

Une discipline à policer, comme les autres

Jerry Coyne, admet pour sa part –après moult préliminaires et prévarications philosophiques– qu'il s'accorde tout à fait avec l'idée d'une étude du comportement humain à travers un prisme évolutionnaire, mais que la psychologie évolutionnaire se trouve être une discipline bancale qui nécessite d'être «policée». (C'est tout à fait vrai, soit dit en passant, et cela vaut pour tous les autres champs de recherche, y compris celui de Coyne –la biologie évolutionnaire.) Et qui serait prêt à accomplir cette admirable et inlassable tâche de surveillance des psychologues? Et bien, Coyne lui-même, apparemment.

«Si vous ne policez pas mieux votre discipine», dit Coyne, en agitant un doigt accusateur en direction de ces bien dissipés scientifiques, «je devrais le faire moi-même». Maintenant, j'aimerais bien qu'on me dise pourquoi Jerry Coyne, qui n'est pas psychologue et qui n'est incontestablement pas qualifié pour évaluer les recherches de n'importe quelle science psychologique, a dans l'idée qu'il pourrait être le shérif de ce bled? (Cf., encore une fois, la réponse posée de Kurzban.)

En particulier, Coyne manifeste une inquiétude toute panoptique sur les normes laxistes qui président à la communication des théories de la psychologie évolutionnaire et de ses résultats au public. Après s'en être pris à David Brooks et à sa récente chronique dans le New Yorker, Coyne me reproche aujourd'hui de ne pas avoir été très «sage» en partageant avec vous, ô masses crédules, ces découvertes sur les adaptations anti-viol. Ou, au moins, de ne pas vous avoir averti d'un caveat emptor (NDT:en latin dans le texte) sur les biens théoriques que je trafiquais là.

Oui, pourquoi pas. Chacun son avis. Et j'admets avoir suffisamment confiance dans le public de Slate pour penser que mes lecteurs comprendront que ma voix, et mes interprétations propres, se superposent à tous les sujets scientifiques qu'il m'arrive de présenter. (Et voilà pourquoi j'insère des liens vers les études originales couvertes par mes articles au vocabulaire limité –pour que les lecteurs zélés puissent explorer tous les débats intellectuels et autres chicanes méthodologiques qu'elles provoquent.)

Mais la question de savoir si les études citées dans ma chronique sont valides et crédibles est plus préoccupante que toutes ces querelles entre champs universitaires. Les femmes deviennent-elles réellement plus fortes quand elles ovulent? Ont-elles réellement davantage peur des étrangers, ont-elles plus tendance à éviter des situations dangereuses, ou sont-elles même plus racistes? Coyne, et d'autres, soulignent le fait que les données de ces études ont été glanées dans un groupe d'individus plutôt limité et spécifique: les étudiantes en psychologie de premier cycle.

Ils ont raison, évidemment, de dire que nous ne devrions ne pas être aussi prompts à croire que de telles études s'appliquent à l'humanité tout entière. «Il faudra plus qu'une petite étude portant sur les étudiantes américaines d'une seule université», se lamente Coyne, «pour me convaincre qu'un comportement est une adaptation évolutive contre le viol». Ici encore, rien à dire. Mais sous-entendre que les psychologues évolutionnaires ne sont pas au courant de ce problème de généralisation, ou qu'ils le rejettent d'un revers de main, montre à quel point Coyne est ignorant des recherches contemporaines de la discipline. Comme tous les bons travaux en psychologie, il y a suffisamment de réserves explicatives sur ce problèmes pour recouvrir tout l'État du Maine [86 542 km², NdT]. Et tout psychologue évolutionnaire digne de ce nom ronge son frein pour reproduire ses conclusions à un niveau interculturel. Ils sont nombreux à l'avoir déjà fait.

Revenons-en aux faits

Néanmoins, faisons ici preuve d'un peu de sens commun. Considérons l'ensemble des résultats montrant que la force de préhension des femmes s'est accrue chez les participantes ovulantes qui avaient lu l'histoire sur l'agression sexuelle, mais n'a pas bougé chez les participantes sous pilule, ou dans d'autres phases de leur cycle reproductif ayant lu la même histoire. Et que la force de préhension n'a pas augmenté chez les femmes ovulantes après la lecture du scénario neutre. Voici les faits, il n'y a rien à débattre là-dessus. (Ou Coyne insinue-t-il quelque-chose de plus sinistre? C'est ce qu'il fait, après tout, en prétendant avoir la preuve de «manipulations statistiques suspectes» chez Randy Thornhill et Craig Palmer, un autre duo de psychologues évolutionnaires à avoir étudié le viol.)

Certains critiques de mon article suggèrent que ces résultats contredisent quelque-part des études antérieures et montrant que les femmes ne manifestent pas de force physique accrue quand elles ovulent. Mais l'étude de Petralia et Gallup sur la poigne est justement remarquable parce qu'elle est mieux conçue que ces précédentes études: tandis que des travaux antérieurs ne trouvaient aucune augmentation dans la force, la performance ou l'endurance des femmes qui ovulent, en général, Petralia et Gallup ont réduit leur champ d'investigation sur le problème du viol, et ont révélé que la force de préhension des femmes augmentait quand elles pensaient spécifiquement au viol.

Par ailleurs, les quatre expériences anti-viol mentionnées dans mon précédent article étaient empiriquement cumulatives –ce qui veut dire qu'elles étaient, comme toute bonne science réductionniste, des extensions d'autres travaux antérieurs–, et ont été publiées dans des revues académiques peer-reviewed très respectées et très sélectives. Avant que je puisse vous en faire part, toute une série de spécialistes, souvent avec une formation solide en biologie ou en anthropologie (et ayant dévoué toute leur carrière au perfectionnement de leur esprit critique et à la séparation du bon grain de l'ivraie), les ont étudiées de près et les ont approuvées.

Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que ces études soient sans faille ou imperméables à tout scepticisme, mais quand Coyne dit, en réponse à ces travaux précis, que «le domaine souffre de lassitude scientifique», il fait juste preuve d'une arrogance suprême. Et je le dis aussi au nom de tous les rédacteurs et les examinateurs qui se sont laborieusement penchés sur ces études armés d'un peigne conceptuel des plus fins. Si leurs données étaient pauvres, si leurs arguments étaient faibles, ces études n'auraient tout simplement pas passé le tamis éditorial de revues telles Psychological Science.

Quelle autre interprétation que l'adaptation anti-viol?

La manière dont nous interprétons ces données, bien sûr, se teinte de nos théories et de nos croyances particulières. Mais si nous n'avions pas pris la peine, pour commence, d'adopter un point de vue évolutionnaire pour analyser le viol, rien ne dit que ce subtil et fascinant effet aurait été découvert. Certes, ces résultats particuliers attendent d'être répliqués, mais c'est aussi le cas de la très très grande majorité des découvertes de n'importe quelle discipline. Les chercheurs attendent certainement les bras ouverts toute possibilité de réplication, surtout sur des individus appartenant à d'autres cultures. Mais étant donné que nous avons ces intrigantes données sous la main, pour ainsi dire, il est juste tout bonnement difficile de les interpréter d'une autre façon qu'en tant qu'adaptations anti-viol. N'est-ce pas là l'explication la plus parcimonieuse et logique à disposition des théoriciens de l'évolution?

Peut-être Coyne, et al., pensent-ils que les quasi 200 étudiantes présentes dans cette étude ont vraiment quelque-chose de spécial. Ou peut-être quelque-chose dans l'eau que l'on boit à Albany, ou peut-être quelque-chose qu'on leur apprend dans cette université, font que les femmes qui ovulent –et seulement celles qui ovulent– deviennent extra-fortes, mais uniquement après avoir pensé au viol? Ou peut-être admettent-ils la possibilité que ces résultats soient universels (et, je le répète, un tel verdict est toujours en suspens), mais qu'au lieu de servir à réduire la possibilité d'une conception par coercition sexuelle, la force de préhension des femmes en ovulation augmente quand elles pensent au viol parce que – ben, parce que, en fait.

Il est plutôt regrettable que des gusses comme P.Z. Myers et Jerry Coyne estiment que les psychologues évolutionnaires fournissent un travail de qualité inférieure. Mais ça ne va pas plus loin. C'est uniquement regrettable. Après tout, je suis solidaire de leurs luttes, et de celles de nombreux de nos lecteurs, contre l'abêtissement général et l'ignorance. Je ne pourrais pas cesser de recommander à quelqu'un qui désire explorer le viol d'un point de vue évolutionnaire de s'en référer directement aux sources primaires.

Comme l'un de mes collègues à l'université de Loyola Marymount, le psychologue Michael Mills, me l'a récemment dit: «Quand d'autres scientifiques établissent un modèle de fonctionnement du monde, ils font des "théories". Quand ce sont les psychologues évolutionnaires qui le font, ils "racontent des histoires".» C'est une situation malheureuse, en effet, parce qu'en avalant la rhétorique anti-évopsy, on passera aussi à côté d'une science pure, importante, et extrêmement innovante.

Jesse Bering

Traduit par Peggy Sastre

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