Si on vous reproche souvent d'avoir une mémoire de poisson rouge, sachez que vous n'êtes pas seul. Il a été démontré il y a déjà bien des années que la mémoire pouvait faire défaut. Interesting Engineering révèle que le cerveau est capable de créer de faux souvenirs quelques secondes après l'événement.
Dans le cadre d'une étude, il a été demandé à une centaine de participants de regarder une série de lettres et de se souvenir d'une seule lettre surlignée. Certaines séries comprenaient des lettres inversées (en miroir), que les participants devaient aussi retenir. Environ 40% des participants ont été capables de donner la lettre et de préciser qu'elle était inversée, et 10% d'entre eux n'ont pas su dire quelle lettre était surlignée. Les personnes qui n'ont pas su dire que la lettre était inversée ont répondu sans hésiter, et ce, seulement 0,3 seconde après l'avoir vue.
Cette expérience démontre bien que les souvenirs sont forgés par nos idées préconçues et nos attentes. On se souvient parfois de ce qu'on s'attend à voir, et pas forcément de ce qu'il se passe vraiment. «Intuitivement, on pense que nos souvenirs sont fiables», en particulier lorsqu'ils concernent un événement qui vient tout juste d'arriver, explique Mark Otten, auteur de l'étude et neuroscientifique à l'Université d'Amsterdam.
Nos préjugés et nos attentes peuvent brouiller nos souvenirs
Si la mémoire à long terme est connue pour devenir floue avec le temps, nous sommes généralement très confiants lorsqu'il s'agit de la mémoire à court terme. Bien que l'étude ne puisse pas remettre en question tous nos souvenirs (après tout, une bonne part des participants ont répondu juste), elle peut toutefois révéler comment les individus interagissent ensemble.
Le système judiciaire criminel, par exemple, est construit autour de la présence de témoins, afin de condamner (ou non) l'accusé. Généralement, plusieurs témoins sont appelés à la barre, et dans cette situation il arrive que certains d'entre eux puisent dans les souvenirs des autres pour compléter leur propre mémoire de l'événement, parfois complètement inconsciemment.
Les préjugés tiennent aussi une place importante dans notre mémoire, et pas seulement dans un cadre aussi sérieux que le système judiciaire. «Ce serait intéressant de trouver un moyen pour tester les effets de la connaissance sociale –les préjugés, les stéréotypes ou encore les croyances personnelles– sur la mémoire à court terme, avance Otten. Est-ce que les attentes que nous avons sur les gens façonnent immédiatement ce dont on se souvient, comme leur voix ou leurs expressions? Ou bien suis-je responsable de certaines fausses représentations, juste parce que ça ne rentre pas dans mes attentes?»
Quoi qu'il en soit, la mémoire est définitivement imparfaite, même lorsqu'il s'agit d'un passé récent. Alors ne vous fiez pas trop à ce dont vous croyez vous souvenir.