Monde

Naomi Campbell «victime» de la générosité de Taylor

Temps de lecture : 2 min

L'affaire Charles Taylor-Naomi Campbell est une nouvelle illustration de la prodigalité de certains chefs d'État africains. Plus le pays est pauvre, plus ils sont «généreux».

Naomi Campbell  	 REUTERS/Suzanne Plunkett
Naomi Campbell REUTERS/Suzanne Plunkett

Naomi Campbell, la top model britannique à succès, fait à nouveau parler d'elle. Cette fois-ci, ce n'est pas pour une histoire d'agression. Son nom se retrouve mêlé au procès de l'ancien dictateur libérien Charles Taylor. Après des mois de refus, elle a témoigné au procès pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, qui s'est ouvert à la Haye le 29 juillet. Au cours de son audition, elle a déclaré avoir reçu de petits cailloux d'aspects sales. Mia Farrow a, quant à ,elle maintenu sa version consistant à dire que Naomi Campbell était très excité parce qu'elle avait reçu un gros diamant des hommes de Charles Taylor:

« Elle a dit qu'elle avait été réveillée dans la nuit. Des hommes ont frappé à sa porte. Ils avaient été envoyés par Charles Taylor et ils lui avaient donné un énorme diamant» .

Son audition a eu lieu ce 5 août. Elle a du s'expliquer sur les déclarations de son agent et de l'actrice Mia Farrow, selon lesquelles, Charles Taylor lui avait offert un diamant brut en 1997 au cours d'un dîner organisé par Nelson Mandela.

Nous republions l'article paru le 22 juillet.

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Bien plus qu'un simple fait divers, cette affaire est symptomatique d'un mal africain. Les dirigeants du continent noir confondent souvent deniers publics et fortune personnelle.

Une pratique bien ancrée voudrait que les chefs d'État africains puisent allègrement dans les caisses de la République pour honorer des courtisans, des amis et mêmes des hôtes, sans en rendre compte. Souvent, selon l'humeur du maître des lieux, on repart avec une fortune ou des objets de valeurs. Dans bon nombre de palais africains, les mallettes et les présents de luxe sont distribués à tout-va.

Beaucoup de présidents ayant marqué l'histoire du continent africain avaient le «cœur sur la main». Le dictateur zaïrois Mobutu et le père de la nation ivoirienne Félix-Houphouët Boigny étaient réputés pour leur excentricité. Gbadolite, la «Versailles de la Jungle», et la basilique de Yamoussoukro, une copie de la basilique de Rome, sont issues de cette folie des grandeurs qui s'accompagnait de la dilapidation des richesses de ces deux pays bien dotés par la nature.

Au Togo, les blagues sur les libéralités de feu Gnassimbé Eyadéma font sourire jusqu'à ce jour. Dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest situé entre le Bénin, le Ghana et le Burkina, on raconte que le défunt chef d'État avait l'habitude de distribuer l'argent par kilogrammes. Incroyable! Surtout dans un pays pauvre très endetté. Les privilégiés de cette époque regrettent la rigueur imposée par l'actuel président Faure Gnassimbé, le fils d'Eyadéma jugé un peu trop prêt de ses sous.

Dans cette forme de «générosité», le défunt président gabonais Omar Bongo était imbattable. Sa réputation dans ce domaine n'est en rien surfaite. De l'argent, il en distribuait à qui voulait bien en prendre. A la tête d'un pays au sous-sol très riche, feu Omar Bongo ne se refusait aucun luxe.

Peu avant sa mort une histoire d'argent sale qu'il aurait remis à Macky Sall, l'ancien premier ministre sénégalais tombé en disgrâce en 2008, l'a opposé à son homologue Abdoulaye Wade.

Ce dernier n'est pas, non plus, très orthodoxe dans ses rapports à l'argent. Bien que le Sénégal ne soit pas aussi riche que le Gabon, Gorgui, comme l'appellent ses compatriotes, est un as. Il lui arrive fréquemment d'offrir des millions de francs CFA à ses hôtes sénégalais ou étrangers. L'affaire Segura, du nom d'Alex Segura, l'ancien représentant du Fonds monétaire international à Dakar, avait défrayé la chronique. Au moment de quitter son poste, le diplomate espagnol avait reçu, en guise de cadeau d'adieu, une mallette contenant 100 000 euros et 50 000 dollars américains. Face à la colère de l'opinion publique sénégalaise, le président Wade avait affirmé qu'il s'agissait d'une erreur de son aide de camp,. Ce dernier aurait confondu deux mallettes. Toutefois, il a souligné que «l'usage» voudrait qu'on offre un présent, en nature ou en argent liquide, aux diplomates en fin de mission...

Ndèye Khady Lo

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