Santé

Comment bien se laver l'intérieur du nez

Temps de lecture : 4 min

Agressé par les polluants, les allergènes et les virus, notre nez est mis à rude épreuve. Et si on lui offrait une petite douche bien méritée?

Seul un Français sur deux déclare se laver l'intérieur du nez, ne serait-ce qu'occasionnellement. | engin akyurt via Unsplash
Seul un Français sur deux déclare se laver l'intérieur du nez, ne serait-ce qu'occasionnellement. | engin akyurt via Unsplash

Quelles qu'en soient les causes, l'encombrement nasal est sans doute l'un des désagréments les plus courants et les plus partagés. Dans une enquête Ipsos de 2015, 96% des Français déclaraient souffrir au moins occasionnellement de rhumes ou rhinopharyngites, et ce au moins une fois par an pour 78%. En outre, selon la même enquête, la moitié des Français connaissent au moins occasionnellement des allergies.

Depuis, le Covid est passé par là, ainsi qu'une hausse constante des allergies respiratoires et de la pollution atmosphérique, qui affectent quotidiennement les muqueuses nasales. Autrement dit, nous avons régulièrement le nez bouché et congestionné et sommes nombreux à éprouver ses multiples conséquences: gêne, maux de tête, maux d'oreille, altération de l'odorat, fatigue, troubles du sommeil... parfois de manière chronique.

Pour y remédier au plus vite, nous avons tendance à nous jeter sur l'automédication et notamment sur les vasoconstricteurs qui, bien qu'en vente libre, exposent à des effets indésirables majeurs (AVC, troubles cardiovasculaires, hausse de la tension artérielle, etc.) et sont franchement proscrits. Attirés par les sirènes du «naturel», nous pouvons aussi être tentés par l'utilisation de produits à base d'huiles essentielles, qui pourront entraîner des réactions paradoxales et irriter les muqueuses au lieu d'améliorer la situation.

Alors si dans le cas du nez pris pour cause d'allergie, on pourra bien garder les antihistaminiques –avec l'avis du médecin si les symptômes se prolongent, bien sûr–, la meilleure solution pour décongestionner son museau est de se laver le nez. Simple. Basique. Économique. Écologique.

Double effet kiss cool

La plupart du temps, nous réservons cette pratique aux tout-petits. Seul un Français sur deux déclare se laver l'intérieur du nez, ne serait-ce qu'occasionnellement.

Pourtant, comme l'indique le Dr Raphael Hadjedj, chirurgien ORL, se laver le nez a un double effet kiss cool franchement salvateur: «Ce lavage du nez a un effet mécanique –laver le nez permet de se débarrasser des saletés qui l'encombrent– ainsi qu'un effet anti-inflammatoire, grâce à la solution saline utilisée. Cette dernière réduit l'œdème de la muqueuse nasale, c'est-à-dire qu'elle diminue la sensation de congestion.»

Ce double effet permet ainsi de soulager l'obstruction nasale –et les désagréments qu'elle entraîne– dans de nombreuses affections: rhinite virale aigue (rhume), rhinites et rhinosinusites chroniques, rhinite allergique, polypose nasosinusienne...

Si un lavage régulier ne prémunit pas d'une infection virale –«Le lavage de nez ne vous empêchera pas d'attraper le Covid», prévient Raphael Hadjedj–, il peut en revanche, lorsque l'infection est là, réduire la durée des symptômes et participer à prévenir une sur-infection (ce qui, en plus d'éviter d'être malade plus longtemps et plus fortement, n'est pas négligeable quand on sait le manque de médecins généralistes et les pénuries répétées d'antibiotiques couramment utilisés pour les affections respiratoires).

Il est également utile pour réduire les symptômes de l'allergie respiratoire saisonnière: «En rentrant d'une balade, se laver le nez et se rincer les cheveux permet de retirer une bonne partie des allergènes», conseille l'ORL. C'est aussi un incontournable si on a été exposé à des poussières, notamment poussières de bois, ou encore à des fumées et gaz –pensez-y en rentrant de manifestation.

Selon Raphael Hadjedj, «une seule vraie contre-indication au lavage de nez existe: c'est lorsque l'on utilise une pommade en traitement local dans les narines. Le risque est d'envoyer une partie de cette pommade dans les poumons et de provoquer une pneumopathie.»

Lavage de nez, mode d'emploi

Vous voilà convaincus? Il faut maintenant s'équiper. D'abord, le récipient. Vous avez le choix entre une seringue (vide et sans aiguille), une petite poire de lavement, un dispositif vendu sous le nom de «Respimer» ou «Physiomer» ou encore, pour les puristes et/ou amateurs d'ayurveda, un pot neti. Car [attention: point «le saviez-vous?»] le lavage du nez, appelé «Jala neti», est un must-do dans la tradition médicale indienne, qui lui prête des vertus liées au chakra Ājñā (situé entre les yeux). Il est surtout bien utile pour effectuer des exercices de respiration sans blocage. Le dispositif «Rhino Horn» vendu en pharmacie est une déclinaison contemporaine du pot neti.

«Les dispositifs comme la poire ou le Respimer agissent avec une certaine pression et ont donc une action mécanique plus importante que le pot neti et le Rhino Horn, qui permettent des lavages par gravitation: il suffit de laisser l'eau couler», précise Raphael Hadjedj. À vous de choisir ce que vous préférez selon vos ressentis et selon vos symptômes, leur nature et intensité.

«Dans l'idéal, le liquide ressort par l'autre narine, mais ce n'est pas grave si vous n'y parvenez pas complètement.»
Dr Raphael Hadjedj, chirurgien ORL

Une fois équipé, il s'agit de confectionner la solution de lavage –car il n'est pas question d'utiliser de l'eau pure seule. «Il s'agit d'ajouter une cuillère à soupe de gros sel (et pas de sel fin iodé) à un litre d'eau. Il est possible d'ajouter une à deux cuillères à café de bicarbonate si la solution pique ou irrite», détaille le médecin. S'il existe des sachets prêts à l'emploi et même des sprays nasaux déjà conditionnés type Stérimar, le spécialiste explique que l'ajout de cuivre, de souffre ou encore de zinc n'a absolument aucun effet supplémentaire. Keep it simple, donc.

Et maintenant, c'est l'heure de la douche. Première étape: mouchez-vous doucement le nez. Puis, au-dessus du lavabo, penchez la tête du côté droit, insérez l'embout du dispositif dans la narine gauche et faites s'écouler la solution en visant l'arrière du crâne afin de bien remplir et nettoyer les fosses nasales. Si toute la solution s'écoule dans la gorge, c'est que votre tête n'est pas bien placée ou que l'orientation du jet n'est pas optimale. «Dans l'idéal, le liquide ressort par l'autre narine, mais ce n'est pas grave si vous n'y parvenez pas complètement», indique Raphael Hadjedj.

Renouvelez l'opération de l'autre côté et mouchez-vous à nouveau.

La méthode est la même si vous utilisez un spray nasal: dans ce cas, gardez le doigt appuyé sur le pulvérisateur afin d'obtenir un jet continu –un simple pschitt ne suffit pas pour un bon nettoyage. Il peut arriver qu'une pression trop forte provoque des maux d'oreille: afin de les prévenir, il s'agira de pencher la tête plus en avant la prochaine fois. Ces douleurs peuvent également survenir si le mouchage est trop intense.

À signaler également: les sécrétions jaunâtres ne sont pas nécessairement le signe d'une surinfection et ne doivent pas inquiéter ou pousser à consulter si elles surviennent sans fièvre.

Vous pouvez renouveler le lavage aussi souvent que nécessaire au cours de la journée. Reste à en faire une habitude dès lors que le nez est en souffrance.

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