Dépassement des limitations de vitesse, stationnement non autorisé, infractions au Code de la route: en une quinzaine d'années, les diplomates russes ont accumulé les contraventions lors de leurs déplacements en Australie, mais ils refusent visiblement de passer à la caisse. Et cela irrite légèrement Canberra.
Au total, l'addition s'élève à près de 90.000 dollars (environ 82.000 euros) d'après les relevés au département australien des Affaires étrangères et du Commerce, dont le chef du protocole Ian McConville a envoyé fin 2022 un courrier officiel à l'ambassadeur russe. L'objectif de la missive était de régler les choses en toute discrétion, sans passer par voie de presse, mais elle est restée sans réponse.
«Nous apprécierions que vous rappeliez leurs responsabilités à vos équipes et aux personnes qu'elles ont en charge, en vertu de l'article 41.1 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques», a-t-il écrit à l'ambassadeur Alexey Pavlovsky. L'article en question affirme que «sans préjudice de leurs privilèges et immunités, toutes les personnes qui bénéficient de ces privilèges et immunités ont le devoir de respecter les lois et règlements de l'État accréditaire».
La liste est longue
L'immunité diplomatique dont bénéficient les officiels russes (et les autres) ne permet pas de les poursuivre en justice en cas d'infraction routière ou de contraventions non réglées. En revanche, les autorités australiennes peuvent enlever des points sur les permis, suspendre ceux-ci et stopper l'enregistrement des plaques diplomatiques tant que les amendes ne sont pas payées. Et face au silence russe, l'Australie semble bien déterminée à passer à l'action, notamment en rendant les faits publics.
Les membres de la diplomatie russe ont même réussi le triste exploit de faire pire en matière d'amendes reçues que leurs homologues saoudiens, régulièrement épinglés par la police australienne ces dernières années en raison de leurs incivilités répétées sur les routes du pays. Sauf que les Saoudiens, eux, ont apparemment payé ce qu'ils devaient –ce qui, certes, ne rend pas leurs représentants moins dangereux pour autant
Pour l'Australie, c'est visiblement le moment de solder les comptes. Ian McConville a contacté vingt-six autres pays, dont The Guardian fournit la liste intégrale, pour des problèmes similaires mais de moindre envergure. Parmi eux, la Chine, les États-Unis, Israël, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis, l'Espagne ou encore l'Iran. La France peut être fière d'elle: elle ne figure pas parmi les nations pointées du doigt.