Sciences

Les premiers êtres humains se sont-ils accouplés avec une population «fantôme»?

Temps de lecture : 2 min

Une étude vient élucider des variations génétiques jusqu'alors inexplicables.

La nouvelle étude montre que les premiers êtres humains se divisaient et fusionnaient en de nouvelles populations. | Rama via Wikimedia Commons
La nouvelle étude montre que les premiers êtres humains se divisaient et fusionnaient en de nouvelles populations. | Rama via Wikimedia Commons

L'histoire de l'évolution de l'espèce humaine contient encore bien des interrogations. Afin d'expliquer la diversité génétique des premiers homo sapiens, certains scientifiques pensaient que nos ancêtres s'étaient accouplés avec une espèce inconnue: une population «fantôme», en quelque sorte. La raison? Certaines différences génétiques entre les groupes d'êtres humains sont plus vieilles que la date à laquelle on pensait que nos ancêtres communs s'étaient divisés en diverses populations.

Le magazine National Geographic relaie une nouvelle étude parue dans la revue Nature qui vient éclaircir cette énigme, et qui n'invoque pas une espèce inconnue. Jusque-là, les schémas d'évolution d'homo sapiens considéraient les populations ancestrales comme un tronc commun: les individus qui en seraient issus seraient génétiquement similaires, tandis que ceux évoluant sur des branches différentes ne se mélangeraient plus avec les autres.

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La nouvelle étude, menée par Aaron Ragsdale, généticien des populations à l'Université du Wisconsin-Madison, remet en cause cette unité supposée. «Quand nous considérons dans notre modèle informatique que la population du tronc commun n'est pas si ferme, mais que des parties s'en éloignent occasionnellement et fusionnent à nouveau ensemble plus tard, on obtient une bien meilleure correspondance avec les variations génétiques actuelles des populations humaines», explique Aaron Ragsdale.

Une ascendance africaine diverse

«Durant la période qui nous intéresse, d'il y a un million d'années jusqu'à il y a 100.000 ans, nous savons que certains changements climatiques comme des cycles glaciaires ont pu amener des populations à s'étendre ou à diverger dans de nouvelles régions à certaines périodes, et à fusionner avec d'autres», souligne Brenna Henn, coautrice de l'étude et généticienne à l'Université de Californie à Davis.

C'est ainsi qu'il y a 120.000 ans, lorsque des régions africaines sont passées d'un climat froid et aride à des conditions chaudes et humides, deux branches de l'arbre généalogique humain ont fusionné. Ensemble, leurs membres ont formé les ancêtres des Khoïsan, un ensemble de groupes ethniques vivant aujourd'hui dans le sud de l'Afrique, et qui, relève Brenna Henn, possède le patrimoine génétique «le plus divers de la planète».

Le nouveau modèle développé par les scientifiques suggère qu'une autre fusion entre deux groupes, il y a 100.000 ans, a donné naissance aux ancêtres de groupes vivant dans l'ouest et l'est de l'Afrique. Certains descendants de ces populations viennent ensuite investir d'autres continents.

«Ceci correspond avec les idées récentes de la paléoanthropologie selon lesquelles diverses populations en Afrique ont contribué à l'ascendance du groupe d'homo sapiens qui a quitté le continent. Cela montre aussi qu'on se doit d'être plus spécifique quand on parle d'ancêtres africains –leur diversité est incroyable», signale Brenna Henn.

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