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Bilan de la Coupe du monde 2010: la victoire de Domenech

Temps de lecture : 7 min

La Coupe du monde vient de s’achever avec la victoire de l’Espagne contre les Pays-Bas au Soccer City Stadium, au bout des prolongations. Premier bilan en trois points sur cette 19e édition de la plus grande des compétitions sportives internationales.

La défaite du beau jeu...

Ce n'est pas le beau jeu qui a soulevé le trophée 2010. Il n’est pas étonnant de voir ces deux équipes arriver en finale d'une compétition qui a surtout brillé par les à-côtés (Le docu-drama des Bleus, les vuvuzelas ou Paul le Poulpe) ou les polémiques attendues sur les erreurs d'arbitrage (la double main de Fabiano sur le but du Brésil contre la Cote d’Ivoire, un but anglais refusé face à l'Allemagne...; mention spéciale à Mark Van Bommel, qui termine donc le tournoi sans carton rouge malgré ses attentats à répétition, ses simulations et autres contestations). Le point d’orgue fut la fin de match en le Ghana et l’Uruguay. Suarez commet une main pour empêcher le ballon de rentrer dans son but. Gyan rate le penalty et l’Uruguay se qualifie après une panenka d’un joueur incapable de marquer sur un but vide. Suarez ne prendra qu’un match de suspension pour ce geste, il aurait donc pu jouer la finale et était bien là pour le match pour la troisième place. Les Dieux du Football sont des voleurs... Et les dirigeants du foot sont leurs complices. Les deux finalistes sont deux équipes qui ne proposent guère un jeu flamboyant. Les Pays-Bas ont profité des erreurs de leurs adversaires. Et ça a commencé dès leur premier match contre le Danemark. http://www.youtube.com/watch?v=pLFo-I_Eg5w En quart de finale, les Oranje n’ont jamais pesé sur la rencontre. Le Brésil avait le match en main et l’a perdu tout seul à cause d’une trop grande fébrilité. Face à eux, l’Espagne a transformé son “toque” en “ugly fotball” durant toute cette compétition. On s’ennuie en voyant la Roja jouer et ne pas remporter ses matchs autrement que par un petit but d’écart (sauf contre le Honduras)... http://www.youtube.com/watch?v=6UNntyuogoQ

... mais une belle victoire de l'Espagne

L’Espagne a tout de même tenu son rang de favori de la compétition après un parcours plus laborieux que ce que les observateurs lui prédisaient. La sélection espagnole était arrivée au Mondial en pleine confiance, auréolée de son titre de championne d’Europe et d’une campagne de qualification quasi-parfaite. Son jeu stylé et harmonieux, un groupe compact et ses incroyables performances ces dernières années en faisaient l’équipe à battre en Afrique du Sud. Mais le scénario a déraillé dès le premier match, perdu contre la Suisse. Cette défaite a mis une pression énorme sur les épaules des joueurs, et aura eu le mérite de faire redescendre l’Espagne du petit nuage sur lequel elle était depuis plus de deux ans. Les coéquipiers de Xavi, annoncé comme une des grandes stars de la compétition, ont finalement redressé le tir avec des victoires sans panache contre le Honduras et le Chili. Au final, elle gagne la Coupe du monde avec un total de huit buts, soit seulement un par match. Sa finition a laissé à désirer pendant toute la compétition, et a failli lui coûter la finale. Mais l’Espagne a réussi à gagner en restant fidèle à ses idées. Elle n’a pas tout remis en cause après sa défaite initiale, et a sorti trois des équipes les plus en jambes du tournoi sur sa route: le Portugal, les Pays-Bas et l’Allemagne. Le monde attendait Xavi, c’est finalement Iniesta qui restera dans l’histoire avec son but en finale. Mais peu importe, car ces deux joueurs représentent l’essence même de cette équipe: la technique, la générosité, le jeu collectif, la simplicité et l’humilité. Juliano Haus Belletti, champion du monde avec le Brésil en 2002 et coéquipier d'Iniesta au Barça, écrit au sujet de ce dernier sur son compte Twitter après la finale: «C'est le mec le plus simple, le plus humble, que j'ai jamais rencontré dans le football.» Le Mondial sud-africain n’a pas toujours été un modèle de fair-play et de comportements irréprochables sur et en dehors du terrain, mais son gagnant a défendu ce que le football a de meilleur, et des valeurs qui lui font un peu trop souvent défaut.

La victoire du Domenech...

Domenech avait raison. Il a monté une équipe autour d’un système tactique longtemps décrié, le 4-2-3-1 alors que tout le monde réclamait à corps et à cris un 4-3-3 à la Barcelonaise. Au final, les meilleures équipes de ce Mondial (Pays-Bas, Espagne, Allemagne) ont évolué dans le schéma de jeu domenechien et accessoirement mourinhesque. Ce système permet d’avoir 5 joueurs au milieu de terrain pour gagner la possession de la balle. Il positionne également des doublettes ailiers/arrières intéressantes sur le côtés. Ces doublettes permettent différentes utilisation. Sur l’aile droite allemande, Müller repique régulièrement dans l’axe pour venir soutenir Klose et laisse Lahm prendre le couloir pour centrer. A l’opposé, Podolski - comme Kuyt - a pour rôle d’occuper son couloir et de faire la différence face au latéral droit adverse. Les ailiers ont une liberté si les deux milieux défensifs placés en protection devant la défense assurent l’essentiel du travail défensif. Ce «bloc de six» (4 défenseurs et 2 milieux) fait face à toutes les attaques et quadrille le terrain devant sa surface. Il est coutume de dire que les deux milieux défensifs doivent avoir des profils différents comme aux Pays-Bas ou en Espagne. L’un est un défensif pur qui reste devant sa défense en phase offensive (De Jong, Busquets) et l’autre est un relanceur qui se projette vers l’avant (Van Bommel, Xabi Alonso). L’Allemagne, elle, joue avec deux joueurs ayant le même profil qui alternent les rôles de relanceurs et de récupérateurs. Khedira et Schweinsteinger font preuve d’une belle entente afin de participer au jeu sans délaisser la défense. L’avant-centre est particulièrement important dans ce système. En effet, souvent isolé, l’attaquant doit savoir gagner ses duels et conserver le ballon ou faire la différence tout seul. Rôle ingrat s’il en est, l’attaquant de pointe peut même parfois être un faire valoir pour les trois milieux arrivant lancés dans les brèches qu’il crée dans la défense. Klose est certainement celui qui a le plus convaincu dans ce rôle par rapport à CR9, Van Persie ou encore Torres.

... et le naufrage des Bleus

A des années lumières de la réussite espagnole, l’élimination de l’équipe de France au premier tour a sans doute été une bonne chose pour ce Mondial, tant au niveau du jeu que de l’état d’esprit. Ce n’est pas un hasard si elle était une des moins aimées du tournoi et si une bonne partie de la planète s’est réjouie de ses déboires. La liste est longue: des matches amicaux décevants, un jeu quasi-inexistant, un seul but marqué, les insultes d’Anelka, la grève des joueurs qui s’en est suivie, l’intervention surréaliste des hommes politiques dans la gestion de la crise, les déclarations assassines de certains joueurs contre leur entraîneur... Une longue descente en enfer qui ressemblait plus au dernier épisode d’une série américaine longue de six ans qu’à une équipe de joueurs professionnels participant à la plus grande compétition sportive au monde.

Les arbitres broient du noir

Mark Van Bommel est reparti sans son carton rouge, et pourtant... il avait mis toutes les chances de son côté. En finale Howard Webb a plutôt maîttrisé son sujet, même s’il a attendu la 112e minute pour exclure un Néerlandais. Une décision fatale pour l’équipe de Bert Van Marwijk qui aurait pu être prise dès la première mi-temps. Plusieurs matches de cette Coupe du monde ont été autrement faussés. Sepp Blatter s’est excusé, au beau milieu des huitièmes de finale, auprès de l’Angleterre (le fameux but refusé de Franck Lampard) et du Mexique (Carlos Tevez qui campe victorieusement dans la surface des Aztèques). Mais le Portugal aurait pu aussi recevoir un petit mot pour le but de David Villa hors-jeu en 8es, la Côte d’Ivoire pour les mimines du Brésilien Luis Fabiano au premier tour ou encore le Paraguay après un drôle de quart de finale face à l’Espagne (Nelson Valdez s’en frotte encore les yeux). Le débat sur la vidéo a été relancé, et Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, a ouvert tout doucement la porte vendredi dernier: «Après ce qui s’est passé au cours de deux matches (Mexique et Angleterre, ndlr), Joseph Blatter a annoncé que la technologie «goal line» (qui permet de voir si un ballon a franchi la ligne de but, ndlr) serait à l’agenda de la prochaine réunion de l’International Football Association Board (IFAB). Si la technologie fonctionne, il semble possible de la mettre en place.» Autre projet qui devrait être acceléré: l’arbitrage à cinq, avec un homme en noir en plus dans chaque surface, une initiative exploré la saison dernière en Ligue Europa, et cette saison en Ligue des Champions.

L’Allemagne redore son blason

Avant ce Mondial, c’était encore dans l’imaginaire collectif l’équipe des moustachus, arrogante et brutale. C’est devenu le «must» du football actuel, un jeu léché, une défense solide, des contre-attaques magistrales, l’envie de taper les 10-15 touches de balle d’affilée. Une gageure pour bien des équipes présentes en Afsud... Finis Harald Schumacher ou Horst Hrubesch, les Teutons flingueurs et leur grande gueule agaçante. Le foot n’est plus un sport qui se joue à 11 contre 11 avec l’Allemagne qui gagne à la fin, c’est un sport qui se joue à 11 contre 11 avec l’Allemagne qui joue bien, et très très bien. Le sélectionneur Joachim Löw, digne successeur de son mentor Klinsmann, a emmené au combat une bande de Marie-Louise rafraîchissante et étonnante: Thomas Müller, encore ramasseur de balles au Bayern il y a trois mois, Sami Khedira, l’homme aux trois poumons, Mesut Ozil, brillant manieur de ballons qui a fini le Mondial éreinté, Lukas Podolski, Toni Kroos... pas un de plus de 25 ans, beaucoup champions d’Europe espoirs en 2009 et appelés à un grand avenir. L’Allemagne a créé un collectif, et il était presque émouvant de voir Arne Friedrich, risée du pays entier quand il jouait latéral au Hertha Berlin, devenir un défenseur central étincelant et offensif, meilleur joueur avec l’éternel Klose (14 buts en Coupe du monde!) de la branlée infligée en quart à l’Argentine (4-0). Ah si Abidal avait pu l’imiter, ne serait-ce que quelques secondes...

L'équipe du Mondial2010 de Slate.fr

Photo: L'Espagne championne du monde. REUTERS/Albert Gea

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