New York est lourde. Au total, le poids de ses bâtiments atteint 764 milliards de kilogrammes. Supportant un bon million de constructions, la Grosse Pomme s'enfonce chaque année un peu plus dans la terre, tandis que le niveau de la mer augmente: une récente étude, publiée dans la revue scientifique Earth's Future, et co-signée par Tom Parsons, Pei-Chin Wu, Meng Wei et Steven D'Hondt, a déterminé que la métropole s'enfonçait chaque année de un à deux millimètres sous le poids de son bâti.
Cet affaissement progressif, qui porte le nom de «subsidence», peut habituellement être d'origine tectonique, thermique ou, dans le cas de New York, lié à une surcharge, c'est-à-dire que des charges pesant sur le sol le poussent encore plus profondément.
«L'objectif de cet article est de faire prendre conscience que chaque nouvelle tour d'habitation construite en bord de mer, de rivière ou de lac pourrait contribuer au risque d'inondation futur», écrivent le géologue Tom Parsons, de l'United States Geological Survey, et ses collègues de l'Université de Rhode Island.
De fait, certaines parties de la ville s'affaissent beaucoup plus rapidement, et cette déformation pourrait accroître les risques d'inondation, en dépit de la construction de gigantesques digues visant à fortifier la ville.
L'écrasement qui vient
Dans leur étude, Parsons et ses collègues n'ont tenu compte que de la masse des bâtiments new-yorkais et de leur contenu, sans calculer le poids supplémentaire que font peser sur les sols les routes, les trottoirs, les ponts, les voies ferrées et autres zones pavées de la ville.
Les sols riches en argile, comme c'est le cas de ceux de New-York, sont particulièrement sujets à l'affaissement, à l'instar des remblais artificiels. Les sols plus élastiques, également présents dans la géologie complexe de New York, ont quant à eux tendance à reprendre leur forme après avoir encaissé le poids d'une construction, et les socles rocheux, qui servent d'ancrage à de nombreux gratte-ciels, ne bougent que peu.
L'urbanisation croissante de la mégapole, couplée au drainage et au pompage des eaux souterraines, risque toutefois d'aggraver le phénomène de subsidence. «New York est emblématique des villes côtières en expansion dans le monde entier que l'on voit être en train de s'affaisser, ce qui signifie qu'il existe un défi mondial commun d'atténuation des risques d'inondation croissants», estiment les chercheurs. Et effectivement, New York est loin d'être la seule à souffrir d'affaissement: Jakarta, la capitale indonésienne, pourrait être sous l'eau d'ici 2050, certaines parties de la ville s'enfonçant de près de 11 centimètres par an à cause de l'extraction des eaux souterraines.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre reste le meilleur moyen de limiter les risques futurs, que ce soit pour faire face à la montée des eaux ou aux ouragans, qui avaient déjà harcelé Manhattan en 2012 (Sandy) et en 2021 (Ida).