Les injections de toxine botulique altèrent la neurochimie, affirme le New York Post, relayant une étude qui a révélé que les injections dans le front pouvaient agir sur la façon dont on interprète les émotions.
La toxine botulique est une solution injectable qui supprime ou réduit temporairement l'apparence des rides et des ridules, notamment les rides inter-sourcilières, les rides du front et les pattes d'oies, près des yeux.
Selon l'American Society of Plastic Surgeons, les États-Unis ont recensé 4.401.536 injections de toxine botulique (et autres types d'injections similaires) en 2020. Ces données témoignent d'une augmentation de 459% depuis l'année 2000.
Alors que les rendez-vous pour des injections se multiplient, les scientifiques ont étudié comment la paralysie temporaire des muscles faciaux qu'elles induisent peut agir sur la capacité du patient à interpréter les émotions des autres.
Le multiple rôle de la toxine botulique
Des chercheurs de l'Université de Californie à Irvine ainsi que Abbvie, une entreprise de biotechnologie qui produit de la toxine botulique, ont réalisé des IRM (technique d'imagerie par résonance magnétique) sur dix femmes âgées de 33 à 40 ans. Elles ont été effectuées avant que les femmes reçoivent des injections de toxine botulique, puis une seconde fois, environ deux à trois semaines après les injections. L'expérience vise à comparer la réaction du cerveau face à des images représentant des émotions, avec et sans toxine botulique.
Durant les deux IRM, les patientes ont observé plusieurs photos de visages (joyeux, en colère et neutres) et on leur a demandé d'interpréter les émotions présentées.
Après l'injection de toxine botulique, les chercheurs ont découvert que l'activité cérébrale avait été altérée dans l'amygdale (une partie du cerveau associée aux émotions) lorsque les patientes ont observé les photos de visages heureux puis énervés. Le gyrus fusiforme (qui permet notamment la reconnaissance des visages) a lui aussi été impacté face à l'image du visage heureux.
Par ailleurs, la paralysie temporaire créée par la toxine botulique empêche la capacité de mimétisme d'une émotion, puisque le visage est figé, ce qui altère la neurochimie lorsque l'on essaie de l'interpréter.
Les patientes ayant reçu des injections de toxine botulique perdent donc temporairement la capacité à interpréter et à reproduire des émotions.
L'expérience confirme l'hypothèse de la rétroaction faciale, selon laquelle les individus copient les expressions faciales d'autrui, dans le but de ressentir l'émotion qui se présente devant eux.
Cette étude fait partie de toute une série de recherches sur l'impact de la toxine botulique sur le plan émotionnel, mais aussi physique. Bien que le produit soit associé aux procédures cosmétiques, sa capacité à contrôler les mouvements des muscles faciaux est aussi utilisée dans le traitement des migraines, de la transpiration excessive, du strabisme et même de la dépression.