Comment vivaient les femmes à l'époque médiévale? «Très mal» est la réponse qui vient généralement à l'esprit. On les imagine opprimées et contraintes au pouvoir de leur mari. Pourtant, comme l'explique le Guardian, leurs conditions de vie étaient loin de ce qu'on imagine.
The Once and Futur Sex: Going Medieval on Women's Roles in Society, d'Eleanor Janega et The Wife of Bath, de Marion Turner, soutiennent que les femmes du Moyen Âge étaient non seulement plus paillardes, mais aussi bien plus occupées qu'on le ne croit.
Elles étaient brasseuses, forgeronnes, poètes à la cour, enseignantes, marchandes, maîtresses artisanes, et elles étaient également propriétaires de terres. Leur dot était souvent accompagnée d'instructions imposant qu'elles conservent leurs terres, peu importe la volonté du mari. Bien sûr, les aristocrates, elles, étaient sérieusement inférieures à leur époux. Elles étaient échangées comme des objets, et gardées précieusement à la maison, tels des bibelots décoratifs.
C'est à la Renaissance que la place des femmes a drastiquement changé. Avec l'évolution du pouvoir économique, la classe moyenne émergente a commencé à vouloir imiter ses «supérieurs». C'est ainsi que les femmes se sont retrouvées confinées, mises à la merci financière des hommes. Leur puissance religieuse a elle aussi complètement diminué. Au XIIIe siècle, entendre des voix et avoir des visions pouvaient en faire des saintes. Cent ans plus tard, elles étaient brûlées vives pour les mêmes raisons.
Les auteurs ont créé le mythe de la femme médiévale opprimée
Si toutes ces informations paraissent nouvelles, c'est parce qu'une grande partie de ce que l'on connaît sur le Moyen Âge a été inventée par les Victoriens, qui vouaient une véritable obsession pour la période. À travers la poésie et les innombrables réécritures des contes du roi Arthur, ils ont en quelque sorte réussi à insuffler leur propre politique sexuelle dans l'histoire médiévale, de façon permanente. Les femmes victoriennes étaient bien plus réprimées que leurs ancêtres du XIIe siècle!
Toutefois, les auteurs modernes sont eux aussi coupables de ce révisionnisme sexiste. On écrit sans cesse sur la vie de femmes nobles et réprimées, en ignorant complètement le pouvoir de leurs semblables des classes inférieures. Lorsque ces dernières sont mentionnées, elles sont prostituées ou victimes de viol. Les écrivains ont tendance à représenter les femmes comme des êtres bien plus opprimés qu'elles ne l'étaient vraiment.
Ces préjugés sont à l'origine de deux malheureuses conséquences. L'une consiste à croire que l'inégalité des sexes est «naturelle», parce qu'elle l'a toujours été. L'autre est de nous donner une certaine complaisance vis-à-vis de notre époque, en faisant croire que les progrès en matière d'égalité et de féminisme avancent petit à petit avec le temps, alors qu'ils ont parfois subi de gros retours en arrière. Lorsqu'une femme des siècles passés semblait avoir une autonomie exceptionnelle, on dit qu'elle était «en avance sur son temps», alors qu'en réalité... pas vraiment.