Alors que le pays se bat contre l'invasion russe depuis plus de quinze mois, plusieurs milliers d'Ukrainiens ont quitté leur emploi pour rejoindre l'armée. Comme l'explique CNN, les femmes assument désormais des rôles et des responsabilités auxquels elles n'avaient pas accès auparavant.
Car avant le début de la guerre, le pays interdisait certains métiers jugés dangereux aux femmes, comme le travail dans les mines, le forgeage de métaux chauds et la machinerie lourde. Mais lorsque le pays a été envahi en février 2022, le président Volodymyr Zelensky a déclaré la loi martiale –suspendant toutes les lois existantes– et le verrou professionnel a sauté pour les Ukrainiennes.
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Historiquement, les femmes ont toujours joué un rôle de main-d'œuvre important pendant les conflits, notamment lors des deux guerres mondiales. La situation se perpétue ici.
Vers une future égalité?
Tetiana, 38 ans, est issue d'une génération de mineurs de charbon. Enfant, elle rêvait de suivre les pas de son père, de son oncle et de son grand-père. Mais les femmes n'ont pas le droit de travailler à plusieurs centaines de mètres sous terre et Tetiana œuvrait donc à la surface, en tant qu'opératrice de démarrage automatique de gaz, surveillant les niveaux de méthane dans la mine.
L'extraction de charbon est essentielle pour le secteur énergétique de l'Ukraine, afin de chauffer et éclairer le pays. Lorsque des milliers de mineurs se sont engagés dans l'armée, la compagnie dans laquelle travaille Tetiana a fait appel à des volontaires féminines pour descendre sous terre. Plus de 45 femmes travaillent désormais dans des mines à l'est du pays. Elles espèrent pouvoir continuer cette activité même après la guerre. Mais l'ingénieur en chef de la mine, Oleksandre, s'est déjà exprimé sur le sujet en déclarant qu'une fois la guerre remportée, il est persuadé que les femmes retourneront vers des rôles qui leur sont dédiés. Plusieurs d'entre elles, dont Tetiana, mènent une bataille acharnée pour mettre fin aux normes de genre en Ukraine.
Au nord du pays, une autre femme a adopté un métier traditionnellement non-féminin. Maria Kobets passe ses journées dans la forge de son mari, Andriy, qui a rejoint les forces ukrainiennes. Avant la guerre, le forgeron vendait des pièces de ferronnerie complexes pour plusieurs centaines d'euros aux États-Unis et en Europe. Maintenant qu'il est loin, Maria a décidé de continuer à faire vivre l'entreprise familiale.
Toutes ces femmes contribuent à faire vivre le pays, chacune à sa façon. Plus de 60.000 d'entre elles servent l'armée, dont 5.000 dans des unités de combat. Briser des normes de genre établies n'est pas chose facile, mais elles ouvrent la voie vers plus d'égalité et d'indépendance.