Les hommes, qui conduisent plus fréquemment, ont une empreinte-carbone plus importante que les femmes. Vous avez fait un pari avec votre compagne pour savoir qui sont les plus verts, les hommes ou les femmes? Voytre compagne en est sûre: les femmes, car elles ne sont pas obsédées par les voitures. Et vous, vous dites: les mecs, parce qu'ils font moins de shopping. Qui a raison?
Les sociologues donneraient probablement raison à votre compagne: les recherches sont nombreuses qui démontrent que les femmes sont le genre le plus vert –du moins pour ce qui concerne les attitudes et les préférences. Depuis les années 1980, la plupart des études ont démontré que les femmes sont plus enclines à faire valoir leurs préoccupations environnementales que les hommes, particulièrement lorsque les questions sont locales et touchent à la santé et à la sécurité des individus. Une analyse récente (PDF) des données de l’institut Gallup s’étalant de 2001 à 2008 indique que les femmes prennent également la question des bouleversements climatiques plus sérieusement: elles sont enclines à indiquer qu’elles se soucient «beaucoup» du réchauffement climatique, à dire qu’elle craignent qu’il constitue une menace pour leur mode de vie et que les médias sous-estiment le sérieux du problème.
Mais avant que les filles ne se mettent à sauter de joie, il convient de noter que les femmes ne précèdent les hommes que de 6 à 9 points dans toutes les questions posées par Gallup. Surtout, une plus grande préoccupation ne traduit pas nécessairement par une meilleure connaissance: une étude récente a démontré que les Américains comme les Américaines ont une vision également erronée de la quantité d’énergie consommée ou économisée par diverses activités.
Le point clé: les transports
Le cœur des femmes est donc plus vert –mais quel genre est-il le plus écolo dans les faits? Les études sur cette question sont plus rares, mais elles donnent également un léger avantage aux femmes, essentiellement pour des questions liées à la voiture. Des chercheurs norvégiens ayant ainsi examiné les données tirées d’une étude concernant le comportement environnemental dans dix pays de l’OCDE ont pu montrer que le sexe n’a que peu d’effet sur le nombre de mesures qu’une personne peut prendre pour économiser de l’énergie ou de l’eau ou pour recycler. Les hommes seuls comme mariés conduisent cependant plus que leurs homologues féminins. (Il en va de même pour les Américains.) Mais dans les couples mariés, il peut arriver que les hommes conduisent leurs femmes, ce qui brouille naturellement les cartes.
Des chercheurs suédois ont récemment corroboré ces conclusions en analysant les dépenses d’un foyer dans quatre pays européens –combien d’euro chaque sexe dépense dans tous les domaines, de l’essence à l’électricité, de la nourriture aux habits– et quel impact ont ces dépenses en terme énergétique. Ils ont conclu que les hommes seuls dépensent plus que les femmes seules en Grèce et en Suède, mais que le sexe a des effets statistiquement négligeables en Norvège et en Allemagne.
Les hommes consomment plus d’énergiqe parce qu’ils dépensent plus d’argent, mais leurs habitudes de consommations influent également. Une fois encore, le transport est la clé. Les hommes utilisent plus d’énergie que les femmes pour les véhicules et le carburant – entre 23 et 32 gigajoules de plus par an. (La consommation énergétique totale va de 105 gigajoules pour une femme suédoise à 313 gigajoules pour un homme norvégien.) Dans les catégories où les femmes consomment plus que les hommes (comme la nourriture, l’hygiène et la santé), les différences en consommation d’énergie sont bien moindres –cinq gigajoules voire moins par catégorie. Dans un rapport plus approfondi (PDF) les chercheurs ont calculé que chaque homme seul suédois est responsable de l’émission de 2,2 tonnes métriques de dioxyde de carbone de plus que leurs homologues féminines. C’est à peu près l’équivalent de ce qu’une voiture américaine produit en cinq mois.
Aux Etats-Unis, une légère différence
Les mêmes observations s’appliquent-elles aux hommes et aux femmes américaines? J'ai demandé l’aide de Christopher Weber, professeur adjoint à Carnegie Mallon, spécialisé dans ce genre d’analyses environnementale a fondement économique. Weber a mis sur place quelques feuilles de calcul à la louche, utilisant les données de dépenses de la récente Etude des dépenses des consommateurs établie par le Bureau des Statistiques du Travail et sur les chiffres des émissions de gaz à effet de serre d’une étude publiée par Carnegie Mellon en 2002.
Le résultat: une femme seule moyenne dans ce pays est responsable de l’émission de 30 tonnes métriques d’équivalent carbone (CO2e); l’homme seul moyen de 32 tonnes. (L’Américain moyen –englobant les enfants et des adultes mariés– génère 23 tonnes équivalent carbone [CO2e] selon des estimations plus ancienne de Weber.) Comme dans le cas de l’étude européenne, la différence la plus significative entre les sexes est liée aux transports: les habitudes de conduite des hommes seuls ont une empreinte-carbone de 13 tonnes métriques de CO2e, contre 9,4 pour les femmes. Juste après, les différences les plus importantes, du point de vue du gaz à effet de serre, sont que les femmes dépensent plus dans les domaines des biens de consommation ménagers et de la santé et que les hommes seuls dépensent davantage dans le domaine de l’alcool, du tabac et de l’éducation.
Comme Weber le montre rapidement, les différences entre Américains et Américaines ne sont rien comparées aux similitudes. Car même si les Américains finissaient par s’aligner sur les Américaines, nous continuerions de détenir le record de la plus importante empreinte-carbone du monde – et de très loin.
Nina Shen Rastogi
Traduit par Antoine Bourguilleau
Photo: FFSG. Symic via Flickr, CC Licence By