Le constat est alarmant. Selon une récente étude publiée dans la revue Pediatrics, les adolescents se trouvant dans des relations amoureuses toxiques et abusives seraient plus susceptibles d'être confrontés à des problèmes d'addiction et à des troubles mentaux à l'âge adulte. Ils sont par ailleurs plus enclins à reproduire des schémas relationnels malsains, voire potentiellement dangereux, rapporte NBC.
Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe d'Antonio Piolanti, chercheur à l'Institut de psychologie de l'université de Klagenfurt, en Autriche, a passé en revue une quarantaine d'études réalisées entre 2004 et 2022. Ces dernières portaient sur les conséquences de diverses formes de violence au sein des relations adolescentes, «notamment les abus sexuels, physiques, psychologiques et ceux en ligne.»
Ils ont ainsi découvert que les relations abusives à l'adolescence étaient intimement liées à la consommation de drogue ou d'alcool à l'âge adulte. Elles «sont également associées de manière significative à une augmentation des comportements sexuels à risque, tels que les rapports sexuels non protégés ou les rapports sexuels sous l'influence de l'alcool», écrivent les chercheurs.
Cette étude s'inscrit par ailleurs dans la continuité de nombreux travaux scientifiques qui démontrent que les jeunes femmes sont plus susceptibles d'être victimes de violences de la part de leur partenaire. Parmi les études passées en revue, nombre d'entre elles établissent en effet un lien «entre la violence dans les relations adolescentes et les symptômes de dépression chez les jeunes femmes», ces derniers pouvant persister jusqu'à six ans après la fin de la relation.
Si l'étude ne contient pas de données sur les personnes LGBT+, elles «connaissent certainement des taux plus élevés de violence physique et sexuelle dans leurs relations amoureuses que les personnes identifiées comme hétérosexuelles», soutient également Anisha Abraham, spécialiste en médecine de l'adolescent au Children's National Hospital de Washington D. C.
Le rôle clé des parents
«La manipulation psychologique peut être subtile, voire indétectable, par des adolescents qui se trouvent encore en phase de développement», souligne Anisha Abraham. «C'est quelque chose qui peut donc être particulièrement difficile à comprendre pour eux, car ils tentent simplement de se sentir bien dans leur relation.»
Pour Richard Chung, également spécialiste en médecine de l'adolescent, «l'adolescence est un moment crucial. [...] Et les expériences vécues lors de cette période, qu'elles soient positives ou négatives, utiles ou blessantes, peuvent avoir de nombreuses conséquences.»
Face à ce phénomène inquiétant, les parents ont donc un rôle à jouer, et les experts sont catégoriques : il est indispensable de discuter avec leurs enfants de relations saines, et ce, le plus tôt possible. «On pense souvent qu'il n'est pas nécessaire d'avoir ce type de conversations jusqu'à ce que l'adolescent commence à avoir des relations amoureuses», commente Richard Chung. «Mais c'est alors probablement trop tard.»
Pour Anisha Abraham donc, il est essentiel d'avoir des conversations, non seulement avec les filles, mais aussi avec les garçons, sur ce que sont des relations normales et saines le plus tôt possible. «Cela implique d'aborder les thèmes du consentement et du respect», conclu-t-elle.