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Guerre en Ukraine: Kramatorsk, la ville devenue capitale de l'amour

Temps de lecture : 2 min

À seulement quelques kilomètres du front, les soldats retrouvent leur partenaire le temps d'un week-end.

«L'amour est une arme puissante. C'est le petit feu qui garde mon mari en vie.» | Katerina Holmes via Pexels
«L'amour est une arme puissante. C'est le petit feu qui garde mon mari en vie.» | Katerina Holmes via Pexels

À Kramatorsk, en Ukraine, les soldats ont troqué les fusils contre des bouquets de fleurs. Dans la gare, à quai, les trains express en provenance de Kiev sont remplis pour certains de soldats, pour d'autres de leurs compagnes ou compagnons. Les couples se retrouvent pour un court moment, avant que les militaires ne regagnent le front.

Avant l'invasion, Kramatorsk était une ville industrielle de 150.000 habitants. Mais comme l'indique The Economist, elle se réinvente aujourd'hui en capitale romantique du pays. Dès les premières semaines d'invasion, en février 2022, les usines ont fermé et la plupart des habitants ont fui vers d'autres villes. Si elle est désormais fortement militarisée, il y a tout de même de l'amour dans l'air.

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Pour les soldats qui ne sont pas autorisés à voyager loin des combats, Kramatorsk est devenue l'endroit qui leur permet de passer du temps avec leur partenaire. Il n'y a certes plus d'hôtels –ils ont tous fermé lorsque l'un d'eux a subi une attaque à la bombe en été 2022–, mais un réseau de location d'appartements, à la journée ou à l'heure, comble le vide. Les fleuristes, les boutiques de cadeaux et les restaurants eux aussi prospèrent.

Quand l'amour relance l'économie d'une ville

Artyom, un agent immobilier, confie qu'il a fait de bonnes affaires depuis que le train en provenance de Kiev s'est remis en marche en octobre 2022. Environ 80% de ses clients sont des soldats et leur partenaire qui louent des appartements pour une courte durée. Le tarif pour vingt-quatre heures s'élève à 25 euros, c'est le double des prix d'avant-guerre. Mais la demande est forte, alimentée par le bon salaire des militaires.

«La ville prend vie les week-ends, avec des couples qui marchent main dans la main dans le parc, même avec le boom des explosions et les sirènes au loin», raconte Artyom. Les positions russes les plus proches sont à seulement 20 kilomètres, ce qui place la ville à portée des missiles.

Le commerce du corps est aussi animé à Kramatorsk. Deux maisons closes ont ouvert depuis le début des combats en février 2022. «Ce n'est pas le moment de s'attaquer à la morale, insiste un responsable militaire. Tout ce qui nous préoccupe, c'est que les soldats ne révèlent pas d'informations devant les filles, et que ces dernières n'en transmettent pas à l'ennemi.» Les travailleuses du sexe, elles, révèlent qu'elles se voient comme partie intégrante de l'effort de guerre. «Nous sommes ici pour remonter le moral de nos hommes, déclare l'une d'elles auprès de The Economist. Ils nous défendent alors nous voulons les aider du mieux que possible.»

Après leur week-end romantique, les soldats ukrainiens rejoignent les combats avec prudence. «C'est un danger constant», explique Alexander, qui s'apprête à retourner au front. Sa femme, Viktoria, raconte qu'ils ont profité de ces quelques jours pour parler de projets communs. «L'amour est une arme puissante, observe-t-elle. C'est le petit feu qui garde mon mari en vie.»

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