À croire que cette gauche-là, cette gauche foutraque baptisée «Nupes», n'a aucun désir de gouverner ni demain ni jamais. Jour après jour, cette gauche fait honte, elle n'apprend rien de rien, et prise en otage par des Insoumis qui ne cherchent qu'à semer le désordre, à provoquer le chaos pour imposer leurs idées, elle donne à voir un spectacle d'une tristesse infinie, un renoncement à tout ce qui fut hier son principal attrait: un mélange de progressisme et de réalisme permettant l'émancipation de chacun.
Aujourd'hui ce ne sont que vociférations, appels à l'insurrection, provocations puériles qui débouchent sur une sorte de cacophonie généralisée où l'on parle à tort et à travers dans un excès de tous les instants. Comment donc cette gauche pourrait prétendre à gouverner le pays quand elle passe son temps à défier la République, à la rabaisser, à piétiner ses fondements même?
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C'est une gauche adolescente, une gauche à fleur de peau, une gauche prépubère qui pense parler pour le peuple là où elle le pousse d'une manière plus ou moins cynique vers l'extrême droite. Cette gauche a faim de violence, de revanche, de vengeance, d'une lutte au couteau avec cette forme doucereuse du nationalisme incarnée par le Rassemblement national. Les extrêmes se sont toujours entendus pour rapiécer la République afin qu'il n'en reste plus rien si ce n'est un champ de ruines où leurs idées pourraient prospérer.
Cette gauche-là ne va nulle part. Électoralement, par sa constante surenchère verbale, ses outrances et ses exagérations, ses ambiguités sur l'État de droit, elle se coupe des modérés, des centristes, des socialistes d'hier, de millions et de millions d'électeurs, qui jamais, sous aucune condition, ne leur apporteront leurs suffrages. Une gauche minoritaire vouée à demeurer dans l'opposition, à se prétendre rebelle et insolente, là où elle n'est finalement que pathétique et criarde.
Si cette gauche voulait vraiment changer la vie des gens par l'exercice du pouvoir, mais le veut-elle seulement? Elle s'entendrait pour élargir sa base électorale, amener à elle des électeurs qui se désespèrent de la voir s'enferrer chaque jour un peu plus dans un discours équivoque où sous couvert de parler au nom du peuple, on agite le spectre révolutionnaire, l'appel à peine déguisé à l'insurrection et à la mise à sac de la République.
Plus Jean-Luc Mélenchon vieillit et plus il se crispe sur ses vieilles lunes, tout ce fatras révolutionnaire qui le condamne à être un tribun de l'inutile, un garçon-boucher de la vie politique du pays. Si rester fidèle à ses idéaux de jeunesse peut comporter quelque panache, cette obstination farouche, féroce même, conduit immanquablement à une impasse quand il s'agit de confondre son destin personnel avec celui de la nation.
Il demeure l'incarnation d'une gauche doctrinaire qui entend faire plier le peuple sous le coup de trique de ses tocades révolutionnaires. Selon lui, c'est au peuple de rejoindre cette gauche-là et non point à cette dernière d'aller vers lui. Elle y verrait là un abaissement, un renoncement à ce qui a toujours fait le cœur de sa matrice idéologique, sa croyance presque mystique en un élan qui mettrait à bas le capital pour asseoir l'égalité parmi les individus, une égalité si nécessaire qu'elle autoriserait voire encouragerait la violence, cette passion commune à tous les extrémismes, de droite ou de gauche.
D'où cette agitation incessante, ce vacarme, cette confusion qu'on pratique afin d'exciter les passions mauvaises. On ne parle plus, on harangue. On ne critique pas, on vitupère. On n'essaie pas de convaincre, on aboie pour mieux se faire entendre. Et ce faisant, on ouvre grand la porte à l'extrême droite qui, ne disant rien, engrange malgré tout les dividendes de toute cette furie.
L'extrême gauche le sait mais ne fera rien pour l'arrêter. Mieux, elle se débrouillera pour rendre son accession possible. Plus le pays sera gouverné à la droite de l'échiquier, et plus l'extrême gauche s'en réjouira; elle exultera d'avoir en face un adversaire qui comme elle parle le même langage, celui de la haine, du rejet de l'autre et de la violence.
Il est grand temps pour la gauche de se ressaisir et d'en finir avec le mirage de la Nupes. Plus que jamais le pays a besoin d'une gauche responsable, d'une gauche humaniste qui refuse de toute sa force la violence et le chaos. Pour l'heure, cette gauche a disparu mais pas ses électeurs. Ils l'attendent, ils la réclament, ils l'exigent.
Il y a urgence.
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