France

Les ambassades, jolis placards dorés

Temps de lecture : 2 min

Rama Yade, Roger Karoutchi, Christine Boutin, prochainement Bernard Kouchner: les punis du sarkozysme héritent de postes prestigieux ou de missions inutiles qui ont pour but de ne pas laisser de possibles agitateurs en électrons libres.

REUTERS/Eric Gaillard
REUTERS/Eric Gaillard

Rama Yade est nommée ambassadrice à l’Unesco. L’ancienne ministre des Sports a certainement toutes les qualités pour occuper ce poste, mais elle a fini par l’accepter en ayant obtenu la certitude de pouvoir continuer à faire de la politique en même temps, au conseil régional d’Ile-de-France et, localement, dans la circonscription où elle aimerait s’implanter. Exactement comme un autre ancien ministre remercié, Roger Karoutchi qui, nommé ambassadeur au près de l’OCDE n’en reste pas moins élu régional d’Ile-de-France. Deux postes d’ambassadeurs auprès d’organisations internationales attribués à des personnalités politiques plus ou moins punies, mises sur une voie de garage avec comme consigne (qui ne sera pas trop respectée, on ose l’espérer de la part de Rama Yade) de se calmer, de ravaler leurs critiques. Bref, il s’agit de deux postes diplomatiques, deux postes prestigieux de la République qui sont utilisés à des fins de «recasage» politique. Ces nominations ont plus à voir avec les aléas de la vie interne de l’UMP qu’avec les besoins de la France dans sa politique se développement économique internationale (s’agissant de l’OCDE) et de sa politique culturelle internationale (s’agissant de l’Unesco). Cette légèreté dans l’utilisation des grands postes de la République n’aidera pas Nicolas Sarkozy dans sa recherche actuelle de hauteur présidentielle. Rappelons, encore, cette phrase d’avril 2007 du candidat Sarkozy qui déclinait ses ambitions de rupture dans la gouvernance. Il disait:

«Je veux que les nominations soient irréprochables.»

Et c’est vrai que dans sa réforme des institutions, Nicolas Sarkozy a fait passer une disposition selon laquelle les principales nominations qui sont à discrétion du chef de l’Etat devraient être approuvées par une large majorité de parlementaires. Cette mesure, gage d’impartialité est un progrès sur le papier. Mais sur le papier seulement.

D’abord parce que le champ d’application de cette nouvelle règle est finalement assez réduit, mais surtout parce que l’esprit est largement contourné dans les faits. Les nominations de complaisance politique se font maintenant dans la diplomatie ou alors dans les fameuses missions. L’exécutif lance de grandes missions de réflexion sur tout un tas de sujets et ça permet de recaser une personnalité, généralement populaire et qui pourrait, si elle n’avait pas ce poste plus ou moins prestigieux et rémunéré, se répendre en critique du président dans les médias. C’est un peu (tous ceux qui ont des enfants me comprendront), comme quand on décide d’accepter une demi-heure de télé pour s’éviter un caprice: on sait que ce n’est pas bien, que c’est de la mauvaise éducation, mais c’est quand même bien pratique et efficace.

C’est dans cet ordre d’idée que Bernard Kouchner, ex-faux ministre des Affaires étrangères remercié va sans doute hériter du poste prochainement créé de Défenseur des Droits à 73 ans. C’est ainsi que Christine Boutin, ministre remerciée, elle aussi a hérité d’une mission inutile sur la mondialisation (avec petit scandale sur la rémunération à la clef). Christine Boutin avait, au préalable, refusé le poste d’ambassadeur au Vatican. Généralement les râleurs veulent bien accepter des postes pour se calmer, mais il faut que ce soit à Paris. Essayez de dire à vos enfant «ok pour la télé mais tu regardes le documentaire historique sur Arte». Ça ne marchera pas: ce sera Disney Chanel ou une chaîne du câble à manga insupportable, ou un caprice…

Thomas Legrand

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