Les primates aiment les bisous. Les bonobos, les chimpanzés et, bien sûr, l'être humain, embrassent leurs partenaires. Mais s'il y a une chose dont les chercheurs sont moins certains, c'est de savoir depuis quand homo sapiens colle ses lèvres à celles des autres. Smithsonian Magazine relaie les découvertes d'un article scientifique qui retrace la première apparition écrite d'un baiser.
On pensait jusque-là que le premier bisou enregistré de l'histoire provenait d'un manuscrit de l'âge du bronze, vieux de 3.500 ans et découvert en Inde. Troels Pank Arbøll, expert en écriture cunéiforme (système d'écriture utilisé en Mésopotamie notamment) à l'Université de Copenhague, et Sophie Lund Rasmussen, biologiste à l'Université d'Oxford, ont donc découvert plus vieux que cela.
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Les chercheurs ont trouvé des tablettes mésopotamiennes vieilles de 4.500 ans qui décrivent cet acte passionnel. Ils présentent leurs découvertes dans la revue Science, dans un article qui parle du rôle des baisers anciens dans la transmission des maladies.
Une idylle avec Néandertal?
Pas question de penser pour autant qu'avant cela, l'être humain ne roulait pas des pelles, et que la Mésopotamie est le berceau du bisou. «Les origines du baiser romantique sexuel doivent se situer bien plus loin dans la Préhistoire que ce nous pouvons détecter avec les méthodes actuelles», explique Troels Pank Arbøll.
D'autres scientifiques ont par exemple trouvé des preuves que homo sapiens a eu des relations sexuelles avec l'homme de Néandertal. En étudiant des dents de homo neanderthalensis, des chercheurs ont trouvé la signature génétique d'un microorganisme vieux de 48.000 ans, également présent dans nos bouches. Ceci est peut-être le signe que les deux espèces se sont échangées des baisers, mais elles ont tout aussi bien pu partager un repas.
Reste à savoir pourquoi l'être humain embrasse en premier lieu. Certains scientifiques, note le Smithsonian Magazine, suggèrent qu'il s'agit là d'un moyen pour nous aider à évaluer nos partenaires potentiels. Qu'une mauvaise odeur sorte de la bouche de l'autre, par exemple, peut signaler à votre cerveau des signes de maladies (quand on vous dit que l'haleine, c'est important).
Une autre explication moins fataliste est que le baiser procure une sensation agréable. Pendant cet acte, des zones sensibles des lèvres et de la langue activent des régions du cerveau impliquées dans l'augmentation du plaisir.
Quand on voulait bannir le baiser
Tout le monde n'est pourtant pas attiré par les bisous. En 2015, une étude s'est penchée sur 168 cultures dans le monde, et a découvert que le baiser romantique n'est populaire que dans la moitié d'entre elles. Il en était de même dans les civilisations anciennes, estime Troels Pank Arbøll, qui pense toutefois que la pratique était fortement répandue. «Ceux qui n'ont pas adopté le baiser ont probablement pensé que c'était dégoûtant», relève le scientifique.
Rouler une pelle, est-ce répugnant? Les Mésopotamiens ne le pensaient pas. Mais des maladies comme l'herpès peuvent être transmises par la salive. Une étude suggère qu'un long baiser peut permettre l'échange de près d'un milliard de bactéries. Certaines civilisations anciennes craignaient un impact sur la santé par le baiser. L'empereur romain Tibère aurait ainsi essayé de bannir les bisous pour les fonctions d'État afin de combattre l'herpès... en vain. L'être humain ne peut pas s'empêcher d'embrasser les siens.