Économie

Parole d'exilé, les prix pratiqués dans les supermarchés français sont stratosphériques

Temps de lecture : 3 min

[BLOG You Will Never Hate Alone] Du fromage au papier toilette, tout coûte un pognon de dingue!

Je me rendais au supermarché la peur au ventre. | Isabelle Jones via Flickr
Je me rendais au supermarché la peur au ventre. | Isabelle Jones via Flickr

Foi d'exilé, la vie en France, du moins à Paris, n'est pas chère, elle est astronomiquement chère. Longtemps, je me souviendrai de ma première visite dans un supermarché quand désireux de me fournir en lames de rasoir jetables, je découvris que leur prix équivalait à la moitié de mon salaire. Un rayon plus tard, pris d'envie d'assouvir mes appétits fromagers, ce fut comme si j'avais basculé dans la quatrième dimension: depuis mon dernier voyage, les prix avaient quasi doublé au point où pour ne pas perdre la face et rentrer des courses bredouille, je me rabattais sur un camembert rapiécé, une sorte de mini camembert qui devait m'accompagner tout au long de mon séjour.

Et je ne parle même pas des madeleines, des biscuits secs, des pâtes, en fait de la majorité des produits dont les prix dansaient devant mes yeux comme dans un opéra comique, une farce grotesque où pour me punir d'avoir quitté ma terre natale, un esprit particulièrement retors se serait amusé à changer les prix et leurs étiquettes. Ce n'était qu'une supérette de quartier, une comme il en existe par milliers, mais elle m'apparaissait comme un établissement de luxe, de ces épiceries fines où des individus fortunés, des fils d'émir ou des bâtisseurs d'empire, viennent dépenser sans compter.

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Dès lors, à l'idée de m'aventurer dans un supermarché, je tremblais d'effroi. Quelle autre surprise m'attendait? De quelle somme devrais-je me départir pour manger à ma faim, déguster quelques gourmandises locales qui m'avaient tant manqué dans mon lointain pays? Avais-je donc accompli tout ce périple pour me nourrir de nouilles toutes préparées, de chinoiseries sans saveur qui sont le lot de portefeuilles désargentés et de ventres affamés? Quel intérêt de revenir en France si ce qui reste de sa grandeur, sa bouffe et ses attributs, demeure inaccessible au commun des mortels? Autant rester au Groenland.

Je décidai de réduire au maximum mes dépenses alimentaires mais la nature étant ce qu'elle est, mon estomac même en partie désoeuvré continuait à effectuer son dur labeur, si bien qu'il m'arrivait de temps à autre d'expurger ce qui l'encombrait, exercice dont la conclusion exigeait de recourir à ce que la civilisation a inventé de plus précieux depuis l'homme des cavernes, j'entends le papier toilette, l'indispensable PQ. Quand je découvris son prix, j'en fus si bouleversé que d'instinct mes sphincters se contractèrent, salutaire initiative qui me permit de rester constipé le reste de mon séjour et par là d'autant plus riche puisque hormis quelques tâches inhérentes au soulagement de la vessie, je pus me passer de ces feuilles au coût prohibitif.

À dire vrai, jamais je ne me serais attendu à ce que les prix soient ainsi si élevés. Comparé au Canada, la France jouait dans une autre catégorie, une sorte de Ligue des champions de l'inflation. Qu'un bout de comté me revienne à peine moins cher que celui trouvé dans mon pays d'adoption, voilà qui ne manqua pas de me surprendre (et de m'atterrer). Comment était-il possible qu'un produit issu des terroirs français puisse s'acheter à un prix équivalent proposé dans une boutique située à des milliers de kilomètres de son lieu de fabrication? Par quels sortilèges, le lait de vaches jurassiennes une fois arrivé dans un supermarché sous la forme d'un simple fromage à croûte devenait un produit de luxe aussi cher qu'un sac Vuitton?

Face à de telles incongruités, j'adoptais des mesures martiales. Je me contentais du strict minimum, oubliais de me raser, de me brosser les dents, pratiquais des jeûnes prolongés si bien qu'au moment de passer la douane, l'officier fut bien en peine de trouver une quelconque ressemblance entre la photo affichée sur mon passeport et le visage que je lui présentais. Heureusement que mes empreintes coïncidaient, sinon j'étais bon pour un camp de transit.

Ceci dit, aurait-ce été si dramatique? Après tout, j'aurais eu le gîte et la nourriture gratuite.

Ce qui de nos jours est tout sauf un luxe!

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