France

Les (non) déclarations fiscales

Temps de lecture : 2 min

Les politiques réagissent malheureusement toujours de la même façon: ils promettent de grandes réformes, puis s'aperçoivent que «c'est plus compliqué que ça», pour finalement s'en tenir à des réformettes.

Une contribuable remplit sa déclaration d'impôts pour l'année 2006 à Fontenay-Sous-Bois, le 2 mai 2007. REUTERS / Charles Platiau
Une contribuable remplit sa déclaration d'impôts pour l'année 2006 à Fontenay-Sous-Bois, le 2 mai 2007. REUTERS / Charles Platiau

Droite et gauche ont chacune annoncé ces dernières semaines des «révolutions fiscales». Pour une fois, l’ensemble du personnel politique s’entendait pour dénoncer la jungle des impôts en France, emplie de mille taxes, niches et subventions. Opaque, contestée, inégalitaire, la fiscalité provoque la suspicion générale: on soupçonne son voisin de payer très injustement moins que soi. Il faut «tout remettre à plat». Le gouvernement veut présenter une réforme début mai au conseil des ministres.

Puis quand les députés commencent à regarder de près, l’ardeur révolutionnaire disparaît vite. Changer l’impôt, c’est faire bouger ce que paie chaque catégorie de citoyens, les démunis, les classes moyennes, les riches: à 15 mois de l’élection présidentielle est-ce bien judicieux? Ils découvrent ce qui est appelé in petto «la complexité du sujet».

C’est ce qui s’est passé dans la majorité. Tout feu tout flamme, certains députés ont proposé de supprimer l’ISF, de taxer la résidence principale… des projets vite abandonnés. Les «raisonnables» ont pris le dessus (François Baroin, Gilles Carrez, Philippe Marini) et on s’oriente… vers une réformette de l’ISF.

La gauche n’en est encore pas là. Elle n’a aucun projet fiscal prêt et ce sera, à coup sûr, un point de discorde radical entre les «réalistes» et la gauche de la gauche qui veut «faire payer les riches».

C’est dans ce contexte de déclarations non suivies d’effet, qu’il faut recommander le livre des économistes Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez qui proposent un projet «opérationnel»: un nouvel impôt sur le revenu intégrant la CSG, la prime pour l’emploi et le bouclier fiscal. Les auteurs proposent surtout un site qui permet «aux citoyens de s’approprier le débat fiscal dans la perspective 2012». Il s’agit d’un simulateur fiscal complètement inédit qui comprend 800.000 individus virtuels représentatifs de la population des contribuables français. Chacun peut non seulement calculer l’effet de telle ou telle réforme sur sa situation individuelle mais aussi, obtenir les résultats macro, sur l’ensemble des recettes fiscales.

Cette initiative véritablement géniale permet enfin de discuter «chiffres en main» des révolutions fiscales et d’espérer que 2012 sera ainsi l’occasion pas seulement de promesses mais de réels changements.

Eric Le Boucher

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