Monde

Donald Trump, un horizon indépassable pour le Parti républicain

Temps de lecture : 3 min

Le culte autour de l'ancien président américain devrait lui permettre de remporter les primaires conservatrices pour 2024, et c'est loin d'être une bonne nouvelle pour le GOP.

L'ex-président américain Donald Trump prononce un discours lors d'un meeting de campagne pour la présidentielle de 2024 à Waco (Texas), le 25 mars 2023. | Suzanne Cordeiro / AFP
L'ex-président américain Donald Trump prononce un discours lors d'un meeting de campagne pour la présidentielle de 2024 à Waco (Texas), le 25 mars 2023. | Suzanne Cordeiro / AFP

Les mois passent et se ressemblent pour les Républicains depuis la fin du mandat de Donald Trump en janvier 2021. L'apathie qui traverse le parti conservateur américain se prolonge, malgré les différentes alertes électorales de ces deux dernières années. L'ancien président est englué dans de multiples affaires mais toujours aux commandes, l'opposition interne peine à s'imposer, la base est toujours autant radicalisée et l'horizon apparaît plutôt nuageux.

L'attaque contre le Capitole aurait dû permettre de tourner la page d'un trumpisme toxique, l'opportunité n'a pas été saisie. Les mauvais résultats lors des élections de mi-mandat offraient une chance de passer à autre chose, il n'en fut rien. Les multiples ennuis judiciaires ouvraient une nouvelle brèche pour remettre en cause la mainmise du milliardaire new-yorkais expatrié en Floride, l'inverse s'est produit. Le paquebot républicain semble incapable de se passer de son capitaine, qui l'a mené à bon port en 2016 et qui le fait couler peu à peu depuis.

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Trump jusqu'à la lie

Largement favori pour remporter les primaires républicaines qui doivent commencer dans quelques mois, Donald Trump est en bonne voie pour être, pour la troisième fois consécutive, candidat à l'élection présidentielle de 2024. Tel le phœnix qui renaît de ses cendres, l'ex-président réussit l'exploit de se relever à chaque fois qu'il semble politiquement fini et continue de déjouer tous les pronostics de ceux qui annoncent sa fin imminente.

Rien ne semble pouvoir calmer sa soif de pouvoir, confortée par le culte de la personnalité qu'il a construit à grands coups de bulldozer au sein du Grand Old Party lors de sa première campagne électorale. Savamment nourrie pendant huit années à grand renfort de complotisme et de faits alternatifs, l'adoration qui traverse la noyau dur de l'électorat républicain est totale et lui offre les moyens de défier sans limite la gravité politique.

D'après les agrégateurs de sondages, le milliardaire est loin devant ses concurrents conservateurs. Crédité de 52,2% d'intentions de vote chez Real Clear Politics et 49,3% chez Fivethirtyeight, il devance en moyenne son principal potentiel adversaire –le gouverneur de Floride Ron DeSantis– de plus de 20 points. Et alors que certains imaginaient que son inculpation pour avoir acheté le silence de l'ancienne actrice pornographique Stormy Daniels allait le mettre dans l'embarras, il en est sorti renforcé.

Sa popularité au sein de la base électorale du Parti républicain s'est depuis accrue, lui permettant de récolter plusieurs millions de dollars supplémentaires pour financer sa campagne électorale. Donald Trump reste donc, au sein de sa famille politique, l'unique personnage principal.

Une opposition dans l'impasse

Cette domination sans partage rend difficile l'émergence d'une opposition crédible, à même de détrôner l'icône des électeurs républicains. Si Ron DeSantis apparaît être le seul en capacité de défier Donald Trump, il n'est toujours pas officiellement candidat et peine de plus en plus à convaincre les donateurs fortunés. Ne décollant pas dans les sondages et pris pour cible par le camp trumpiste, il apparaît aujourd'hui quelque peu fragilisé.

Quant aux autres candidats crédités de moins de 5% d'intentions de vote –l'ancien vice-président Mike Pence, l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley ou encore le sénateur Tim Scott–, tout indique qu'ils vont droit vers un échec cuisant.

Le piège du trumpisme continue de prouver son efficacité, puisqu'aucune stratégie ne semble fonctionner. Si un concurrent de l'ancien président l'attaque frontalement, il prend le risque de se couper de la base du Parti républicain et s'assure quasiment d'être défait lors des primaires. À l'inverse, la calinothérapie n'apporte aucune plus-value, puisqu'elle ménage son leadership. Pourquoi un électeur irait-il voter pour un candidat qui affirme que son adversaire, ultra favori, est un homme politique de qualité qui a accompli des choses formidables?

En ayant vampirisé l'électorat conservateur, Donald Trump s'est assuré une mainmise durable sur l'agenda du GOP, les primaires et, in fine, l'élection présidentielle.

Un débat télévisé loin de rassurer

À l'approche de la grand-messe électorale de novembre 2024, un point sur les performances électorales de l'ancien président semble indispensable pour mesurer l'impasse dans laquelle se trouve le Parti républicain. Hormis sa victoire en 2016 avec trois millions de voix de moins que Hillary Clinton, Donald Trump et sa famille politique enchaînent les contre-performances: perte de la Chambre des représentants en 2018, défaite à l'élection présidentielle de 2020, perte du Sénat à la même date et élections de mi-mandat ratées en 2022, malgré la reprise sur le fil de la Chambre des représentants.

Une conclusion s'impose: le trumpisme ne permet absolument pas aux conservateurs de renforcer leurs positions, au contraire. Mais, bien installé au sein de la base électorale du parti, il perdure et mène toujours la danse. Cette situation inquiète, à juste titre, l'establishment conservateur. Et ce n'est pas le dernier débat télévisé, organisé par CNN mercredi 10 mai dans l'État du New Hampshire, qui devrait les rassurer.

Donald Trump a une fois de plus fait preuve de radicalité, sans intention aucune d'élargir son électorat. Sans programme, en dehors de la volonté de servir ses intérêts, l'ancien président compte uniquement sur le culte autour de sa personnalité pour remporter les primaires et tenter ensuite de retourner à la Maison-Blanche. Si le premier point semble pour l'heure être une formalité, le second paraît beaucoup plus difficile à atteindre dans ces conditions. Le ver est dans le fruit et continue de le ronger.

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