Monde / Économie

Retraites: les Français sont-ils vraiment mieux lotis que les Américains?

Temps de lecture : 3 min

Les États-Unis sont parmi les pays riches où il est légalement possible de partir à la retraite le plus tôt. Mais attention, il y a un piège.

D'une manière générale, le système de retraite américain est à l'image de la société américaine. | Sina Bahar via Pexels
D'une manière générale, le système de retraite américain est à l'image de la société américaine. | Sina Bahar via Pexels

Les débats autour de la réforme des retraites du gouvernement Borne et du report de l'âge légal de départ à 64 ans font rage depuis plusieurs semaines dans l'Hexagone et les mobilisations se poursuivent malgré la promulgation de la loi. Si en France, le sujet mobilise une grande part de la société à chaque fois qu'il est au centre de l'agenda politique, c'est moins le cas aux États-Unis, où le système de retraite est mixte, avec une place plus importante faite à la capitalisation et donc aux choix personnels ou contraints, ce qui fragilise, de fait, la notion de collectif.

Aussi, le rapport des Américains au travail est différent de celui des Français qui, eux, bénéficient de protections plus généreuses et d'un encadrement plus strict des pratiques des employeurs. Pour autant, et contrairement aux idées reçues en Europe, le régime des retraites de base américain repose lui aussi sur un principe de répartition.

Un socle hérité du New Deal

L'assurance-retraite américaine, ou «Old-Age Survivors Insurance program», est administrée par l'Administration de la sécurité sociale –une agence fédérale indépendante–, qui est en charge du programme mis en place sous la présidence de Franklin D. Roosevelt, à l'époque du New Deal, et comportant sept volets, parmi lesquels l'assurance-vieillesse. Comme en France, cette dernière repose sur la répartition: les cotisations sur les salaires, appelées taxes, financent les pensions de retraite de ceux qui ne sont plus en activité et ouvrent des droits pour une future pension.

Le montant de la pension dépend de la durée de cotisation et du salaire de référence, calculé en fonction des 420 meilleures rémunérations mensuelles soit l'équivalent des trente-cinq meilleures années, là où en France, ce sont les vingt-cinq meilleures années qui sont prises en compte pour les salariés du privé.

L'âge légal de départ à la retraite est de 62 ans, ce qui, depuis la réforme du gouvernement Borne, fait désormais des États-Unis l'un des seuls pays riches où il est légalement possible de partir «si tôt» à la retraite. Cependant, pour espérer une pension complète, les Américains doivent travailler jusqu'à 66 ans, voire 67 ans pour les personnes nées après 1960. Contrairement à la France, où il est possible d'obtenir le taux plein en cas de départ à l'âge légal si la durée de cotisation est suffisante, la décote est généralement automatique aux États-Unis si le départ intervient avant l'âge ouvrant le droit au taux plein.

Bien qu'il permette un départ en retraite dès 62 ans, le régime de base américain reste donc moins avantageux que le régime de base français.

L'incontournable capitalisation

Si comme dans l'Hexagone, la capitalisation n'est pas obligatoire, elle est cependant fortement recommandée aux États-Unis, et une majorité des actifs y a recours. Le faible niveau de pension offert par le régime de base pousse en effet les Américains, et notamment les cadres, à épargner en amont pour maintenir un niveau de vie correct à la retraite.

La retraite par capitalisation s'organise autour deux piliers principaux:

Elle présente toutefois de gros inconvénients. Tout d'abord, elle est facteur d'inégalités, puisqu'elle va généralement dépendre de la profession, du salaire et de l'employeur. Ensuite, elle est soumise aux fluctuations des marchés financiers et donc risquée, contrairement au régime général, garanti par l'État fédéral. Enfin, elle est complexe et requiert une attention très particulière pour l'optimiser.

Au régime général et à l'épargne à risque, s'ajoutent les régimes de retraite supplémentaire à prestations définies dits «à droits certains» (defined benefit plans), qui concernent 15% des salariés du secteur privé ainsi qu'une grande majorité des fonctionnaires. Ils permettent à ceux qui en bénéficient d'obtenir un complément –en théorie– garanti et calculé selon l'ancienneté et le salaire.

D'une manière générale, le système de retraite américain est à l'image de la société américaine: moins protecteur et plus individualiste. Pour beaucoup d'Américains, notamment les plus modestes qui n'ont pu souscrire à un plan d'épargne, la retraite est ainsi financièrement inenvisageable. C'est pour cette raison qu'il n'est pas rare de voir des personnes (très) âgées encore en activité lorsqu'on se rend aux États-Unis.

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